Dans une réa de Montreuil, la 3e vague du Covid-19, "on est en plein dedans"

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Par Laurence COUSTAL - Paris (AFP)
Publié le 01 avril 2021 - 20:44
Mis à jour le 02 avril 2021 - 11:42
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Des membres du personnel médical se tiennent autour d'un patient infecté par le Covid-19 à l'unité de soins intensifs de l'hôpital intercommunal André-Grégoire, à Montreuil, le 1er avril 2021
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© BERTRAND GUAY / AFP
Des membres du personnel médical se tiennent autour d'un patient infecté par le Covid-19 à l'unité de soins intensifs de l'hôpital intercommunal André-Grégoire, à Montreuil, le 1er
© BERTRAND GUAY / AFP

Dans le service de réanimation de l'hôpital de Montreuil, en banlieue parisienne, tous les lits sont occupés par des patients Covid-19. Chaque jour, deux à trois malades doivent être transférés vers d'autres structures, "une situation de grande tension et de grande anxiété anticipatrice".

"Aujourd'hui on est full Covid, on n'a plus de place", explique à l'AFP Cécile Cotelle, cadre de soins dans ce service de 15 lits. Pourtant, "chaque jour, nous avons, sur l'hôpital, une augmentation du nombre de malades qui ont besoin d'aller en réanimation", ajoute Vincent Das, chef du service. "On nous parle de 2.200 malades en réanimation dans 15 jours sur l'Ile-de-France mais où les mettre ?".

Dans ce service, lumineux, aux larges couloirs blancs et lilas, autant de femmes que d'hommes. Tous malades du Covid-19. Une femme enceinte y a été prise en charge. Elle a accouché. "Le bébé va bien. Sa mère reste sous oxygène", explique une soignante du centre hospitalier André Grégoire.

Autour d'elle, beaucoup de patients d'âge moyen, 50/65 ans, quelques personnes âgées de 70 à 75 ans et quelques jeunes. "La même chose que lors de la première vague", note le médecin.

Dans une chambre proche du "PC", "l'une des patientes les plus graves", endormie, passe une coloscopie. Plongés dans la pénombre des stores à demi baissés, un médecin, un interne, deux infirmières et une aide-soignante, sur-blouses et masques de rigueur, scrutent sur un écran le cheminement de la fibre optique.

- "La patiente est dans le sas" -

"En poussant les murs, en récupérant tout le personnel possible, j'espère pouvoir ouvrir 3 lits de plus", explique Vincent Das.

Du mieux, mais finalement peu au regard des 700 lits supplémentaires que l'ARS Ile-de-France a demandé d'armer pour faire face à la 3e vague. La région a déjà triplé sa capacité de lits en réanimation, note Vincent Das.

Dans une chambre envahie par les machines, un patient maintenu en coma médicamenteux est retourné sur le ventre. Un acte très technique, très physique, qui nécessite six personnes.

Si depuis un an, "on a progressé sur les compréhensions de la maladie", avec l'utilisation de traitements à base de corticoïdes, de stratégie de médicaments anticoagulants, une meilleure gestion des antibiotiques, de l'oxygène, de la ventilation mécanique... Tout reste compliqué.

"C'est facile de dire +on n'a qu'à ouvrir des lits de réanimation supplémentaires+. Mais il faut des personnels pour les faire tourner", explique Vincent Das. D'autant plus que l'hôpital accueille toujours des patients non-Covid, dont certains ont besoin de la réanimation, et que les effets des nouvelles restrictions décidées mercredi par le gouvernement ne se ressentiront pas tout de suite.

"La patiente est dans le sas !", entonne un haut-parleur. Un lit libéré quelques heures plus tôt sera bientôt occupé par une femme de 75 ans dont l'état vient de s'aggraver. Un masque à oxygène sur le visage, la malade regarde défiler le couloir, allongée sur son lit. Sur quatre malades qui rentrent à l'hôpital avec le Covid, au moins un aura besoin de passer en réanimation.

Lors de la première vague, le service avait pu monter jusqu'à 25 lits de soins critiques car d'anciennes infirmières parties en province étaient revenues, des internes avaient rempilé, des médecins repoussé leur départ en retraite... Mais aujourd'hui, "les gens ne viennent plus forcement nous aider, ils sont fatigués eux aussi", reconnaît Virginie, aide-soignante en réanimation depuis 10 ans.

Ne reste que les renforts mobilisables en interne, en déprogrammant des soins. Et "des équipes en vrac".

"La première vague a fait des dégâts. On a aujourd'hui huit postes vacants", explique Cécile Cotelle pour qui "soutenir au maximum les équipes pour qu'elles ne craquent pas est un enjeu de tous les jours". "On nous avait dit que ça allait arriver. Voilà, en avril, on est en plein dedans".

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