Benalla, simple collaborateur ou garde du corps ? des doutes persistent

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Par Gaëlle GEOFFROY - Paris (AFP)
Publié le 19 septembre 2018 - 18:21
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Alexandre Benalla, ex-collaborateur du président Emmanuel Macron, prêtant sement au début de son audition, le 19 septembre 2018, par le Sénat à Paris.
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© Alain JOCARD / AFP
Alexandre Benalla, ex-collaborateur du président Emmanuel Macron, prêtant sement au début de son audition, le 19 septembre 2018, par le Sénat à Paris.
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Simple collaborateur ou garde du corps du chef de l'État ? Pourquoi était-il autorisé à porter une arme ? L'audition d'Alexandre Benalla par les sénateurs mercredi n'a pas permis de lever les zones d'ombre entourant son rôle à l'Élysée.

- CHARGÉ DE MISSION OU GARDE DU CORPS ?

Les sénateurs tentent de savoir si M. Benalla a outrepassé ses fonctions ou s'il avait un rôle, officiel ou non, dans la sécurité du président.

Comme d'autres responsables auditionnés avant lui, Alexandre Benalla a dit n'avoir aucune fonction de sécurité, et avoir été recruté "sous le statut de chargé de mission".

M. Benalla était "adjoint au chef de cabinet" et devait coordonner "des services qui concourent aux déplacements officiels du président de la République", avait indiqué le directeur de cabinet de l'Elysée Patrick Strzoda lors de son audition estivale.

Dans le même temps, Alexandre Benalla participait à la réflexion autour d'une refonte de la sécurité de la présidence de la République.

Lors de son audition fin juillet, le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler avait affirmé qu'il n'existait "pas de police parallèle à l'Élysée".

Alors qu'il apparaît sur nombre d'images télévisées aux côtés du président, il a assuré mercredi n'avoir "jamais été le garde du corps d'Emmanuel Macron", ni pendant la campagne présidentielle, ni après son accession à l'Élysée. Il a au contraire décrit un rôle de "facilitateur" et d'"interface", d'où la nécessité d'une "proximité physique" avec Emmanuel Macron.

Reste que M. Benalla bénéficiait d'une autorisation de port d'arme qui a concentré l'attention des sénateurs, pas convaincus par ses explications sur ce point.

La "mission de police" est clairement inscrite dans l'autorisation du port d'armes accordée par la préfecture de police à M. Benalla. Ce qu'a confirmé mercredi l'ex-chef de cabinet du préfet de police, Yann Drouet, aux sénateurs mercredi.

Or, Alexandre Benalla a dit avoir fait cette demande "à titre personnel", "pour des motifs de défense et de sécurité personnels".

Il a reconnu avoir été armé lors de déplacements publics et privés du président mais seulement "trois fois en un an".

Vincent Crase, le chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie a lui refusé catégoriquement de répondre sur le rôle de M. Benalla, au risque de renforcer les doutes.

D'autant qu'une perquisition au domicile d'Alexandre Benalla n'a pas permis de retrouver un coffre contenant des armes - déclarées selon lui - censé s'y trouver.

- QUELLES RELATIONS AVEC LE GSPR ?

"Le siège (garde du corps présent dans la voiture du président, NDLR) était informé" de son port d'arme, a assuré M. Benalla.

"Mon rôle n'était pas de sortir" cette arme, a insisté l'ex-collaborateur du chef de l'Etat, qui a néanmoins pu "s'entraîner" au tir, une de ses passions, avec des membres du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), "pour s'entretenir".

Concernant son oreillette apparaissant sur des images de déplacements d'Emmanuel Macron, il a expliqué utiliser "exactement le même appareil radio que le GSPR" mais "pas sur la même fréquence".

Cela a pu "poser un problème au début", a-t-il reconnu, expliquant que le chef du GSPR, le colonel Lionel Lavergne et le chef de cabinet Xavier-François Lauch s'étaient mis d'accord sur un accès "à une boucle radio très limitée".

Le GSPR a pu être "gêné à un moment" par ces prérogatives et cette "proximité avec le président de la République", a admis M. Benalla, "mais quand ils ont compris le rôle (de) facilitateur, ils se sont adaptés".

- AVANTAGES OU ATTRIBUTS LIÉS À LA FONCTION ?

M. Benalla a expliqué avoir disposé de deux passeports diplomatiques, délivrés selon lui "automatiquement pour l'ensemble des personnels appelés à se déplacer avec le président de la République".

L'utilisation d'une voiture avec gyrophare ? "Ce n'était pas une voiture de fonction" mais une "voiture de service" du parc de l'Elysée.

Le logement attribué au Palais de l'Alma ? Il en avait fait la demande au directeur de cabinet en raison des horaires à rallonge liés à ses fonctions. "Il m'a tout de suite attribué ce logement pour nécessité absolue de service et je ne l'ai jamais occupé".

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