Coronavirus : l'épidémie ralentit, le gouvernement accélère sur l'hôpital

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Par Déborah CLAUDE - Paris (AFP)
Publié le 25 mai 2020 - 06:01
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Des personnels soignants manifestent devant l'hôpital Robert Debré à Paris le 21 mai 2020 pour réclamer de meilleures conditions de travail
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Des personnels soignants manifestent devant l'hôpital Robert Debré à Paris le 21 mai 2020 pour réclamer de meilleures conditions de travail
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Après quinze jours de déconfinement, l'épidémie de coronavirus semble refluer et le gouvernement a lancé lundi le "Ségur de la Santé", vaste concertation destinée à améliorer "dans les tout prochains mois" les conditions de travail et la rémunération des soignants.

"Nous voulons aller vite", a lancé Edouard Philippe lors d'une large visioconférence au ministère de la Santé, ouvrant une semaine chargée en annonces - soutien à la filière automobile mardi, poursuite du déconfinement en fin de semaine.

Face à plus de 300 représentants des syndicats, collectifs, directeurs d'hôpitaux et d'Ehpad, mais aussi des libéraux, le Premier ministre a indiqué que "cette concertation générale (...) débouchera sur des décisions en juillet", afin de "change(r) le quotidien des personnels soignants dans les tout prochains mois".

Ce qui se traduira par une "revalorisation significative" des rémunérations et du budget de l'Assurance maladie "dans les années à venir", ainsi que par "un vaste plan d'aide à l'investissement", en plus d'une "reprise massive de dette" déjà annoncée en novembre.

Pour faire "bouger les lignes" et "lever les contraintes de toute nature", le chef du gouvernement a prévenu que "la question du temps de travail n'est pas un tabou".

Des négociations avec les syndicats et les fédérations hospitalières débuteront mardi sur ces sujets et devront "aboutir d'ici début juillet", a-t-il ajouté.

Le ministre de la Santé Olivier Véran a ensuite annoncé dans un communiqué "un mois de concertation, jusqu'à la fin juin", avec notamment chaque semaine un "comité Ségur national" animé par l'ancienne dirigeante de la CFDT Nicole Notat et un "groupe Ségur national" sur le thème des "carrières et rémunérations" à l'hôpital public.

Un calendrier serré et sous la pression de soignants aguerris après des mois de grève et plusieurs manifestations.

Lundi, une cinquantaine de personnes se sont regroupées devant le ministère de la Santé à l'appel du syndicat SUD-Santé qui avait déployé une banderole "Pas de retour à l'anormale".

De nouveaux rassemblements sont annoncés, tous les jeudis devant l'hôpital Robert-Debré à Paris, ou pour les "mardis de la colère de la CGT-Santé, avec en ligne de mire une grande mobilisation nationale le 16 juin.

- "Hauteur des enjeux" -

Applaudis aux balcons depuis dix semaines, les blouses blanches réclament la monnaie de leur pièce: "revalorisation significative des bas salaires" et "moratoire immédiat sur les fermetures de lits", a indiqué le collectif Inter-Hôpitaux.

"Le Ségur devra apporter des réponses à nos revendications et prioritairement les salaires de tous les agents", a déclaré à l'AFP Didier Birig, secrétaire général de FO-Santé.

"Il ne s'agirait pas de revisiter que les rémunérations de quelques professionnels ou de quelques métiers", a confirmé son homologue de la CGT-Santé, Mireille Stivala.

"L'attente est forte (...) Chacun devra faire preuve de responsabilité. Il ne va pas falloir décevoir", a mis en garde le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.

Tous ont en tête le "plan massif d'investissement et de revalorisation" promis fin mars par Emmanuel Macron. "Monsieur le président, montrez-nous qu'on peut compter sur vous", exhorte un collectif de soignants dans une lettre publiée par Libération.

Après deux mois de combat contre le Covid, "les combattants épuisés vont déserter" si ce plan "n'est pas à la hauteur des enjeux", affirment-ils.

Exemple souvent cité, un infirmier français est payé environ 1.500 euros net en début de carrière, soit 1,2 Smic, un des ratios les plus bas des pays riches de l'OCDE.

"L'ordre de grandeur d'une remise à niveau serait probablement de l'ordre de 15 à 20 %", estime Martin Hirsch, directeur des Hôpitaux de Paris (AP-HP).

- "La vague est finie" -

Sur le front de l'épidémie, en revanche, la tension retombe un peu. Le bilan s'élevait lundi soir à 28.457 morts en France depuis le 1er mars, tandis que le nombre de malades en réanimation était descendu à 1.609.

"Les indicateurs sont plutôt très favorables", a relevé la directrice générale de Santé Publique France Geneviève Chêne, soulignant que "la circulation du virus reste faible".

"La première vague est finie, c'est certain", même s'il est "beaucoup trop tôt" pour dire que l'épidémie est derrière nous, a renchéri le Pr Antoine Flahaut, directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève.

Dans ce contexte un peu moins sombre - avec des Français qui se ruent sur les laboratoires pour se faire tester - le gouvernement doit apporter cette semaine des précisions sur la suite du déconfinement et les grandes vacances.

Au menu notamment: la réouverture des bars et restaurants qui trépignent de recevoir à nouveau des clients.

Pour repousser le spectre des faillites et des licenciements, le gouvernement a annoncé dimanche 3 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales pour les entreprises des secteurs les plus touchés comme la restauration, le tourisme, la culture ou le sport.

Ce coup de pouce concernera 500.000 entreprises et alourdira la dette au-delà du seuil de 115% du produit intérieur brut, a prévenu le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.

Le gouvernement va en revanche réduire la prise en charge par l'Etat du chômage partiel afin de soutenir la reprise économique: dès le 1er juin, les entreprises devront payer 15% de cette indemnisation.

Côté automobile, filière plombée par la crise du coronavirus, des annonces du président de la République sont attendues mardi.

Renault doit dévoiler le 29 mai les contours d'un plan d'économies de deux milliards d'euros alors que le gouvernement, actionnaire à 15%, a exigé des conditions avant de donner un feu vert à un prêt de 5 milliards d'euros.

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