Deuxième saison pour les évaluations en CP et CE1, un an après les polémiques

Auteur:
 
Par Anne-Sophie MOREL - Paris (AFP)
Publié le 16 septembre 2019 - 10:00
Image
Rentrée scolaire à l'école primaire de l'île d'Arz, dans le Golfe du Morbihan, le 2 septembre 2019
Crédits
© Fred TANNEAU / AFP/Archives
Rentrée scolaire à l'école primaire de l'île d'Arz, dans le Golfe du Morbihan, le 2 septembre 2019
© Fred TANNEAU / AFP/Archives

Les évaluations des élèves de CP et CE1 en français et mathématiques sont reconduites cette année et démarrent lundi en France, dans une version "moins longue" et tenant compte des vives critiques des principaux syndicats d'enseignants l'an dernier.

"Cela fait 18 ans que j'enseigne, des évaluations j'en ai déjà connues", affirme Fabrizio Perseu, professeur des écoles en CE1 dans le 10e arrondissement de Paris.

Ces tests, initiés l'an passé par le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, avaient été décriés par les syndicats, qui les jugeaient inutiles, facteurs de stress, ou plus ou moins exploitables selon les conditions dans lesquelles ils étaient réalisés.

Certains professeurs avaient refusé de saisir les résultats de leurs élèves dans le logiciel prévu, ce qui avait entraîné des sanctions.

Xavier Darcos, ministre de l'Education sous Nicolas Sarkozy, avait introduit des évaluations nationales pour les élèves de CE1 et CM2 à partir de 2009. Un dispositif abandonné ensuite en 2013 par Vincent Peillon, sous François Hollande, qui critiquait leur fiabilité.

Selon Fabrizio Perseu, ces nouvelles évaluations sont "une bonne chose, car cela permet de voir le panel des capacités des enfants. Même si au bout d'une semaine, on se rend déjà compte de leur niveau par nous-mêmes", raconte l'enseignant dans une classe dédoublée à 14 élèves. "En lecture par exemple, j'ai déjà fait des tests qui m'ont permis de faire des groupes".

Céline, institutrice de CP en REP (quartier défavorisé) en Seine-Maritime est tout à fait partante pour ce genre d'évaluations mais regrette "que ce ne soit pas suivi d'effet".

"L'an dernier, j'ai joué le jeu en faisant passer ces évaluations de manière très sérieuse et au final, impossible d'accéder à une conclusion. C'est dommage car j'en attendais très sincèrement beaucoup", explique l'enseignante.

- "Ne pas pénaliser les élèves" -

Cette année, l'objectif du ministère n'a pas changé. Il s'agit toujours de disposer, d'un diagnostic sur les compétences et les difficultés des élèves en début de CP, à mi-CP et en début de CE1.

En français, en début de CP, les élèves sont par exemple évalués sur la reconnaissance des lettres, la compréhension des mots, les connaissances des sons que les lettres produisent.

En mathématiques sont prévus des exercices qui les invitent à écrire des nombres dictés, à dénombrer.

"Il y a des séquences de français et de maths comme l'an dernier mais il faut avouer que c'est moins long, moins lourd", se réjouit Isabelle Rioual, professeur des écoles en CP à l'école Jules-Ferry de Dieppe (Seine-Maritime).

En revanche, il y a selon elle "encore des niveaux d'exercice trop difficiles pour cet âge; le problème est qu'on anticipe sur des apprentissages qui doivent être faits durant l'année de CP, c'est aberrant".

"D'un point de vue éthique, je suis contre l'idée de mettre mes élèves en difficulté et de les évaluer sur quelque chose qu'on ne leur a pas appris. Ensuite, je dois rendre des comptes aux parents", ajoute-t-elle.

Pour Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, il est possible que des professeurs, dans le souci de ne pas pénaliser leurs élèves, interviennent pour les aider: "La réalité risque d'être un peu transformée".

"Et cela se comprend: un professeur ne veut pas que sa classe, son établissement, ses élèves soient épinglés dans les médias comme étant ceux qui ont le moins bien réussi", argumente Mme Popineau.

Elle concède que "cela n'empêche pas de réfléchir à une amélioration des évaluations que l'on peut faire passer à des élèves". "Mais en l'état, celles-ci ne servent à rien", répète-t-elle.

La crainte des syndicats ? Des effets pervers. "Que ce soit un prétexte pour imposer en amont à la maternelle une forme d'apprentissage et donc le risque d'abrutir les élèves. Sans parler de la pression mise sur les collègues, les conseillers pédagogiques qui pourraient être tentés de glisser vers le bachotage pour obtenir des résultats", lance-t-elle.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.