Aux assises de la Somme, le "tueur de la gare de Perpignan" nie un début de parcours meurtrier en Picardie

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Par Béatrice JOANNIS - Amiens (AFP)
Publié le 08 juin 2021 - 18:12
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"C'est pas moi": le "tueur de la gare de Perpignan", Jacques Rançon, a nié mardi le viol et meurtre d'une jeune femme en 1986 dans la Somme, un "cold case" dans le fil pourtant, selon les experts, de son profil de prédateur sexuel tuant quand on lui résiste.

Dès l'ouverture de son procès devant la cour d'assises d'Amiens, l'ancien cariste de 61 ans, qui avait avoué avant de se rétracter, l'assure: "c'est pas moi qui ai assassiné Mlle Mesnage".

"J'espère qu'ici je ne serai pas jugé pour les faits à Perpignan", ajoute cet homme corpulent, cheveux gris mi-longs plaqués en arrière.

Mais très vite, son rapport à la vérité est interrogé. L'un des avocats des parties civiles, Didier Seban lui rappelle qu'il a nié un des meurtres de Perpignan avant de le reconnaître: "au début j'ai pas menti, c'est parce qu'il n'y avait pas la preuve ADN" rétorque l'accusé.

"Donc si on ne vous apporte pas la preuve, vous ne reconnaissez pas?" pousse l'avocat. "Si on veut", lâche cet homme taciturne.

- Défendre son "honneur" -

Condamné en 2018 à la réclusion à perpétuité pour avoir violé et tué deux femmes dans la cité catalane en 1997 et 1998, ainsi que pour une tentative de viol et une tentative de meurtre d'une quatrième victime, Jacques Rançon est jugé pour le meurtre et le viol d'Isabelle Mesnage.

Cette informaticienne de 20 ans, partie en randonnée, a été retrouvée morte le 3 juillet 1986, à la lisière d'un bois, à Cachy, près d'Amiens.

Un "cold case" qui avait abouti à un non-lieu en 1992 avant d'être relancé en 2017, quand l'avocate Corinne Herrmann a fait le lien avec les crimes de Perpignan, dans lesquels l'ADN de Jacques Rançon a été identifié en 2014.

A la présidente qui égrène ses six condamnations, la première pour un viol dans la Somme en 1992, Jacques Rançon confirme avoir "fait tout ça". "J'en sais rien, ça s'est passé comme ça", fournit-il pour seule explication.

Mais dans cette affaire, il assure vouloir défendre son "honneur", face à des parties civiles pour qui il constitue l'archétype d'un tueur en série. Sans exclure que d'autres crimes puissent lui être imputés, elles pointent la manière dont il "signe" ses actes, par des mutilations notamment des organes génitaux.

- "Chasse sexuelle" -

L'enquêtrice de personnalité retrace une enfance dans un baraquement à Hailles, près de Cachy, entre une mère analphabète qui le frappe et un père maçon qui a eu 13 enfants, dont neuf d'une précédente union, décrit par une demi-sœur comme alcoolique et violent.

Son frère jumeau meurt peu après leur naissance, d'autres jumeaux sont placés. Lui seul reste à la garde de ses parents.

Solitaire, complexé par son physique, il commet une première agression sexuelle à 16 ans, pour laquelle il ne sera jamais poursuivi.

La présidente tente de sonder les relations amoureuses de ce père de quatre enfants de trois mères différentes, condamné à deux reprises pour des violences et menaces sur sa dernière compagne.

Il assure avoir été amoureux de quatre de ses cinq compagnes, mais peine à expliquer ses sorties nocturnes à l'époque du meurtre d'Isabelle Mesnage, en couple pourtant alors avec un "grand amour".

Pour un expert psychiatre, l'homme mène "une chasse sexuelle", qui devient meurtrière si la femme résiste.

"Il y a une sorte de confusion chez lui entre faire l'amour et viol" et une "facilité déconcertante à passer à autre chose" après ses crimes, selon cet expert, qui le décrit comme "obsédé par la question de sa virilité".

Chez cet homme qui impute ses ruptures à ses éjaculations précoces, un psychologue voit une "composante sadique". Mais pour un second, Philippe Herbelot, c'est plutôt un être "primaire" qui ne perçoit ses victimes que comme des corps.

"Jacques Rançon n'est pas du tout un tueur en série. Mais c'est un criminel sexuel en série", a assuré M. Herbelot, qui le juge d'une "dangerosité extrême".

Verdict vendredi.

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