En cancérologie pédiatrique, des poupées à cathéter pour soigner la peur

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Par Laurence COUSTAL - Paris (AFP)
Publié le 21 mars 2021 - 22:06
Mis à jour le 22 mars 2021 - 14:14
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La petite Nyobe apprend à changer un cathéter sur une poupée avec l'aide d'une infirmière dans le service de concérologie pédiatrique de l'Hôpital Armand-Trousseau, le 16 mars 2021 à Paris
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
La petite Nyobe apprend à changer un cathéter sur une poupée avec l'aide d'une infirmière dans le service de concérologie pédiatrique de l'Hôpital Armand-Trousseau, le 16 mars 2021
© Christophe ARCHAMBAULT / AFP

"Oh ! Elle a un cathéter": la petite Nyobe, soignée dans le service de cancérologie pédiatrique de l'Hôpital Armand-Trousseau à Paris, mime sur une poupée les soins qui lui sont d'ordinaire dévolus pour dompter ses appréhensions, des angoisses "qui majorent sa douleur".

"On va la piquer ? On va l'opérer ?", s'impatiente la petite fille de 6 ans dès qu'elle découvre le mannequin au tee-shirt papillon. "C'est un garçon et il s'appelle personne", décide-t-elle dans la foulée.

"On sait qu'un enfant qui a très peur, c'est un enfant qui aura mal", explique à l'AFP Cloé Aregui, infirmière puéricultrice depuis 10 ans dans ce service de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Or un enfant traité pour un cancer enchaîne "les soins qui sont potentiellement douloureux et anxiogènes", ajoute la jeune femme citant en exemple la ponction lombaire ou celle de la moelle osseuse.

"Pour la prise en charge de la douleur, nous disposons d'une palette assez large de médicaments antalgiques, très adaptés, très efficaces", détaille-t-elle. "Mais il faut prendre aussi en charge la composante émotionnelle de la douleur, c'est à dire la peur". "Il n'y rien de pire que de ne pas comprendre".

D'où la mise en place, il y a deux ans, de ces ateliers de simulation à l'aide de poupées financées par l'association "Imagine for Margo".

Nyobe préfère laisser sa perruque à la sienne. La poupée est également parée d'un petit bracelet d'identification au nom de la petite fille et de "plein de trucs à l'intérieur", dont un cathéter.

"L'imaginaire d'un enfant est extrêmement riche. Quand on lui parle de ce qu'on va lui faire, il imagine souvent quelque chose de bien pire que la réalité", explique le Pr Arnaud Petit. "De voir ce qu'est un cathéter, où ça va, de pouvoir le manipuler, permet à l'enfant de contrôler un peu son imaginaire".

Un petit garçon a qui on devait poser une sonde gastrique s'était imaginé que le tube était équipé en son bout d'une perceuse, sensée ouvrir la voix jusqu'à l'estomac.

Nyobe colle directement un masque d'anesthésie sur la bouche de sa poupée pour la "calmer", "l'endormir un petit peu", explique-t-elle. "On essayera nous aussi la prochaine fois de garder le masque tout le long ?", glisse Cloé Aregui.

Le corps garde en mémoire une certaine souffrance. Plus les soins sont nombreux, plus la tolérance de l'enfant est difficile. Certains développant même des phobies liées à certains soins.

Avec une étonnante facilité et une précision d'expert, la petite fille aux chaussettes "reine des neiges" retire le patch anesthésiant posé sur la poitrine de la poupée, cale le cathéter veineux à l'aide d'une compresse, pose un gros pansement transparent sur le tout. Puis pique "pour prendre le sang" ou "mettre du médicament".

"Qu'est ce qu'elle n'a pas le droit de faire la poupée ?", questionne l'infirmière. "De se réveiller la nuit pour enlever la piqûre, de mouiller le pansement et elle doit faire attention avec sa main", répond la fillette.

"Elle a crié ?", lui demande Arnaud Petit à la fin du soin. "Oui beaucoup. Elle avait peur", répond Nyobe qui visiblement profite de cet instant pour parler d'elle.

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