Crash de Phuket en 2007 : quatre ans de prison pour l'ex-dirigeant de la compagnie jugé à Paris

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Par AFP - Paris
Publié le 03 septembre 2019 - 20:16
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Douze ans après le crash d'un avion de la compagnie aérienne thaïlandaise One-Two-Go à Phuket, dans lequel étaient mortes 90 personnes dont neuf Français, l'ancien président de la compagnie a été condamné mardi en son absence à Paris à quatre ans de prison.

Le tribunal correctionnel, qui a jugé Udom Tantiprasongchai coupable d'"homicides involontaires aggravés" et "blessures involontaires aggravées", l'a aussi condamné à 75.000 euros d'amende et a maintenu le mandat d'arrêt international qui le vise.

Cette peine est conforme à celle demandée par le parquet lors du procès, qui s'était tenu sur deux jours en juin.

Le procureur avait demandé au tribunal "d'envoyer un message extrêmement fort", au terme de ce procès inédit contre un dirigeant de compagnie dans un crash s'étant déroulé à l'étranger.

L'homme d'affaires thaïlandais, dirigeant à l'époque de la compagnie à bas coût One-Two-Go et de sa maison-mère Orient Thai, n'a jamais répondu aux convocations des juges et n'était pas représenté à l'audience.

Le 16 septembre 2007, le McDonnell Douglas 82 de sa compagnie, en provenance de Bangkok et transportant 130 personnes, s'était écrasé à l'atterrissage sur l'aéroport de Phuket, haut lieu touristique en Thaïlande, balayé par le vent et la pluie.

Dans sa décision, consultée par l'AFP, le tribunal a pointé les "erreurs" commises par les deux pilotes, décédés dans le crash. Mais surtout la responsabilité de la compagnie, l'équipage n'étant "pas en capacité de réagir correctement" aux mauvaises conditions météorologiques "au regard de son état de fatigue et de stress".

Les dépassements de temps de travail maximaux des pilotes "étaient manifestement quelque chose de commun, de connu voire d'imposé par les responsables, au premier rang desquels figure le prévenu", ont jugé les magistrats.

"Les faits reprochés à Udom Tantiprasongchai sont parfaitement établis malgré ses dénégations apparaissant seulement lors d'un reportage" de la télévision australienne de novembre 2007, a estimé le tribunal, qui a conclu que "l'impératif économique l'a manifestement emporté sur celui de la sécurité".

L'enquête avait aussi pointé des manquements dans le recrutement des pilotes, leur formation et la maintenance des appareils.

Après douze ans marqués par une coopération minimale des autorités thaïlandaises et les atermoiements de l'instruction française, Gérard Bembaron, qui a perdu son frère dans la catastrophe, a salué "une décision hors normes (...), qui adresse un avertissement sérieux aux compagnies qui ont des pratiques douteuses même si elles ne desservent pas la France".

"Le seul lien avec la France, c'est la nationalité des victimes", a-t-il rappelé. "Ça veut dire : +Vous n'êtes pas intouchables hors de nos frontières+". Et le mandat d'arrêt visant M. Tantiprasongchai signifie qu'"une menace pèse sur lui dès qu'il quittera les frontières de la Thaïlande", a-t-il ajouté.

En raison du décès des pilotes, l'affaire avait été classée en Thaïlande. "C'est le seul procès au monde pour cet accident. C'est aussi un signal pour les familles" de victimes d'autres nationalités, a estimé David Bembaron, dont le père est décédé dans le crash.

One-Two-Go et Orient Thai ont depuis cessé d'opérer.

Un seul des dix Français à bord avait survécu. Assise à ses côtés dans l'avion, sa fiancée avait péri. Devant le tribunal, il avait livré un récit déchirant: "Quand je me réveille, l'avion est en feu (...) Je cherche Laetitia partout".

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