Avec l'apnée sous glace, Arthur Guérin-Boëri respire

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Par Sabine COLPART - Paris (AFP)
Publié le 24 mars 2021 - 13:56
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L'apnéiste français Arthur Guérin-Boëri, s'entraine dans une piscine à Montreuil (Seine Saint-Denis) le 9 mars 2021
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© Olivier MORIN / AFP
L'apnéiste français Arthur Guérin-Boëri, s'entraine dans une piscine à Montreuil (Seine Saint-Denis) le 9 mars 2021
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Transformé par l'apnée, Arthur Guérin-Boëri joue avec l'envie de respirer, lui qui peut tenir plus de sept minutes sous l'eau. Quintuple champion du monde aux multiples records, il se lance dans un nouvel exploit: nager 120 m sous la glace, dans une eau à un degré.

Jeudi, dans les eaux du lac Sonnanen en Finlande, Arthur Guérin-Boëri tentera de signer la plus longue distance jamais réalisée sous la glace en apnée dynamique (nage à l'horizontale, pas en profondeur) à la brasse, vêtu d'une combinaison de 2 millimètres d'épaisseur.

Un nouveau pari pour le champion de 36 ans, qui avait déjà marqué l'histoire de l'apnée sous glace, devenue une discipline à part entière de la Fédération internationale de plongée (CMAS) depuis janvier. En mars 2017, il avait effectué 175 m en combinaison (5 mm d'épaisseur) et avec monopalme, dans ce même lac Sonnanen.

C'était ses premières coulées sous la glace, après une carrière riche en piscine marquée par la plus longue distance nagée sous l'eau (en bassin), soit 300 m.

"J'en avais marre de voir les carreaux qui défilent", raconte à l'AFP l'apnéiste sur son choix de basculer aujourd'hui sous la glace.

"Il y a vraiment un impact incroyable sur le système immunitaire, la qualité du sommeil, la récupération musculaire, le système cardio-vasculaire, la qualité de la peau. C’est un anti-inflammatoire extraordinaire ! Mais ça joue aussi contre la dépression, l’anxiété, sur la perte de poids. Quand on se met dans l'eau glacée régulièrement on va vachement bien", plaide le Niçois, qui a découvert l'apnée sur le tard, à 26 ans.

- Thérapie -

Guitariste et chanteur, ses études d'ingénieur du son ne l'ont pas convaincu. Chauffeur de maîtres pour les grands hôtels parisiens, il s'intéresse à l'apnée en voulant se remettre sérieusement au sport.

"C’est un sport thérapie, je n'étais pas bien dans mes baskets, dans la vie que je menais. Il me fallait quelque chose pour me recadrer, l'apnée est arrivée à ce moment-là. Je me suis accompli dedans, la réussite est venue assez vite", souligne-t-il.

Il a notamment appris à dompter son envie de respirer.

"Sur mon 300 m en bassin, j'ai envie de respirer un peu avant 75 m. Cette envie de respirer c'est comme une gêne, une sorte de sensation désagréable qui arrive petit à petit, qui monte crescendo et qui au final devient très difficile à supporter. Mais ce n'est pas dangereux".

Le plongeur, au physique impressionnant (1,97 m), a maîtrisé son envie de respirer durant les 7 minutes et 28 secondes nécessaires pour son établir son record personnel en apnée statique (en piscine sans bouger). Il a effectué ses 300 m de distance en 4 min 30. Il détient aussi une performance en brasse sous l'eau sur 221 m en 4 min 50.

- "Guerrier" -

"Je dirais que les guerriers de l'envie de respirer ce sont les apnéistes à l'horizontale qui font de la distance, les guerriers de la prise de risque ce sont les apnéistes qui font de la verticalité en mer (en profondeur). Et moi quand je fais de l'apnée sous glace, je mélange les deux. J'ai très envie de respirer et c'est très risqué aussi !"

Jeudi, il tentera donc d'établir une performance, pour laquelle il se prépare depuis l'été dernier, en prenant des douches froides presque tous les jours, en s'entraînant tout l'hiver en immersion dans les eaux froides à Chamonix, voire même dans le canal de l'Ourcq à Paris.

Ensuite, il reprendra l'entraînement pour un nouveau record, programmé en mars 2022 au Canada (près de Montréal): nager la plus longue distance sous la glace en slip de bain. Il se projette sur 105 m.

Avant cela, il envisage d'aller nager avec les orques, lui qui aime aussi l'apnée dans l'eau bleu profonde.

"Comme beaucoup, j’ai été conquis par le film Le Grand Bleu mais sans me dire que ça deviendrait ma vie. J'ai été très marqué par ce personnage incarné par Jean-Marc Barr et qui faisait un peu écho à ma propre personnalité, un mec assez marginal, assez rêveur, qui a perdu sa mère très jeune, comme moi, avec un père très présent", confie-t-il.

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