"Carnets de profs" : une fermeture des collèges "pas catastrophique" selon des enseignants

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Par AFP - Nanterre
Publié le 07 avril 2021 - 22:20
Mis à jour le 08 avril 2021 - 09:38
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Quelle place pour l'égalité fille-garçon sur les bancs des collèges? Et dans la cour de récréation? Chaque semaine, trois professeurs racontent à l'AFP leur expérience de terrain.
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Quelle place pour l'égalité fille-garçon sur les bancs des collèges? Et dans la cour de récréation? Chaque semaine, trois professeurs racontent à l'AFP leur expérience de terrain.
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

Un an après l'inédite fermeture des établissements scolaires en pleine pandémie de Covid-19, le gouvernement a de nouveau fermé les collèges cette semaine, pour une réouverture prévue le 3 mai.

Une situation "pas catastrophique" selon les trois correspondants réguliers de l'AFP. Ces professeurs d'histoire-géographie de collège public, en REP+ et en zone rurale, s'estiment désormais mieux rodés à l'enseignement à distance. A condition toutefois que ce retour à l'école à la maison reste de courte durée.

- Leçons tirées -

Camille, 39 ans, enseigne dans un collège classé REP+ d'une petite ville des Yvelines:

"Nous savions que nous devions nous tenir prêts. Ce n'est pas un bouleversement.

Les 6e étaient surexcités, très fiers de recevoir des tablettes pour travailler à distance comme des +grands+. Les 4e ont pris les choses avec plus de pragmatisme. Ils ont écouté consciencieusement les consignes et ont acquiescé en élèves aguerris.

Pour les classes fermées à cause du Covid, ou les 3e en stage, c'est un peu plus compliqué. Le fait de ne pas avoir pu les voir rend la communication moins aisée, les choses plus floues et anxiogènes.

L'année dernière, nous avions surchargé les élèves de cours et d'exercices. Désormais il y a des plages de dépôt de travail par matière. Les cours doivent se terminer à 15h30 pour laisser la place à l'aide aux devoirs. Nous avons aussi beaucoup réfléchi à rendre le travail plus interactif et nous avons reçu des formations pour créer des parcours sur des plateformes dédiées.

L'idée est de maintenir une continuité pédagogique qualitative, mais de ne pas écraser de travail les élèves et les familles. Nous avons tenu compte de nos erreurs de l'année passée !"

- "Un téléphone pour toute une famille" -

Céline, 45 ans, professeure dans un collège classé REP+ d'une ville moyenne du Haut-Rhin :

"Je pensais qu'on passerait en demi-groupes jusqu'aux vacances. Après la situation l'exigeait sans doute, je ne critique pas. Surtout avec l'avancement des vacances, on n'a que trois jours et demi en distanciel avant, et une semaine à la rentrée, ce n'est pas non plus catastrophique.

Mais beaucoup de nos élèves n'ont pas de moyens informatiques à la maison, c'est une source d'inégalité forte. Chez certains, il y a seulement un téléphone pour toute une famille, ce n'est pas possible s'il y a plusieurs enfants, plusieurs visios par jour... Il aurait fallu que l'Education nationale fournisse des outils.

On passe de la pensée magique +les écoles ne fermeront pas+ à +finalement, il faut fermer+ et il n'y a pas beaucoup plus de moyens dans les quartiers d'éducation prioritaire. Ce qui est économisé avec les cantines fermées, par exemple, pourrait être redistribué aux familles qui en ont besoin."

- Corrections plus fastidieuses -

Philippe, 54 ans, enseigne dans un village du Puy-de-Dôme:

"Les vacances de printemps tombent bien: une semaine sans école avant, une semaine après, cela ne paraît pas bien long par rapport au printemps 2020. Mais si par malheur, ce confinement devait se prolonger, ce serait plus désagréable pour enseigner.

J'ai choisi pour l'instant de ne pas faire de classe virtuelle. J'avais constaté l'an passé que trop d'élèves étaient handicapés par la qualité de la connexion internet. De plus, à ces âges, suivre une heure de classe virtuelle est long. Avec du travail écrit à faire et à rendre en ligne, l'élève s'organise comme il le veut.

La conséquence, du côté enseignant, est que les travaux arrivent de manière dispersée. On ne peut pas tout lire, tout annoter. Hier et aujourd'hui, j'ai privilégié mes classes de 3e. Ce sont donc mes classes de 4e qui sont un peu sacrifiées, mais demain je m'occupe de les lire.

Si je fais une classe virtuelle, ce sera pour échanger avec mes 3e sur leurs vœux d'orientation. En effet, si nous reprenons bien le chemin du collège le 3 mai, il ne restera que trois semaines avant leur conseil de classe. La situation sanitaire a déjà fait disparaître les rencontres avec les parents et cela me manque pour avoir une bonne visibilité des souhaits."

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