Entre l'Ehpad et la pension de famille, le modèle de la résidence services

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Par Marie-Pierre FEREY - Clamart (AFP)
Publié le 27 mars 2019 - 13:04
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Des personnes âgées installées dans le salon de la résidence services "Les Bababines", le 8 février 2019 à Clamart, près de Paris
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Des personnes âgées installées dans le salon de la résidence services "Les Bababines", le 8 février 2019 à Clamart, près de Paris
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

"J'ai eu un pépin de santé, et je me suis dit que j'étais en âge de trouver un endroit plus protégé": à 87 ans, Gisèle a choisi de quitter son grand appartement pour un petit deux-pièces dans une résidence services à Clamart, en banlieue parisienne.

Dans ces "Babadines", 21 appartements sont loués à des personnes âgées, du studio au trois-pièces. "Il y a des appareils pour détecter les chutes dans toutes les pièces et une personne de permanence la nuit. Si j'ai une ampoule à changer j'appelle dans le couloir et on me la change de suite", témoigne Gisèle.

Alerte, l'octogénaire fait ses courses et ses repas et compte bien "garder (son) autonomie le plus longtemps possible".

Mais elle anticipe le moment où elle sera moins en forme: "Il faut prévoir quand on a toute sa tête".

Gisèle a "enterré tous ses amis" et apprécie les échanges avec les autres locataires, comme Hélène, 75 ans, arrivée aux Babadines après un "mois fatal" où elle avait multiplié les chutes dans sa maison biscornue de Seine-et-Marne, "tout en escaliers".

D'abord dirigée vers un Ehpad, elle n'a eu de cesse de retrouver son autonomie dans une location. Elle marche mal, mais son scooter pour senior garé dans le couloir de plain-pied lui permet de sortir vers le parc voisin.

Chez elle, il lui arrivait de "passer une semaine sans parler à personne". Hélène apprécie les animations mais à la carte: "Je suis anti Club Med!"

Les Babadines abritent aussi une mini-crèche en rez-de-jardin, et les enfants montent parfois goûter avec les personnes âgées, ou partagent la confection d'un gâteau. Un échange "intergénérationnel" apprécié des personnes âgées sans pour autant avoir motivé leur choix: le véritable critère est la sécurité.

"Nous accueillons des personnes plus ou moins autonomes, parfois en grande dépendance. Certaines finissent leurs jours ici", explique le responsable du développement des Babadines, Fabrice Dont.

"Les troubles cognitifs sont plus problématiques, car nous sommes un espace ouvert", ajoute-t-il.

- Maison de retraite à domicile -

Les résidences services ne peuvent pas se substituer aux Ehpad pour les personnes les plus dépendantes. Mais elles proposent une alternative à taille humaine à celles qui ne peuvent plus rester seules chez elles mais gardent une certaine autonomie.

"Quand je vois à la télévision des reportages sur des maisons de retraite de 120 personnes, ça m'affole", dit Gisèle.

La formule ne coûte "pas plus cher" qu'une maison de retraite, selon Gisèle, qui loue autour de 2.500 euros son deux-pièces, plus 400 euros pour les services dont la présence de nuit.

La France comptera à l'horizon 2050 5,6 millions de personnes âgées de plus de 85 ans (et 6,3 millions en 2070), contre 1,8 million actuellement, selon l'Insee.

Les Français souhaitent en majorité rester chez eux. Mais l'inadaptation du logement, le coût des aides à la personne rendent parfois impossible le maintien au domicile.

"On a aujourd'hui un modèle +bi-polaire+, avec d'un coté les Ehpad et de l'autre le maintien à domicile" observe Marie-Anne Montchamp, présidente de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, qui met en avant une "approche domiciliaire", où la personne âgée conserve toute sa citoyenneté quel que soit le lieu où elle vieillit.

Les résidences services proposent un "chez soi" plus sûr, en mutualisant les coûts (présence 24h/24 notamment) dans de petites structures. "C'est un peu l'esprit d'une pension de famille", dit Fabrice Dont.

Les Babadines explorent d'autres modèles, comme la location de 17 maisons au sein d'un lot de 50 maisons près de Blois, ou encore la "maison de retraite à domicile", avec une offre de services à la personne (géolocalisation, garde de nuit ...). De gros groupes se mettent aussi sur les rangs, comme Korian, qui ambitionne d'ouvrir 250 colocations en six ans.

"Il va falloir sacrément innover", relève Fabrice Dont. "Dans dix ans, la génération du baby boom va entrer dans la dépendance, il faudra de multiples solutions".

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