Covid-19 : à Avicenne, la "réa" s'agrandit pour éviter la submersion

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Par Laurence COUSTAL - Bobigny (AFP)
Publié le 09 février 2021 - 13:41
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Des soignants s'affairent autour d'un patient atteint du Covid-19 dans l'unité des soins intensifs de l'hôpital Avicenne à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, le 8 février 2021
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© BERTRAND GUAY / AFP
Des soignants s'affairent autour d'un patient atteint du Covid-19 dans l'unité des soins intensifs de l'hôpital Avicenne à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, le 8 février 2021
© BERTRAND GUAY / AFP

Ouverture d'une aile supplémentaire, heures sup' cumulées et formation en continue: le service de réanimation de l'hôpital Avicenne, à Bobigny, fait à nouveau face à "une augmentation très importante de patients" atteints du Covid, avec en ligne de mire l'arrivée de nouveaux variants.

"Ces 15 derniers jours, nous avons multiplié par trois le nombre de patients Covid en réanimation. Et avec l'arrivée du variant, nous risquons d'être totalement submergés", explique à l'AFP le Pr Yves Cohen, chef du service, avec en toile de fond la peur de devoir choisir entre les patients.

Pour pouvoir hospitaliser en soins critiques tous les malades qui en ont besoin, les 32 lits - soit le double d'avant crise - ne sont plus suffisants. "Depuis début octobre, nous sommes à flux tendu de patients et à flux tendu de travail", note le médecin. Résultat: cet hôpital de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) ouvre une aile de réanimation supplémentaire.

Ici, pas de couloirs en enfilade, les 16 chambres du secteur Covid s'ouvrent en corole sur "le central", la tour de contrôle. A tout moment, la vingtaine de soignants en tenue bleue a vue sur tous les patients.

Notamment sur les plus graves, placés sous ECMO (oxygénation par membrane extracorporelle). Leur sang est oxygéné à l'extérieur du corps. A ce stade, "la mortalité est de 50/60%", comme pour les patients en intubation/ventilation mécanique, rappelle Yves Cohen.

Dans la chambre d'un patient intubé sur le ventre, le bruit du respirateur remplace celui de sa respiration. Deux écrans de contrôle lui tiennent compagnie.

Un, deux, trois ! Cinq soignants s'attèlent à retourner l'homme, maintenu en coma médicamenteux. Un acte très physique, à effectuer toutes les 16 heures et sous le contrôle d'un médecin. Dans un mouvement coordonné, ils font pivoter le corps artificiellement endormi, le lavent, lui brossent les dents, vident sa sonde urinaire... Et comme toutes les quatre heures, effectuent un tour complet des constantes.

- "Pas de personnel" -

"Comment va-t-on gérer un nouvel afflux de patients, sachant qu'on est déjà plein? On ouvre une autre aile, mais il y a pas de personnel", s'inquiète Karine Bouquin, une infirmière de 38 ans. "Des infirmiers et des aide-soignants d'autres services vont être déployés, mais c'est épuisant de former en continu, on a déjà une telle charge de travail..."

"Les heures sont cumulées, cumulées, cumulées", ajoute Rémi Cuvilier, aide-soignant. La fatigue est intense.

Dans une chambre au fond de la grande salle aux tons chauds, une télé égraine les dernières informations sur la crise du Covid. A côté, une patiente téléphone. D'autres, allongés ou installés dans un fauteuil, somnolent. Placés sous Optiflow, un respirateur à haut débit (jusqu'à 60 litres) utilisé depuis la première vague, ces patients vont pouvoir, si tout se passe bien (75% des cas), éviter l'intubation et les effets indésirables du coma artificiel.

A midi, tous les membres de l'équipe se déploient: c'est l'heure des prescriptions. Une infirmière guette "un signe de réveil", une autre prépare une seringue d'insuline. "C'est pas de la grande cuisine", prévient un aide-soignant en présentant une macédoine/mayo/surimi à l'un des "quelques patients qui peuvent manger".

"Nous avons actuellement à peu près 20% de nouveaux variants dans le service", explique Yves Cohen. "Ça ne change pas la prise en charge et les précautions barrières", "la seule crainte que nous avons, c'est le nombre de contaminations (le variant britannique étant 50 à 74% plus contagieux, ndlr) et la surcharge, très importante, de patients à prendre en charge", ajoute-t-il.

Le service est traversé par des visiteurs masqués. Chaque patient a droit à deux hôtes par 24 heures, de jour comme de nuit. Plus pour ceux qui sont en fin de vie.

"D'un point de vue strictement sanitaire, le confinement était indiqué. Maintenant, il y a d'autres impératifs, des impératifs économiques, sociaux, psychiques... Ça va se jouer dans les semaines à venir, en fonction de plusieurs paramètres", juge Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive à Avicenne.

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