Estrosi (LR) lance un pavé dans la mare en suggérant un accord droite-Macron

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Par Claire GALLEN - Paris (AFP)
Publié le 01 septembre 2020 - 15:37
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Le président Macron (d) et le maire de Nice Christian Estrosi, le 14 juillet 2017 à Nice lors des cérémonies du souvenir un an après la tuerie de Nice
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© Laurent Cipriani / POOL/AFP
Le président Macron (d) et le maire de Nice Christian Estrosi, le 14 juillet 2017 à Nice lors des cérémonies du souvenir un an après la tuerie de Nice
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Le maire LR de Nice Christian Estrosi a lancé un pavé dans la mare en appelant la droite à passer un accord avec Emmanuel Macron pour 2022, au grand dam des Républicains qui cherchent toujours leur candidat.

"Pour ne pas gâcher tous les talents de la droite, passons un accord avec Emmanuel Macron pour qu’il soit notre candidat commun à la présidentielle et que ceux-ci puissent participer au redressement de notre pays", a proposé M. Estrosi dans le Figaro paru lundi soir.

Même si l'appel de l'ancien ministre sarkozyste est assorti de "conditions", il a été fraîchement reçu par la droite qui organise sa grande rentrée vendredi et samedi au Port-Marly.

"Je trouve ça totalement misérable", a affirmé le numéro 3 des Républicains Aurélien Pradié, en accusant le maire de Nice de "se vendre au plus offrant".

"Christian Estrosi se trompe de combat", a estimé dans Le Parisien le patron des députés LR Damien Abad selon qui "il faut un candidat de la droite à la présidentielle parce que les Français ont besoin d’une alternance politique, on ne peut pas s’enfermer dans un duel Macron-Le Pen un an et demi avant la présidentielle".

Le rétrécissement de l'espace politique de la droite, entre l'exécutif empiétant sur son programme et captant son électorat, et certains au RN appelant à une "union des droites", est à l'oeuvre depuis 2017.

"On tend la main à toutes les bonnes volontés", a affirmé mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Le RN a lui raillé "la mort cérébrale" des Républicains: le parti "est désormais de trop!" selon le numéro 2 du RN Jordan Bardella.

Christian Estrosi a justifié son appel par le fait qu'"il existe beaucoup de talents chez nous mais, soyons honnêtes, aucun d’entre nous ne s’impose pour concourir à la présidentielle".

- "Une situation d'urgence" -

Le maire de LR de Nice est certes souvent présenté comme "Macron-compatible", mais sa critique touche un point sensible, alors que LR n'a encore tranché ni sur le nom de son candidat ni sur le mode de désignation - les divergences sont apparues samedi aux universités d'été de LR à La Baule sur l'idée d'une primaire.

Le nom le plus fréquemment évoqué est celui de François Baroin, qui a le soutien de Christian Jacob. Mais le président de l'AMF ne clarifiera ses intentions qu'à l'automne.

Dans l'intervalle, d'autres posent des jalons, de Xavier Bertrand (le président ex-LR des Hauts-de-France) à Bruno Retailleau (le président des sénateurs LR) en passant par Valérie Pécresse (la présidente ex-LR de l'Ile-de-France).

Une multiplication de "semi-candidatures" qui entraîne un "trouble" chez les électeurs, selon le politologue Pascal Perrineau.

Selon un sondage Ifop paru lundi, le candidat préféré des sympathisants LR en 2022 serait Edouard Philippe (22%), devant François Baroin (21%), Xavier Bertrand (18%) et Valérie Pécresse (15%).

"Tant que la droite n'est pas en ordre de bataille à la fois sur le candidat et la procédure, c'est compliqué pour un électeur de droite de ne pas continuer à hésiter", ajoute M. Perrineau pour qui la droite va "être dans une situation d'urgence".

Plusieurs responsables de LR ont appelé à "ne pas griller les étapes" et attendre l'après régionales pour trancher sur le candidat.

Une stratégie compliquée, selon M. Perrineau: "C'est vrai qu'ils peuvent capitaliser sur une éventuelle bonne performance aux régionales et qu'il y a un risque d'usure à sortir trop tôt du bois. Mais l'électorat est en déshérence de leader et, peu à peu, cet attrait pour Emmanuel Macron peut se traduire en véritable vote".

Avec la nomination d'un Premier ministre LR et une priorité donnée aux sujets sécuritaires, "on voit bien que le président est dans une stratégie de rendre cohérent son soutien de droite", affirme le politologue.

A droite, le danger est bien senti et les attaques se sont multipliées ces derniers jours sur les thèmes sécuritaires.

"Nous n'avons aucune chance si nous faisons du sous-Macron", a averti samedi M. Retailleau dans Le Parisien: "Les électeurs préféreront toujours l'original à la copie".

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