"Carnets de profs" : ces "petites actions" pour plus d'égalité fille-garçon

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Par AFP - Nanterre
Publié le 03 février 2021 - 13:41
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Quelle place pour l'égalité fille-garçon sur les bancs des collèges? Et dans la cour de récréation? Chaque semaine, trois professeurs racontent à l'AFP leur expérience de terrain.
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Quelle place pour l'égalité fille-garçon sur les bancs des collèges? Et dans la cour de récréation? Chaque semaine, trois professeurs racontent à l'AFP leur expérience de terrain.
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Quelle place pour l'égalité fille-garçon sur les bancs des collèges? Et dans la cour de récréation? Chaque semaine, trois professeurs racontent à l'AFP leur expérience de terrain.

Dans cette dixième édition de leurs "carnets", ils partagent leurs petites victoires quotidiennes pour favoriser l'égalité entre leurs élèves.

- "Place grandissante" -

Philippe, 54 ans, enseigne l'histoire-géographie dans un village du Puy-de-Dôme:

"Je me suis rendu compte de deux phénomènes dans mes classes: ce sont plutôt des garçons qui sont paresseux et même décrocheurs; la prise de parole en classe peut être trop souvent masculine.

J'ai essayé de faire une place grandissante au sexe féminin sans rabaisser le sexe masculin. Cela passe par des thèmes du programme pour lesquels je mets l'accent sur cette égalité et sur la place des femmes.

En Histoire, on parle souvent des hommes, des grands hommes parfois. Si on manipule un manuel d'il y a quelques années, les documents montraient majoritairement des hommes depuis la Préhistoire avec +les hommes préhistoriques+ jusqu'à la période contemporaine avec les dirigeants masculins pendant la Guerre froide.

Les programmes et les manuels ont évolué dans un bon sens. Cela me permet de faire travailler mes élèves sur des femmes ayant joué un rôle sous la Révolution ou sur des résistantes françaises. Je veux que, pour mes élèves, les deux sexes soient présents dans leurs travaux scolaires, que l'égalité devienne naturelle.

En dehors des sujets traités, je tente de faire travailler ensemble garçons et filles, à un âge où ce n’est pas toujours évident pour eux. Quand je fais passer au tableau des élèves, je m'oblige à choisir un garçon et une fille. Pour moi, ce sont toutes ces petites actions, faites de manière répétitive, qui font changer les mentalités."

- "Un ballon dans la tête" -

Céline, 45 ans, professeure d'histoire-géographie dans un collège REP+ d'une ville moyenne du Haut-Rhin:

"En tant que référente filles-garçons de notre collège, j'ai commandé beaucoup de livres pour le CDI sur l'égalité hommes-femmes, ou beaucoup de livres avec des héroïnes féminines, moins fréquents, notamment dans la BD.

Le chemin est encore long pour que les mentalités évoluent.

Depuis deux ans, une section de foot féminine s'est ouverte dans notre établissement. Les profs concernés sont allés prospecter dans les écoles primaires pour recruter des joueuses pour la rentrée suivante mais pour beaucoup de parents, le foot c'est pour les garçons.

Il faudrait faire bien attention à ce que l'espace de la cour de récréation soit moins genré. Souvent au centre, on a les activités de ballon, plus pour les garçons, et les filles sont rejetées sur les côtés, elles doivent faire attention si elles veulent traverser de ne pas se prendre un ballon dans la tête."

- "Projets d'avenir" -

Camille, 39 ans, professeure d’histoire-géographie dans un collège classé REP+ d’une petite ville des Yvelines:

"Mes élèves ne sont pas franchement progressistes et pour eux, les hommes et les femmes sont affectés à des tâches distinctes. Quand mes élèves me demandent combien j'ai d'enfants et que je réponds un, ils sont surpris. Pour eux, le destin et l'épanouissement d'une femme passent forcément par la maternité.

Je suis professeure principale de troisième et c'est beaucoup sur les projets d'avenir que cette question de l'égalité est abordée. Si les jeunes filles sont souvent plus scolaires que leurs homologues masculins, elles se freinent souvent sur leurs ambitions.

Lorsque nous n'étions pas en situation de pandémie, nous allions souvent au forum des métiers à la porte de Versailles. Les élèves étaient souvent sollicités par plusieurs fondations qui envoient des intervenantes auprès des classes pour encourager les filles à se diriger vers les filières scientifiques. Il semblerait que bien que plus scolaires, elles renoncent aux filières scientifiques.

Nous faisions aussi intervenir des entrepreneurs et notamment des femmes pour qu'elles puissent comprendre qu'elles avaient le droit d'avoir de l'ambition et les moyens, si elles le souhaitaient, d'obtenir des postes de direction."

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