Deux ans ferme requis contre le "Madoff boulonnais" accusé d’une escroquerie à 9 millions d’euros

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Par Jérôme NOEL - Boulogne-sur-Mer (AFP)
Publié le 05 mars 2020 - 19:45
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Cinq ans de prison dont deux ferme ont été requis jeudi à l'encontre d'un sexagénaire surnommé le "Madoff boulonnais", un "escroc escroqué" qui "assume" et "regrette" d’avoir détourné 9 millions d’eur
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© INA FASSBENDER / AFP/Archives
Cinq ans de prison dont deux ferme ont été requis jeudi à l'encontre d'un sexagénaire surnommé le "Madoff boulonnais", un "escroc escroqué" qui "assume" et "regrette" d’avoir détou
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Cinq ans de prison dont deux ferme ont été requis jeudi à l'encontre d'un sexagénaire surnommé le "Madoff boulonnais", un "escroc escroqué" qui "assume" et "regrette" d’avoir détourné 9 millions d’euros en promettant des placements juteux aux clients de sa société de courtage.

Poursuivi pour escroquerie en bande organisée, le prévenu de 61 ans était jugé jeudi devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) pour des faits commis entre 2001 et 2012. Au total, 72 personnes ont porté plainte.

Le procureur a également requis à son encontre l'interdiction définitive d'exercer toute profession de banquier, courtier en assurance ou gestionnaire de fonds.

La décision doit être rendue le 9 avril.

"J’ai voulu faire capitaliser 170.000 euros. J’ai tout perdu", a déploré jeudi Alain, l'un des plaignants présents à l'audience. "Je suis arrivé à la fin de ce qu’on appelle la chaîne de Ponzi. L’argent que je lui ai confié a servi à renflouer les personnes arnaquées avant moi".

La pyramide a vacillé lorsqu’un premier couple, souhaitant récupérer l’argent investi, a déposé plainte en octobre 2010.

"J’assume complètement et je regrette infiniment", a déclaré Serge L., en ouverture de ce procès qui doit permettre de comprendre comment cet homme "intelligent", au casier judiciaire vierge, risque jusqu’à 7 ans de prison.

Ancien banquier, puis assureur, l’homme a profité de son "excellente réputation" pour créer la société "VIP Consultant" en 1997 avec son associé, agent d’assurance GAN à Draguignan (Var) - qui s'est suicidé en 2011 quand les enquêteurs ont commencé à remonter à lui.

- "Toute confiance" -

"Monsieur L. nous a présenté sa société comme une filiale du GAN, j’ai fait les chèques en toute confiance", se souvient Jacques, qui a perdu 480.000 euros.

En 2001, premier coup dur. "J’avais confié une partie de l’argent des clients à des traders. Il y a eu les attentats à New York, les marchés financiers se sont écroulés", explique le prévenu. VIP Consultant perd alors 1,5 million d’euros.

"J’ai voulu avertir les clients, mais (mon associé) Pascal B. avait beaucoup plus à perdre. Il m’a dissuadé et m’a dit qu’on allait se refaire. A partir de là, ça a été la descente aux enfers", poursuit-il. "J’ai cherché de nouveaux clients, Pascal B. conservait l’argent sur son compte professionnel dans l’attente de trouver la poule aux œufs d’or".

Serge L. pense la dénicher en 2004, lorsqu’il rencontre Jean-Bernard B. L’homme d’affaires, également jugé jeudi à Boulogne-sur-Mer en son absence, lui parle d’une mine d’or en Afrique et lui présente "des documents tamponnés par le gouvernement et les services douaniers du Burkina Faso" faisant état d’un stock d’or. Serge L. lui envoie l’argent de ses clients.

"Je voyais ce métal monter de manière exponentielle chaque année. J’étais convaincu de me refaire une santé financière. Je suis toujours convaincu aujourd’hui que c’est un placement d’avenir", estime-il, suscitant des rires jaunes dans la salle. Problème: le fameux Jean-Bernard B. n’envoie jamais l’argent. Qu’importe: Serge L. produit de faux documents pour rassurer ses clients, et continue d’investir. "Pas le choix".

"Aujourd’hui, je suis rongé par les remords. J’ai une vie de merde. J’ai perdu ma famille, j’ai perdu mon patrimoine. Je n’ai plus rien. Juste mes yeux pour pleurer", a-t-il lâché.

Selon son avocate, Me Fabienne Roy-Nansion, il a fait preuve de "naïveté" et est "un escroc escroqué" dans "une affaire digne d’OSS 117".

Cinq ans de prison ferme ont été requis à l'encontre de Jean-Bernard B. qui, introuvable, fait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis mai 2019.

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