Bas-Rhin : une femme poignardée à mort, son conjoint emprisonné

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Par Marie JULIEN - Strasbourg (AFP)
Publié le 12 novembre 2019 - 19:55
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Le parquet de Strasbourg a requis la mise en examen pour assassinat et le placement en détention provisoire de l'homme soupçonné d'avoir poignardé mortellement sa conjointe à Oberhoffen-sur-Moder (Bas
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© Philippe HUGUEN / AFP
Le parquet de Strasbourg a requis la mise en examen pour assassinat et le placement en détention provisoire de l'homme soupçonné d'avoir poignardé mortellement sa conjointe à Oberh
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L'homme soupçonné d'avoir tué à coups de couteau sa femme, morte sous les yeux de sa fille dimanche soir à Oberhoffen-sur-Moder (Bas-Rhin), a été mis en examen et écroué mardi après ce nouveau féminicide qui a suscité des interrogations sur le délai d'intervention des gendarmes.

Déféré mardi à l'issue de sa garde à vue débutée dimanche, il a été mis en examen pour "meurtre sur conjoint" et placé en détention provisoire, a indiqué le parquet. La procureure de la République à Strasbourg, Yolande Renzi, avait indiqué un peu plus tôt avoir requis une mise en examen pour "assassinat".

Selon la fille de la victime interrogée lundi par France Bleu Alsace, l'homme âgé de 58 ans aurait porté plusieurs coups de couteau au niveau du cou et du thorax de sa compagne de 40 ans.

Les gendarmes ont été alertés dimanche peu après 23H00 pour une dispute au domicile du couple. Les secours ont constaté le décès de la jeune femme, retrouvée à l'extérieur de l'habitation commune, à proximité immédiate de la baie vitrée du salon, a détaillé la procureure de la République.

La gendarmerie nationale a annoncé mardi avoir demandé à son inspection générale, l'IGGN, "un audit sur l'ensemble de l'intervention" des gendarmes qui a fait l'objet de critiques de la part de la fille de la victime.

Elle a expliqué sur France Bleu Alsace que sa mère l'avait appelée "à l'aide" dimanche soir. "J'ai eu le temps d'escalader le portail, de fracturer la porte pour essayer d'entrer" et "voir ma mère se prendre le dernier coup de couteau dans la carotide. Elle s'est relevée, est venue vers moi et c'était fini", a-t-elle détaillé.

"Cela fait trois, quatre ans qu'ils étaient ensemble et trois, quatre ans qu'elle est rouée de coups, qu'elle n'a jamais voulu parler par peur pour elle et pour le défendre. On voit où ça mène aujourd'hui", a poursuivi la jeune femme.

- Marche blanche -

En dépit de la main courante et de la plainte, "personne n'a voulu nous écouter, personne n'a voulu nous aider", a-t-elle accusé, pointant le temps mis par les forces de l'ordre pour arriver sur les lieux du crime.

"Je comprends l’émotion de la fille (de la victime) et j’éprouve une grande sympathie pour son émotion. Parce que personne ne peut accepter un féminicide, personne ne peut accepter un assassinat", a commenté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner lors d'un déplacement en Ardèche.

"Nous lui devons toute la transparence, ce à quoi je m’engage", a-t-il ajouté soulignant que la saisine de l'IGGN "devra nous apporter tous les éclaircissements nécessaires".

Porte-parole de la gendarmerie, Maggy Scheurer a expliqué sur BFMTV qu'à la suite du premier appel reçu pour une dispute conjugale, le mari avait lui-même téléphoné pour dire "qu'il a(vait) tué sa femme".

"A partir du moment où le mari explique qu'il a tué sa femme, il ne s'agit plus pour la gendarmerie d'intervenir sur un différend familial mais sur un individu auteur présumé d'un homicide retranché chez lui et armé", ce qui nécessite "un certain nombre de précautions" et mobilise "plusieurs patrouilles", a expliqué Mme Scheurer.

Le parquet de Strasbourg a confirmé avoir été saisi d'une plainte de la victime en octobre "évoquant des disputes et des violences légères sans ITT établie, sur fond d'alcool depuis plusieurs mois, ainsi que des menaces de dégradations de son véhicule proférées en juillet dernier". Le suspect était convoqué à une audience en décembre pour "menaces de dégradations", "les investigations réalisées n'ayant pas permis de caractériser d'autres infractions".

"Deux ou trois jours avant, les gendarmes étaient déjà intervenus, elle ne voulait pas déposer plainte et a dit ne pas se sentir en insécurité. Nous ne pouvons pas imposer aux victimes de quitter leur domicile", a fait valoir de son côté la gendarmerie.

La fille de la victime souhaite organiser une marche blanche en mémoire de sa mère, ce qui pourrait avoir lieu dimanche.

En 2018, 121 femmes ont été tuées lors de violences conjugales, selon le ministère de l'Intérieur.

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