Disparition d'Amandine : Guerric Jehanno condamné à 30 ans de réclusion pour meurtre et viol

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Par Marisol RIFAI - Albi (AFP)
Publié le 14 octobre 2020 - 19:40
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La mère de Amandine Estrabaud, Monique Sire attend avant une audience au tribunal à Albi, le 8 octobre 2020
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© GEORGES GOBET / AFP
La mère de Amandine Estrabaud, Monique Sire attend avant une audience au tribunal à Albi, le 8 octobre 2020
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L'ancien maçon Guerric Jehanno a été condamné mercredi à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Tarn pour l'enlèvement, le viol et le meurtre d'Amandine Estrabaud, une surveillante de 30 ans dont le corps n'a jamais été retrouvé.

A l'annonce du verdict, la mère d'Amandine a fondu en larmes, affirmant que l'âme de sa fille allait enfin pouvoir "reposer en paix", plus de sept ans après sa disparition.

Après près de quatre heures de délibération, les jurés ont suivi les réquisitions de l'avocat général Bernard Lavigne, qui leur avait demandé de reconnaître M. Jehanno coupable de tous les faits qui lui étaient reprochés et de le condamner à 30 ans de réclusion criminelle.

Revenant point par point sur les éléments de l'enquête depuis la disparition de la jeune femme le 18 juin 2013, l'avocat général s'est lancé dans une démonstration, affirmant que l'accusé "remplit intégralement tous les critères" correspondant au profil de la dernière personne à avoir été vue avec Amandine Estrabaud.

L'après-midi des faits, après avoir quitté à pied le lycée de Castres où elle travaillait comme surveillante, la victime est aperçue par sa voisine devant son domicile à Roquecourbe, descendant d'un fourgon blanc avec un homme qu'elle semble connaître.

Ce jour-là, M. Jehanno qui correspond à la description de cette voisine, travaillait sur un chantier à Roquecourbe et pouvait ainsi conduire un véhicule identique à celui décrit par cetémoin.

- Aucune trace d'ADN retrouvée -

Au domicile de la victime, aucune trace d'ADN n'est retrouvée. Seulement une porte d'entrée restée ouverte, une zone d'herbes couchées dans le jardin, des ballerines et des boucles d'oreilles.

Pour l'avocat général, l'hypothèse d'une disparition volontaire, avancée par la défense, est à exclure. Il est ensuite revenu sur les nombreuses déclarations de Guerric Jehanno au cours des mois suivant la disparition d'Amandine.

"A sa mère d'abord, à qui il ne cesse de répéter +je ne suis pas un assassin+, ou +si on retrouve du sang dans le fourgon c'est celui des truites+. Préoccupée, c'est elle qui alerte les gendarmes sur le comportement étrange de son fils", rappelle l'avocat général.

"Il délirait", soutient l'une des avocates de la défense, Me Marie-Hélène Pibouleau, expliquant qu'à la même période, son client qui venait de perdre son travail et avait été quitté par sa petite amie, répétait sans cesse qu'il avait le sida.

Mais c'est surtout après sa mise en examen, environ deux ans plus tard, qu'il va se confier à différents moments à quatre co-détenus. Guerric Jehanno leur a ainsi livré des détails sur la façon dont il aurait violé et tué une fille de son village, dessinant même un plan détaillé du lieu où il aurait enterré le corps.

A la barre, l'accusé assure avoir tout inventé pour des raisons qu'il n'explique pas.

- "Intime conviction" -

Ces informations vont "au-delà de ce que les enquêteurs lui reprochaient, puisqu'à l'époque, il était uniquement mis en examen pour séquestration", a lancé l'avocat général dans son réquisitoire.

Mais pour l'avocat de l'accusé, Me Simon Cohen, "l'intime conviction ce n'est pas le bon plaisir, ce n'est pas l'arbitraire". "L'intime conviction se base sur des preuves", a-t-il martelé lors de sa plaidoirie.

"Si elle est morte, et ce n'est pas ma conviction, Amandine est la première victime. Et la deuxième victime c'est lui parce qu'il est ici contre tous les principes que nous défendons", a-t-il lancé, pointant Guerric Jehanno, qui est resté impassible au cours des cinq jours de procès.

"Cet homme taciturne, sans verbe, sans poésie, est un symbole que vous allez défendre. Ou sacrifier. Et personne ne vous en demandera compte, sauf votre conscience", a-t-il lancé face aux jurés.

"Avez-vous un seul élément matériel vous permettant de dire +je suis sûr?", a ajouté Me Cohen, rappelant que "pas une trace de sang, pas un lambeau de chair, pas un morceau de tissu, rien" n'a été retrouvé.

En fin d'audience, l'accusé a encore un fois affirmé, "je suis innocent". Ses avocats ont annoncé qu'il allait faire appel de la condamnation.

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