"Embrasser" maman et "sortir" : le bras tendu et l'espoir chevillé, ils se font vacciner contre le Covid-19

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Par Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 25 février 2021 - 19:03
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Le docteur Marie Msika Razon (à droite) et une collègue préparent des doses du vaccin AstraZeneca avant de vacciner des patients âgés de plus de 50 ans et souffrant d'une comorbidité, à son cabinet mé
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Le docteur Marie Msika Razon (à droite) et une collègue préparent des doses du vaccin AstraZeneca avant de vacciner des patients âgés de plus de 50 ans et souffrant d'une comorbidi
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Anne-Catherine rêve de "sortir... aller au cinéma, au restau", David pourra lui "embrasser" sa mère: depuis jeudi matin, c'est au tour des 50 à 64 ans, souffrant de comorbidités, d'être vaccinés contre le Covid-19 par leurs médecins généralistes.

"Il était temps d'y passer. J'en ai marre de rester chez moi", confie à l'AFP Anne-Catherine Hurel, 56 ans, sur son fauteuil roulant. Assignée à résidence par sa maladie depuis 5 ans, elle avoue ne pas "avoir arrêté de harceler le médecin pour être vaccinée", après avoir été recalée à l'hôpital et chez le diabétologue qui la suit.

Depuis jeudi, les personnes âgées de 50 à 64 ans, qui présentent des affections de longue durée, diabète, bronchites chroniques ou insuffisances respiratoires, ou un excès de poids avec un IMC supérieur à 30, peuvent se faire piquer d'une dose d'AstraZeneca contre le Covid-19 chez leur médecin.

La cible est de 2,5 millions de personnes vaccinées, soit "en moyenne 50 patients par médecin", a expliqué mercredi le Dr Jacques Battistoni, du syndicat MG-France. Chaque flacon contenant dix doses, les généralistes peuvent espérer vacciner l'intégralité de la cible en un mois, selon ses estimations.

Prévenue la semaine dernière, le Dr Marie Msika Razon a commandé lundi un flacon dans sa pharmacie de référence. "Pour le moment, on aura dix doses par semaine, (puis), peut-être assez rapidement, jusqu'à 20. On est assez satisfait que ça monte en puissance, assez progressivement", explique cette médecin.

"On peut passer commande entre le lundi et le mercredi pour une livraison le mercredi suivant", explique-t-elle.

Alors, pour ne laisser personne sur le carreau, le médecin entouré de ses collègues réfléchit à "la façon dont on va programmer les injections". Elle contacte progressivement ses patients qui se sont déjà manifestés par courriel ou qui ont demandé des créneaux sur Doctolib.

A l'instar des 29.000 autres médecins qui ont passé commande pour cette première semaine, Marie Msika Razon est allée jeudi récupérer le flacon d'AstraZeneca, glissé dans une poche réfrigérante et transporté à la verticale, avec les seringues nécessaires.

"Beaucoup de choses étaient sources d'inquiétude", glisse-t-elle, mais "finalement, c'est assez fluide: la reconstitution du vaccin est assez facile, la récupération des doses en pharmacie était assez facile (...) Le geste de vacciner est relativement simple aussi".

Mais deux des dix doses n'avaient pas encore trouvé preneurs à la mi-journée.

- Embrasser maman -

"Nous faisons face à plusieurs handicaps dont le AstraZeneca bashing", estime le Dr Battistoni, dénonçant l'idée que ce vaccin serait "nettement moins efficace que celui de Pfizer". En outre, les patients redoutent des effets secondaires avec fièvre et symptôme "pseudo-grippal" décrits par des professionnels.

"C'est vrai qu'il y a pour le moment une petite réticence avec ce vaccin-là", abonde le Dr Msika Razon. Mais pour elle, "le fait qu'on puisse avoir ce dialogue avec des patients qu'on connaît, ça les rassure et ça les incite à se faire vacciner" en cabinet.

"Peu importe le flacon, pourvu qu'il y ait le vaccin", relativise Anne-Catherine, qui n'a pas douté une seule seconde de ce produit.

David Laskar, 50 ans, est également optimiste: "je fais confiance aux autorités de mon pays et à mon médecin. Et finalement, c'est un vaccin classique contrairement à ceux qui sont à ARN messager".

Quelques minutes plus tard, après avoir vérifié qu'il n'avait pas été testé positif au Covid-19 au cours des trois derniers mois ni vacciné ces quinze derniers jours, n'avait pas une allergie particulière, ne souffrait pas de problème de coagulation (qui nécessite simplement une précaution lors de l'administration de la dose dans le muscle), le médecin administre le vaccin à David.

Le quinquagénaire doit encore attendre quinze minutes dans une salle le temps de vérifier qu'il ne réagit pas mal à la dose.

En patientant, David se laisse aller à rêver d'une vie sans masque... "Je pourrai prendre ma mère dans mes bras, je pourrai l'embrasser", souffle-t-il, sourire aux lèvres, l'œil pétillant.

Sa maman a eu elle sa seconde dose de vaccin Pfizer. Le médecin lui demande simplement d'attendre quinze jours que se développe une immunité.

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