Dénonciations de violences sexuelles dans les IEP, enquête pour viol à Toulouse

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Par Christophe PARAYRE et Marisol RIFAI avec les bureaux régionaux de l'AFP - Toulouse (AFP)
Publié le 09 février 2021 - 21:43
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L'institut d'études politiques de Toulouse le 9 février 2021
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© Lionel BONAVENTURE / AFP
L'institut d'études politiques de Toulouse le 9 février 2021
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Les prestigieux Instituts d'études politiques (IEP) ont été touchés mardi par de nombreux témoignages d'étudiantes faisant état de violences sexuelles: une enquête préliminaire a été ouverte pour viol à Toulouse, deux pour agressions sexuelles à Grenoble et un signalement à la justice à Strasbourg.

Ces étudiantes se disant victimes ou témoins de violences sexuelles, y compris de viols, ont multiplié les messages sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse #sciencesporcs qui s'inspire de #balancetonporc, lancé en octobre 2017 après la mise en cause du producteur américain Harvey Weinstein, une affaire qui a favorisé la libération de la parole.

A ce jour, la seule enquête préliminaire pour viol est instruite à Toulouse après le dépôt d'une plainte le 6 février.

"À ce stade, il est prématuré d'avancer que d'autres faits similaires en lien avec cette affaire auraient pu être portés à la connaissance des enquêteurs, qui vont s'attacher sans délai à finaliser leurs investigations", a précisé à l'AFP le procureur Dominique Alzeari.

- "Soirée d'+intégration+" -

Olivier Brossard, directeur de l'IEP de Toulouse, a donné mardi des détails: "Les faits remontent à septembre 2018, dans le contexte d’une soirée +d’intégration+, censée être festive et bienveillante où les nouvelles générations sont prises en charge par les plus anciennes".

"Je ne connais pas le lieu, mais ce n’était pas dans les bâtiments de l’IEP à ma connaissance", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Dans un premier temps la jeune femme de 20 ans a souhaité rester anonyme. Fin décembre, la victime est venue voir le responsable de Sciences Po Toulouse et a donné son identité. Elle a alors été prise en charge et "nous l’avons incitée à nous donner le nom de l’agresseur et un témoignage écrit".

Mais "ce n’est que hier (lundi) que j’ai appris l’identité de l’agresseur présumé. Des mesures de protection, l'interdiction d'accès au bâtiment, ont été déclenchées" dans la foulée.

Selon lui, "aucune autre dénonciation, concernant des victimes ou des agresseurs présumés, ne nous a été signalée à ce jour".

- "Beaucoup d'alcoolisation" -

Le directeur a toutefois indiqué "avoir de sérieuses préoccupations autour des CRIT (rendez-vous sportifs annuels des différents IEP). Il y a déjà eu des débordements -chants avec des propos inadmissibles, beaucoup d’alcoolisation…"

"L’IEP n’en est pas l’organisateur, on subventionne seulement les associations qui les organisent et cette année j’ai décidé que l’IEP de Toulouse ne le subventionnerait pas", a ajouté M. Brossard.

A Grenoble, le procureur Eric Vaillant a pour sa part indiqué avoir reçu "deux signalements d’agression sexuelle par la direction de Sciences Po Grenoble les 25 janvier et 8 février". Des enquêtes ont été immédiatement ouvertes.

"Nous ne nions pas ces agissements, mais bien souvent nous ne les connaissons pas", a de son côté souligné Jean Philippe Heurtin, directeur de l’IEP de Strasbourg.

Depuis la rentrée, deux cas ont été portés à sa connaissance. Dans le premier, après enquête interne "il s'est avéré qu'il n'y avait pas matière à une qualification de violences sexistes ou sexuelles. Le deuxième cas a occasionné un signalement au procureur pour des faits qui pourraient s'apparenter à un crime", a-t-il ajouté.

- "Cellule d'écoute" -

A la suite de la publication de nombreux témoignages dans un groupe Facebook, la direction de l’IEP Bordeaux a "salué le courage" de celles et ceux qui ont témoigné mais relevé qu’une "cellule de veille et d’écoute" mise en place courant 2018 avait reçu sur cette période 20 signalements de tous ordres dont quatre pour violences sexistes et sexuelles.

Sur ces 4 cas, un seul a eu lieu dans le cadre même de Sciences Po: un cas de harcèlement par sexto. L’auteur, qui ne faisait pas partie du personnel permanent de l’IEP, a été licencié par son employeur.

Plusieurs responsables politiques ont apporté leur soutien à cette vague de dénonciations sur les réseaux sociaux. La ministre chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa a invité les victimes à "signaler ces crimes" sur la plateforme du gouvernement contre les violences sexistes et sexuelles (arretonslesviolences.gouv.fr).

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