Enlèvement de Mia : sa mère, extradée de la Suisse, mise en examen

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Par Julien SENGEL, avec Marie JULIEN à Strasbourg - Nancy (AFP)
Publié le 23 avril 2021 - 17:31
Mis à jour le 24 avril 2021 - 01:40
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Le procureur de la République d'Epinal Nicolas Heitz tient un portrait de Mia, lors d'une conférence de presse, le 14 avril 2021 à Epinal
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© SEBASTIEN BOZON / AFP/Archives
Squat suisse dans lequel Mia et sa mère ont été retrouvées le 18 avril 2021 à Saint-Croix
© SEBASTIEN BOZON / AFP/Archives

La mère de Mia, qui avait commandité l'enlèvement de sa propre fille de 8 ans dont elle n'a plus la garde, a été mise en examen vendredi à Nancy, après avoir été extradée par la Suisse.

Lola Montemaggi, 28 ans, était en détention depuis dimanche dans le canton de Vaud, où elle avait été retrouvée avec sa petite fille et arrêtée.

Remise aux autorités françaises par leurs homologues suisses en fin de matinée, elle a été mise en examen dans la soirée pour "enlèvement de mineur de 15 ans en bande organisée" et "soustraction de mineur par ascendant hors du territoire de la République", a indiqué vers 22H45 le procureur de la République de Nancy, François Pérain.

Si elle n'a pas voulu détailler l'organisation de l'enlèvement de Mia, "par contre, elle a souhaité assumer son acte, le justifier et le légitimer", a ajouté le procureur.

"Elle ne supportait pas de ne pas voir sa fille, elles étaient fusionnelles (...) C'était pour elle inconcevable, et puis elle s'est laissé entraîner, elle n'a pas fait le bon choix", a déclaré l'avocat de Lola Montemaggi, Me Stéphane Giuranna, évoquant "une femme qui est triste".

"Elle se sentait prise au piège, perdue, non écoutée et elle n'a pas fait le bon choix, elle le sait, elle le comprend", a-t-il ajouté.

- Visioconférence de préparation -

Extradé en même temps qu'elle, un autre ressortissant français surnommé "Roméo", qui l'avait aidé lors de sa cavale en Suisse, a été mis en examen pour "enlèvement aggravé et association de malfaiteurs". Celui-ci "a finalement reconnu avoir participé à la préparation de l'enlèvement", notamment via une visioconférence avec les autres membres du groupe, selon M. Pérain.

Le parquet a requis leur placement en détention provisoire.

Une troisième personne a été présentée vendredi après-midi au juge d'instruction.

Cette retraitée habitant dans l'Aude et surnommée "Harmonie" a été mise en examen "pour association de malfaiteurs en lien avec un crime" et "placée sous contrôle judiciaire", a précisé François Pérain.

"Elle jouait le rôle de secrétaire à distance pour Rémy Daillet-Wiedemann. A ce titre, elle a établi une liste d'accueillants susceptibles d'être sollicités dans le cadre des actions menées par le mouvement", a expliqué le procureur de Nancy.

Un mandat d'arrêt international a été lancé à l'encontre de Rémy Daillet-Wiedemann, figure du mouvement complotiste résidant en Malaisie, soupçonné d'avoir contribué à l'organisation de l'enlèvement de Mia. Selon un responsable de la police malaisienne, Kuala Lumpur est prêt à coopérer avec la France sur cette enquête, malgré l'absence d'accord d'extradition entre les deux pays.

"Plusieurs charges sont réunies contre Rémy Daillet-Wiedemann", reposant "principalement" sur les auditions des participants au groupe ayant procédé à l'enlèvement de Mia, a affirmé M. Pérain.

- "Rejet de la vie en société" -

Mia, 8 ans, a été enlevée sans violence le 13 avril dans les Vosges, par plusieurs hommes, à la demande de sa mère, qui n'avait plus le droit de la voir seule ni de lui parler au téléphone. Se revendiquant de la mouvance anti-système, les ravisseurs s'étaient fait passer pour des professionnels de la protection de l'enfance et avaient réussi à emmener la petite fille, hébergée chez sa grand-mère maternelle.

La procédure d'Alerte enlèvement avait été déclenchée. Quatre hommes avaient été interpellés un ou deux jours plus tard, puis un cinquième.

L'enfant a été retrouvée saine et sauve dimanche dans un squat de la commune de Sainte-Croix (canton de Vaud), avec sa mère, qui tentait de gagner la Russie, selon des éléments dévoilés par François Pérain.

Dès le lendemain du rapt, le procureur de la République d'Epinal, Nicolas Heitz, avait expliqué que Lola Montemaggi avait perdu la garde de sa fille en janvier et qu'elle n'avait pas répondu aux convocations de la justice depuis. Ayant voulu scolariser son enfant à domicile, ce qui lui avait été refusé, elle faisait montre d'une "position de rejet de la vie en société", avait-il indiqué.

Âgés de 23 à 60 ans, les cinq hommes ayant organisé le kidnapping sont poursuivis pour "enlèvement en bande organisée d'une mineure de (moins de) quinze ans et association de malfaiteurs". Quatre d'entre eux ont été placés en détention.

Le cinquième a été placé sous contrôle judiciaire.

Un sixième homme est toujours recherché.

Mia a été remise lundi à sa grand-mère maternelle.

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