Education : une grève peu suivie, un "avertissement", préviennent les syndicats

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Par Anne-Sophie MOREL - Paris (AFP)
Publié le 10 novembre 2020 - 05:00
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Manifestation à Toulouse le 7 novembre 2020 pour demander davantage de moyens pour lutter contre la crise sanitaire
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© Fred SCHEIBER / AFP/Archives
Manifestation à Toulouse le 7 novembre 2020 pour demander davantage de moyens pour lutter contre la crise sanitaire
© Fred SCHEIBER / AFP/Archives

Le mouvement de grève dans l'éducation pour demander un renforcement du protocole sanitaire dans les établissements scolaires a été faiblement suivi mardi selon les chiffres du ministère, bien plus pour les syndicats, qui espèrent que "l'avertissement" sera entendu.

Malgré un renforcement du protocole sanitaire dans les lycées pour enrayer la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19, des enseignants réclament une limitation du brassage des élèves à l'école et au collège.

Selon le ministère, le mouvement, qui suivait l'appel d'une intersyndicale (FSU, FNEC-FP-FO, CGT Educ'action, SNALC, SUD et SNCL-FAEN), s'est traduit par un taux de grévistes de 8,78% dans le primaire et de 10,36% dans le secondaire (collèges et lycées).

Les syndicats ont de leur côté fait état d'un taux plus élevé. "Autour de 20% dans le primaire", selon Guislaine David, la secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, alors que le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a dénombré "45% de grévistes au collège".

Le gouvernement a annoncé des mesures pour renforcer la protection des personnels et élèves. Dès la semaine prochaine, le ministère de la Santé va ainsi mettre à disposition des établissements scolaires un million de tests antigéniques à destination des personnels.

Confronté à cette grogne naissante des personnels, le ministre Jean-Michel Blanquer a aussi annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures pour limiter les risques de contamination dans les lycées, en autorisant davantage de cours à distance.

Mais les tensions restent fortes, notamment au collège. "Les classes sont surchargées, les couloirs sont bondés, les cantines sont encombrées, comme en lycée. Il est incompréhensible que le collège ne bénéficie pas de mesures de protection (sanitaire) renforcées", a fustigé mardi le Snes-FSU.

"Si on ne fait rien, on va devoir fermer les établissements d'ici quelques semaines", prévient la secrétaire générale Frédérique Rolet.

"Au collège il y a quand même moins de brassage qu'au lycée", a répondu mardi Jean-Michel Blanquer devant l'Assemblée nationale.

"Nous restons ouverts pour l'avenir (à de nouvelles mesures, ndlr) en fonction de l'évolution de l'épidémie mais à chaque fois, c'est un équilibre (à trouver) entre le retour des élèves et le protocole sanitaire", a-t-il ajouté.

- "Protocole inapplicable" -

Le Premier ministre Jean Castex a de son côté affirmé que "l'école et les établissements d'enseignement méritent un traitement spécifique, car nous savons que confiner les élèves peut être pire que de les laisser se rendre dans les établissements".

Ce mouvement s'est traduit par des manifestations rassemblant des centaines de grévistes dans les rues de plusieurs villes, comme à Paris près du ministère de l'Education, Toulouse, Montpellier ou Rouen.

"Le protocole sanitaire est inapplicable. À part le port du masque, qui est plutôt bien respecté par les élèves, toutes les autres mesures sont difficiles à mettre en place. La première raison, c'est le manque d'effectifs", s'est par exemple énervé Anthony de Souza, professeur syndiqué au Snuipp-FSU à Montpellier.

A Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), la tension est montée d'un cran dans la matinée entre un groupe de manifestants et les forces de l'ordre, qui ont procédé à 17 interpellations.

A Paris, des tentatives de blocage ont eu lieu dans une poignée de lycée.

Dans le primaire aussi, les inquiétudes sont vives. "L'objectif (du gouvernement) est que les écoles restent ouvertes jusqu'en juin, mais sans moyens supplémentaires, comment assurer le non-brassage, la distanciation, la réduction des effectifs?", s'interroge Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU.

"C'est une grève en forme d'avertissement; il va falloir que le ministère y réponde car la question des remplacements va devenir de plus en plus problématique dans les semaines qui viennent; la profession risque de craquer", selon elle.

"Il est urgent de se mettre autour de la table avec le ministère pour trouver des solutions d'accueil des élèves telles que des gymnases afin de mettre en place des demi-groupes, qui vont nous permettre de tenir sur la longueur", estime aussi la responsable syndicale.

La FCPE (parents d'élèves) va dans le même sens. "On sait notamment à Paris que la mairie a dressé une liste de lieux disponibles pour accueillir des enfants et donc désengorger les classes, alors qu'attendons-nous?", s'interroge Rodrigo Arenas, son président.

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