Explosion de la rue de Trévise : la détresse d'Amor, en attente d'indemnisation

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Par Nicolas KIENAST - Paris (AFP)
Publié le 12 janvier 2021 - 08:51
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L'angle de la rue Sainte-Cécile et de la rue de Trévise, à Paris, après une très forte explosion provoquée par une fuite de gaz, le 12 janvier 2019
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© Carl LABROSSE / AFP/Archives
L'angle de la rue Sainte-Cécile et de la rue de Trévise, à Paris, après une très forte explosion provoquée par une fuite de gaz, le 12 janvier 2019
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Faute d'argent pour refaire ses dents, Amor Ben Taziri ne peut toujours pas "croquer dans un morceau de pain". Grièvement blessé par l'explosion de la rue de Trévise à Paris il y a deux ans, il témoigne de sa "colère" face à la lenteur de l'indemnisation.

"Je ne sais pas pourquoi ça traîne, je ne sais pas à quelle porte frapper. Ils pourraient au moins faire quelque chose pour les personnes touchées physiquement. Il paraît que les sinistrés ont été relogés, alors qu’ils n'ont pas été touchés physiquement..."

Employé de l'hôtel situé face au lieu du sinistre, Amor Ben Taziri a perdu "toutes ses dents", l'usage de son oeil gauche, de deux doigts qui sont "comme du bois" et probablement de la quasi totalité de son épaule gauche lors de l'explosion au gaz au 6, rue de Trévise, qui a tué quatre personnes, dont deux pompiers, et en a blessé 66 autres.

La mairie de Paris et le syndic de copropriété ont été mis en examen en septembre, mais les négociations sur l'indemnisation sont toujours en cours. Amor, qui doit se faire aider pour "toutes les démarches administratives, même lire le courrier", le regrette.

Une première indemnisation pourrait par exemple lui permettre de refaire sa dentition. "La mutuelle et la sécurité sociale remboursent 60 euros sur un devis d'un peu plus de 26.000 euros, avec les dents les moins chères possible. Là, j’ai un dentier que je retire tous les jours. Je ne peux pas croquer dans du pain ou des fruits. Je suis obligé de manger des compotes, bouillies. Je ne sais pas pourquoi ils attendent (pour indemniser, ndlr). On est rejeté, oublié", témoigne-t-il auprès de l'AFP.

- "Mieux si j'étais mort" -

Avec une indemnité mensuelle pour son accident du travail de 1.240 euros pour un loyer de 930 euros, trois enfants à charge et alors que son épouse ne travaille pas, le quotidien est dur au plan financier.

Il l'est aussi au plan psychologique. "L'indemnisation permettrait aussi de voyager. Depuis deux ans, je ne suis pas sorti, coincé entre quatre murs. Dans mon appartement parisien, j'étouffe à ne rien faire. Même regarder la télé me fait mal à l'oeil."

Psychologiquement et physiquement, Amor, qui ne peut sortir seul - "je ne vois pas le relief" - a encore vu son état se dégrader. Il a "toujours le vertige", prend encore "des cachets pour dormir", voit systématiquement "le flash de l'explosion" et fait "demi-tour dans la rue quand il y a des travaux".

"Avant, je pouvais faire des choses chez moi. Maintenant, j'étouffe tout le temps, dès que je commence quelque chose, je lâche tout."

Il estime sa "vie d'avant finie". "Le goût de la vie, la joie, la bonne époque sont derrière moi. Heureusement que j'ai encore mes jambes, sinon je crois que je me suiciderais. Je me dis souvent que ce serait mieux si j'étais mort: ma famille pleurerait quatre jours et ce serait fini. Je ne vivrais pas ce que je suis en train de vivre."

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