Etrangers malades : un accès aux soins "difficile", déplore le Défenseur des droits

Auteur:
 
Par AFP - Paris
Publié le 13 mai 2019 - 00:05
Image
Le Défenseur des droits Jacques Toubon, le 30 janvier 2018 à l'Elysée
Crédits
© Ludovic MARIN / AFP/Archives
Le Défenseur des droits Jacques Toubon, le 30 janvier 2018 à l'Elysée
© Ludovic MARIN / AFP/Archives

Objets de "suspicion", les étrangers malades ont souvent du mal à se faire soigner, tant leurs droits sont "fragiles" et parfois entravés par des pratiques "illégales", s'est inquiété le Défenseur des droits Jacques Toubon dans un rapport publié lundi.

Trois ans après un premier rapport, M. Toubon renouvelle son constat d'"idées préconçues" irriguant les règles applicables aux étrangers, avec une "suspicion" qui "rend plus difficile l'exercice des droits des personnes malades étrangères".

Ainsi, pour les étrangers en situation régulière, la réforme de l'assurance maladie instaurant la "Protection universelle maladie" en 2015 a conduit à "un recul imprévu" des droits pour de nombreuses personnes: contrôle de la régularité du séjour "plus restrictif qu'auparavant", difficultés d'affiliation pour les étrangers récemment installés en France...

Le rapport souligne aussi des "difficultés accrues" des étrangers malades à obtenir un titre de séjour pour se faire soigner, depuis une réforme de 2016 qui a conduit à une "baisse drastique des avis médicaux favorables au maintien sur le territoire".

Notamment "l'accès au séjour des personnes porteuses du VIH demeure préoccupant", note le Défenseur.

M. Toubon revient ainsi sur les "préjugés" entourant les étrangers malades, et notamment celui d'un "appel d'air" censément créé par le système de soins français. Or cette idée est "contredite par plusieurs études", la majorité des malades découvrant leur pathologie "à l’occasion de bilans de santé réalisés bien après" l'entrée sur le territoire.

Seuls 2% des 255.550 titres de séjour délivrés l'an dernier l'ont été pour raison médicale, rappelle le rapport.

Pour les étrangers en situation irrégulière, le Défenseur déplore avec l'Aide médicale d'Etat (AME) "un dispositif dérogatoire, coûteux et favorisant des pratiques discriminatoires", avec des "refus de soins" illégaux mais souvent justifiés "par le surcoût administratif voire financier" pour les médecins.

Cela peut passer par "un refus direct" de prise en charge ou être "indirect", via des horaires limités de rendez-vous ou la demande de justificatifs administratifs supplémentaires, ajoute le rapport.

Enfin, alors que certains appellent régulièrement à supprimer l'AME jugée trop coûteuse, le rapport rappelle son "enjeu majeur de santé publique", et met en garde contre le risque de réserver à certains un "accès résiduel" aux soins: la prise en charge tardive d'une personne non soignée "sera plus lourde qu'une prise en charge précoce", rappelle-t-il.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.