En 1962, Raymond Depardon, reporter photographe pour l'armée

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Par Beatrix BACONNIER MARTIN - Toulon (AFP)
Publié le 17 mai 2019 - 11:53
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Raymond Depardon commente ses photos présentées à l'exposition "Raymond Depardon: 1962-1963, photographe militaire", au musée du Service de santé des armées, à Toulon, le 16 mai 2019
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© GERARD JULIEN / AFP
Raymond Depardon commente ses photos présentées à l'exposition "Raymond Depardon: 1962-1963, photographe militaire", au musée du Service de santé des armées, à Toulon, le 16 mai 20
© GERARD JULIEN / AFP

1962-1963 : Raymond Depardon, 19 ans, photographe quasi débutant, est appelé sous les drapeaux et fait ses premiers pas de reporter pour TAM, magazine des armées Terre Air Mer. Ses photos inédites sont exposées 57 ans plus tard au Musée de la marine à Toulon.

"Notre commandant voulait un Paris-Match en couleur pour toutes les casernes", se souvient Raymond Depardon. TAM qui remplace Bled aux début des années 1960 tire à 150.000 exemplaires et veut changer l'image de l'armée au lendemain de la guerre d'Algérie. Il a pour rédacteur en chef Jacques Séguéla et, entre autres rédacteurs, Philippe Labro.

Devant ses photos au format carré, prises au Rolleiflex, son appareil photo fétiche, et jamais montrées depuis, le photographe désormais mondialement connu Raymond Depardon, 76 ans, reste humble: "j'avais peur que ces photos ne soient pas intéressantes".

"Ces photos répondent à une demande précise, montrer une armée qui se modernise", indique leur auteur.

Quelques-unes lui rappellent des anecdotes, comme celle d'un soldat sautant du haut d'une tour lors d'un exercice. "J'ai été obligé de sauter, on a l'impression de se suicider".

Il avoue que certains reportages "sont des non sujets" mais d'autres "plus intéressants", comme celui sur l'école des enfants de troupes où l'on élève les enfants orphelins dans une caserne.

- "La photo, c'est le mouvement" -

L'appelé photographe Depardon couvre aussi la montée d'une troupe de chasseurs alpins au sommet du Mont-Blanc. "J'ai photographié au téléobjectif depuis la porte ouverte d'un hélicoptère. "Je n'ai pas fait le Mont-Blanc, mais je l'ai fait quand même", plaisante-t-il.

TAM se voulant exhaustif, assurant une couverture de l'actualité militaire mais aussi civile, Depardon mitraille les soldats et promène son objectif dans les rues animées des villes, les grands magasins parisiens, les salons des arts ménagers.

Il réalise 51 reportages de juillet 1962 à juillet 1963, 2.000 clichés pour montrer la modernité de l'armée et de la France post-coloniale. "Faire des photos dans les espaces publics pour montrer l'actualité", résume-t-il.

"Ces photos, je les avais oubliées, j'étais un peu contre l'exposition, je ne suis pas alors un grand photographe, j'ai 20 ans", s'excuse-t-il.

Mais son style est déjà perceptible : "la recherche de la lumière". En revanche, pas "l'instant décisif" au moment de la prise de vue qui sera bientôt défini par Henri Cartier-Bresson. "A l'époque, on ne le cherchait pas".

Pour les lecteurs de TAM, Raymond Depardon signe son premier article, "l'oeil photographique" prodiguant quelques conseils pour prendre des photos. "Faites de mauvaises photos, n'hésitez pas, mitraillez. Plus vos prendrez de photos et plus votre oeil s'éduquera rapidement et vous ne recommencerez jamais deux fois les mêmes erreurs".

L'exposition montre aussi son tout premier film un très court documentaire sur une saynète de la vie parisienne, place Saint-Michel. "Sans interview, avec du son direct et il faut que tu apprennes à tenir une camera", explique Depardon commentant les prises de vues.

Pour lui, "le cinéma, c'est la parole, la photo c'est le mouvement".

Après le Musée de la marine à Toulon du 17 mai au 31 décembre, l'exposition sera visible au Musée du Service de santé des armées, Ecole du Val-de-Grâce, à Paris.

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