En Corse, l'État "montre le cap" en nommant des femmes à des postes régaliens

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Par Maureen COFFLARD - Ajaccio (AFP)
Publié le 06 mars 2019 - 14:49
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Caroline Tharot est la première femme procureure de la République en Corse, à Ajaccio le 23 janvier 2019
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© PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP/Archives
Caroline Tharot est la première femme procureure de la République en Corse, à Ajaccio le 23 janvier 2019
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Préfète, procureure de Bastia, rectrice, commandante des gendarmes de haute montagne... Un nombre inédit de femmes occupent des postes régaliens de premier plan en Corse. Un cap impulsé par l'Etat qui reste à confirmer dans la société, notamment en politique.

Josiane Chevalier, en poste depuis mai 2018, est la première préfète de l'histoire de l'île après 111 prédécesseurs masculins. "En tant que première préfète, j'ai la responsabilité et le devoir de soutenir toutes les initiatives pour que les femmes trouvent toute leur place dans la société", dit-elle à l'AFP.

Le fait d'être une femme dans cette fonction "change beaucoup les relations humaines. Je pense qu'ici, on a vraiment un rôle d'apaisement", avance celle qui occupe son 4e poste de préfète et précise que la France compte une trentaine de femmes sur une centaine de préfets.

A la tête depuis septembre 2017 du parquet de Bastia composé de cinq magistrats dont quatre femmes, Caroline Tharot, elle, est la première femme procureure de la République en Corse. "Je mets au défi quiconque à la lecture d'un jugement de déterminer si c'est un homme ou une femme qui en est l'auteur. On a tous reçu la même formation et c'est la formation et le parcours d'un magistrat qui légitiment la prise de fonction, pas le sexe", tranche-t-elle pour parer à toute critique.

Un avis partagé par Julie Benetti, première rectrice de Corse, en poste depuis juin 2018, qui juge important ce que cette multiplicité de femmes à des postes d'autorité "donne à voir aux jeunes filles en Corse et au-delà en France".

"Je crois qu'il y a encore des formes d'inhibition et d'autocensure très marquées chez les jeunes filles, il est donc très important de pouvoir les convaincre que toutes les professions leurs sont ouvertes", estime-t-elle, ajoutant que "l'éducation à l'égalité des sexes concernent aussi bien les garçons que les filles".

C'est dans cette optique qu'a été lancée en Corse une opération où des classes de collège rencontrent des femmes de pouvoir ou dans des métiers traditionnellement réservés aux hommes. Deux rencontres ont eu lieu avec la rectrice et la préfète et d'autres sont prévues avec une artiste, une scientifique, une pilote, une archéologue, une agricultrice, une policière et une juge.

- Du chemin à parcourir en politique -

Le général Jacques Plays qui dirige la gendarmerie corse, s'attend à "avoir de plus en plus de femmes qui vont être nouvelles dans des postes puisqu'il y a eu une montée en puissance tardive". "Maintenant, on a des femmes dans des niveaux de responsabilité et de grade qui leur permettent de prendre ces postes" de commandement comme ceux de Marie Sachot, une Saint-Cyrienne trentenaire à la tête du PGHM ou de Sabrina Perrault, à la tête de la compagnie d'Ajaccio.

Dans la police, les deux directrices départementales de la sécurité publique en Corse-du-Sud et Haute-Corse sont aussi des femmes, tout comme la présidente du tribunal de grande instance d'Ajaccio et la nouvelle directrice régionale des finances publiques.

"C'est important parce que ça montre le cap, maintenant, il faut voir si la société est d'accord pour suivre ce cap", souligne l'historienne Eliane Viennot, spécialiste des rapports de pouvoir entre les sexes.

En matière de parité, "l'Etat a été longtemps promoteur en théorie et pas très actif en pratique mais il y a des pressions aujourd'hui pour que la haute administration cesse de se reproduire entre hommes", dit-elle.

En revanche, selon elle, du chemin reste à parcourir en politique où la Corse ne compte aucune députée ou sénatrice et dont les instances régionales sont dirigées par deux hommes, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni.

Aux dernières municipales en 2014, "seules 41 femmes ont été élues maires sur les 360 communes corses, soit un taux de féminisation de 11 % contre 16 % au niveau national", note une étude de l'INSEE de mars 2017 qui souligne que "la représentation des femmes en politique s'améliore" surtout "pour les scrutins où la parité est imposée par la loi".

Ainsi, l'Assemblée de Corse élue en décembre 2017 compte 32 femmes sur 63 conseillers et le conseil exécutif est composé de cinq femmes et six hommes dont le président Gilles Simeoni.

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