Dans l'Hérault, un hôpital de la faune sauvage "en surchauffe" depuis la canicule

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Par AFP - Laroque
Publié le 10 juillet 2019 - 13:53
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Marie-Pierre Puech, vétérinaire de l'hôpital de la faune sauvage de Laroque (Hérault) nourrit un jeune étourneau, photo du 9 juillet 2019.
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© SYLVAIN THOMAS / AFP
Marie-Pierre Puech, vétérinaire de l'hôpital de la faune sauvage de Laroque (Hérault) nourrit un jeune étourneau, photo du 9 juillet 2019.
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Afflux d'appels et d'animaux: depuis la canicule de fin juin, la petite équipe de l'hôpital de la faune sauvage de Laroque (Hérault) est en "surchauffe", après avoir reçu et soigné des centaines d'animaux affectés par une chaleur sans précédent.

"Les animaux sauvages --en particulier ceux des villes qui chauffent plus encore que les campagnes-- subissent le contrecoup de la vague de chaleur: c’est la folie des entrées et c’est un travail immense d'organiser autant de gens que nécessaire autour de tous ces becs affamés, déshydratés", souligne Marie-Pierre Puech, la vétérinaire de cette structure associative.

Hirondelles, dont des nids entiers se sont décrochés des murs, et martinets, "véritables réfugiés climatiques venus des villes", ont été particulièrement touchés, explique cette sexagénaire survoltée: "Ils nichent sous les toits, où la température est montée jusqu'à 60 degrés et on les a vus sauter, tomber d'une manière anormale".

Beaucoup d'animaux sauvages --et singulièrement d'oiseaux-- sont morts et d'autres ont été affectés plus ou moins gravement. "C'est terrifiant", ajoute la vétérinaire, estimant que les animaux envoient ainsi aux hommes responsables du réchauffement climatique "un message réel: cette température-là est invivable !"

"Quelque 350 martinets sont soignés ici actuellement à cause de l'épisode caniculaire, c'est absolument sans précédent", renchérit Catherine Audic, bénévole et administratrice de Goupil connexion, l'association qui gère ce centre de soins ouvert depuis 2008 à une cinquantaine de kilomètres au nord de Montpellier.

- Ecureuils rachitiques -

"On se croirait dans un magasin de chaussures mais en fait tout ça contient des martinets", sourit-elle en montrant des dizaines de boîtes rangées sur des étagères, devant des volières. Ces oiseaux doivent être nourris individuellement quatre fois par jour, ce qui met à rude épreuve la structure débordée. "Hier on a fini à 22H00...", souffle Mme Audic.

Dans la nurserie, un bébé rollier d'Europe piaille faiblement dans une cage. Sa présence fait partie des "situations inhabituelles dues à la canicule", tout comme l'arrivée de "familles entières de geais" ou de cet autre oiseau, un oedicnème pris en charge à l'infirmerie, relève Mme Audic.

La bénévole signale également "une arrivée importante d'écureuils très rachitiques", en prenant entre ses mains deux minuscules corps roux. "On suppose que les mères ne peuvent plus les nourrir à cause des températures et de la sécheresse", dit-elle.

Faucons crécerelles ou petits ducs tombés du nid et hérissons s'étant jetés dans des piscines pour se rafraîchir sont également en forte augmentation par rapport aux autres années.

"On a été débordés par les appels et les arrivées depuis la canicule mais il n'est pas question de dire on n'y arrivera pas", souligne énergiquement Mme Puech, tout en se demandant pourquoi il revient à ce "samu social des animaux" associatif de "sauver le bien commun".

L'objectif de l'hôpital de la faune sauvage de Laroque, qui fait également de l'éducation à l'environnement, est de soigner et de mener les animaux vers l'autonomie afin qu'ils puissent être replacés dans leur milieu naturel.

Ce temps de la liberté est arrivé pour plusieurs martinets noirs. Sur les conseils de la vétérinaire, Emile 13 ans et Kaïlan, 9 ans, prennent un à un les oiseaux dans une main et les propulsent vers le ciel depuis le pont médiéval de la ville voisine de Ganges. "Voyez, d'autres martinets sont venus leur parler !", s'exclame Mme Puech alors que les oiseaux relâchés sont intégrés dans les joyeuses rondes de leurs congénères au dessus du fleuve Hérault.

"Maintenant, ils vont voler trois ans sans se poser et faire des millions de kilomètres au cours de leur vie", raconte la vétérinaire aux deux jeunes bénévoles qui admirent les boucles virtuoses effectuées par les jeunes migrateurs dans un ciel d'orage.

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