Des verres, du vin et un crayon : le marathon des primeurs à Bordeaux

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Par Alexandra LESIEUR - Léognan (France) (AFP)
Publié le 05 avril 2019 - 11:21
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Une femme note un grand cru de Bordeaux lors d'une dégustation au château Carbonnieux à Léognan, en Gironde, le 4 avril 2019
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© GEORGES GOBET / AFP
Une femme note un grand cru de Bordeaux lors d'une dégustation au château Carbonnieux à Léognan, en Gironde, le 4 avril 2019
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"2018, c'est un millésime exceptionnel: je retrouve un vrai Bordeaux, typé", frais et équilibré, s'enthousiasme le Hongkongais Wilson Kwok, venu noter les grands crus de Bordeaux pendant la semaine des primeurs, véritable marathon de dégustations qui permet de se faire une idée de la qualité du vin et de l'acheter deux ans avant sa mise en bouteille.

"En rouge, tout est très doux, très concentré. Il y a beaucoup d'alcool, 14 degrés, et on ne le sent pas, c'est bien. Mais dans certaines appellations, la qualité varie beaucoup avec parfois de la surmaturité. Ca donne un côté marmelade qu'on tient à éviter", explique ce journaliste du Winenow Magazine, diffusé "à Hong Kong et en Chine".

Lèvres violettes à force de déguster, ce vieux routard des primeurs découvre en une semaine quelque 300 vins, écumant les châteaux. D'autres font leur début, comme l'Espagnol Aratz Mendieta Enales qui se prend en photo avec ses collègues dans la cour carrée, ornée de vigne vierge, du château Carbonnieux à Léognan.

"Je viens ici pour la première fois et c'est pour moi un des meilleurs événements dans le monde du vin", estime ce commercial de la Finca Allende dans la région de la Rioja, qui achète des Bordeaux pour ses plus gros clients.

"En Espagne, on ne trouve que les plus grands Bordeaux. Les primeurs me permettent de découvrir des châteaux moins connus", avec 150 dégustations environ en trois jours de Saint-Estèphe à Léognan, précise-t-il.

"Nous sommes surpris, on pensait que c'était un petit millésime, c'est ce que nous avions entendu en Espagne", poursuit M. Mendieta Enales, qui découvre un vin fruité, puissant avec un beau potentiel de garde.

Pendant une semaine, 6.000 acheteurs, de l'importateur au restaurateur français et étranger, ainsi que des journalistes spécialisés se pressent notamment dans huit domaines regroupant les dégustations par appellation.

Ce système de commercialisation unique au monde permet à quelque 200 châteaux de vendre avant l'heure presque toute leur production, voire la totalité, via des négociants, et d'obtenir ainsi de la trésorerie.

Les acheteurs y trouvent leur compte en acquérant des vins qui devraient être en principe vendus plus chers une fois sur le marché et dans certains cas, introuvables tant la demande est forte.

- Hausse de fréquentation -

Autour de cet événement officiel, organisé par l'Union des grands crus de Bordeaux (UGCB), gravitent des dizaines d'autres dégustations de vins bio, crus bourgeois, côtes de Bourg...

Un négociant chinois à Bordeaux, Qiang Hao, a ainsi fait goûter à ses trois clients chinois, à côté des dégustations officielles, des "petits vins" et s'est rendu dans des châteaux prestigieux qui ne participent pas aux primeurs comme le château Latour dans le Médoc.

"C'est pour voir le marché, ce n'est pas forcément pour acheter en primeur. Mais les clients chinois sont de plus en plus professionnels pour acheter en primeur", nuance-t-il en français.

Pour preuve, le nombre important d'Asiatiques, tout comme les Britanniques et les Américains venus en Gironde, malgré les incertitudes pesant sur le Brexit et l'imprévisibilité du président Donald Trump.

"Nous avons une hausse de fréquentation de 20% par rapport à l'année dernière", se réjouit Eric Perrin, copropriétaire du château Carbonnieux qui accueille les dégustations de 17 Pessac-Léognan.

Prochaine étape d'ici juin: la sortie des prix de chaque château régulé par le contexte économique, la qualité du millésime et la quantité de la récolte, qui se situe dans la moyenne décennale malgré les fortes attaques de mildiou et la sécheresse.

Pour M. Perrin, les prix doivent "se situer près des 2016 et au-dessus des 2017 pour redonner de l'intérêt à ce millésime" de l'an dernier, marqué par une petite récolte due au gel.

Mais cette prévision de hausse des prix des grands crus ne reflète pas la réalité du marché bordelais, dont 40% des volumes sont vendus en vrac alors que les vins prestigieux n'en représentent que 3%.

Et cette année, les prix du vrac sont à la baisse en raison d'une quantité suffisante.

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