En Charente, un centre de tri des déchets déborde

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Par Sébastien Girardel - Mornac (France) (AFP)
Publié le 26 février 2020 - 10:00
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François Filippi, directeur d'Atrion, devant une montagne de déchet, le 25 février 2020 au centre de tri de Mornac, en Charente
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© GEORGES GOBET / AFP
François Filippi, directeur d'Atrion, devant une montagne de déchet, le 25 février 2020 au centre de tri de Mornac, en Charente
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Des murs de déchets bouchent des entrées de l'entreprise, des détritus en tapissent les pelouses : le centre de tri de Mornac, près d'Angoulême (Charente), où devrait être valorisé le recyclage des poubelles, ressemble de plus en plus à une décharge à ciel ouvert.

C'est à Atrion, le deuxième centre de Nouvelle Aquitaine par la taille, qu'arrive le produit du tri de toute la Charente et de la moitié de la Charente-Maritime.

Mais sur le parking normalement dévolu aux poids-lourds, s’entassent des dizaines de tonnes de ce tri qui auraient du être entreposées dans les immenses hangars et n'y trouvent plus place.

Atrion qui reçoit chaque semaine plus de 800 tonnes de papiers, cartons, aluminium, acier, etc., n’arrive tout simplement plus à écouler sa marchandise.

"Les Chinois ont fermé leurs frontières aux vieux papiers et cartons venus d’Europe", explique François Filippi, le directeur d'Atrion, une décision prise depuis l'automne 2019 sans rapport avec la récente épidémie.

"Ils alimentent désormais leur circuit de recyclage uniquement grâce à leur économie intérieure. On n’a plus de débouchés", ajoute-t-il.

Traditionnellement, journaux et cartons partent vers de grosses papeteries mais là encore, le secteur en difficulté ne permet pas d'écouler le stock à l'exemple de l'usine UPM de la Chapelle-Darblay (Seine-Maritime), menacée de fermeture en juin et qui a divisé sa production de moitié.

- Un prix en chute libre -

Pour l’instant, Atrion arrive encore à écouler ses balles de JRM (journaux, revues, magazines) vers une filière espagnole mais pour une somme dérisoire, ajoute le directeur.

Car la quantité de déchets a tellement explosé que le prix de la tonne a fondu, divisé par cinq depuis l’annonce des autorités de Pékin.

Le "gros de magasin" (GM : cartons et papiers de piètre qualité) d’abord stocké dans les 2.100 m2 d’entrepôts, est devenu tout simplement invendable.

"On a transféré à l’extérieur les déchets qui ne craignent pas l’eau comme les plastiques et l’acier mais cela n’a pas suffi. Sur les 800 tonnes de GM déjà en stock, une partie se trouve sans protection. Après quelques pluies, elle sera inutilisable", avertit M. Filippi.

Sans compter le danger des véhicules qui ne peuvent pas correctement circuler ou les risques d'incendies.

L'entreprise a donc demandé à la préfecture une dérogation pour enfouir ses invendus - le code de l’environnement interdit d’enfouir des produits recyclables - de quoi faire bondir les écologistes et plus largement les personnes qui trient consciencieusement.

"C'est triste", dit M. Philippi selon qui en 2020, il devra se débarrasser de 4.000 tonnes de GM.

La préfecture vient de refuser mais propose une incinération si toutes les pistes de recyclage ou d'écoulement du stock s'avèrent vaines.

Atrion n'est pas seul dans cette situation.

Selon les chiffres de la Federec (Fédération professionnelle des entreprises du recyclage) qui estime à 8,5 millions de tonnes le stock qui ne pourra être écoulé cette année, environ 32% des centres de tri sont dans une situation critique.

"Le Sud-Ouest est particulièrement touché, la Bretagne va bientôt connaître le même sort", affirme Stéphane Panou, son vice-président en charge des papiers et des cartons.

Avec le numérique, la consommation de papier graphique a chuté de 47% en 10 ans mais de nouvelles pistes sont étudiées.

On pourrait ainsi, dit-il, brûler le papier recyclable dans des incinérateurs "pour produire de l’énergie ou l’inclure dans un process de biomasse" ou stocker davantage en extérieur en attendant de trouver de nouveaux débouchés, comme la fabrication de papier toilette.

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