Face aux critiques, Macron se pose en "Monsieur vaccin" et met la pression sur les labos

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Par Laurence BENHAMOU - Paris (AFP)
Publié le 03 février 2021 - 14:29
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Le vaccin russe Spoutnik V
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Le vaccin russe Spoutnik V
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Monté en première ligne sur les vaccins face aux critiques, Emmanuel Macron accentue la pression sur les labos, promettant une vaccination pour tous les adultes volontaires "d'ici la fin de l'été", Jean Castex et Olivier Véran défendant la stratégie du gouvernement sur le terrain.

Le Premier ministre animera lui-même jeudi à 18H00 au côté du ministre de la Santé et d'autres ministres la traditionnelle conférence de presse destinée surtout à faire "un bilan des mesures de freinage", a annoncé mercredi l'entourage de Jean Castex.

L'exécutif insiste sur le rôle central joué par les Français, qui pourront partir en vacances mais avec "une vigilance accrue et renforcée de chacun d'entre nous", comme dit peu auparavant par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, après les Conseils de défense et des ministres. Mais aucune nouvelle restriction n'est attendue alors que s'ouvre samedi la période des vacances de février.

Il s'agira aussi pour M. Castex, qui était en déplacement mercredi après-midi dans un centre de vaccination à Suresnes (Hauts-de-Seine) avec M. Véran, de revenir sur les avancées de la campagne vaccinale, même si ce n'est pas elle "qui permettra d'éviter à court terme un reconfinement ou non", a insisté mardi soir Emmanuel Macron dans une déclarations surprise sur TF1.

Pour tenter de couper court aux accusations de manque d'autonomie stratégique dans la production de vaccins, le chef de l'Etat a annoncé que plusieurs sites français démarreraient bientôt la production: un sous-traitant commencera à produire en France "courant mars" le vaccin de Moderna et un autre lancera "courant avril" la production de celui de Pfizer/BioNTech, a précisé mercredi la ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher.

"Il y a chez le chef de l'Etat une vraie volonté de montrer que le +monsieur vaccin+, c'est lui. Si la campagne est un échec, il lui sera attribué. Si c'est une réussite, aussi", commente un conseiller de l'exécutif.

- "Vigilance accrue" -

La "mobilisation nationale pour éviter un reconfinement" vise notamment à limiter la propagation des variants anglais et sud-africain, plus contagieux. Leur augmentation "est estimée (à) +50% chaque semaine" mais reste "moins importante" que dans les autres pays, a souligné le porte-parole.

Le chef de l'Etat a convoqué mardi les grands laboratoires français et européens pour les encourager à accélérer la production.

Les Français disposent depuis mardi d'un troisième vaccin, celui d'AstraZeneca, mais qui n'est pas recommandé pour les plus de 65 ans, faute de données suffisantes sur son efficacité dans cette classe d'âge.

"Pfizer a diminué sa production, (mais) a déjà rattrapé son retard dans les chaines françaises. Il a plus livré qu'il ne le devait initialement. Moderna devrait corriger dans les 3-4 semaines qui viennent. AstraZeneca, ça devrait prendre plus de temps" mais d'autres vaccins "vont peut-être arriver plus tôt que prévu" comme ceux de Janssen et Novavax, a espéré Mme Pannier-Runacher.

La ministre s'est aussi employée mercredi à répondre à la polémique entourant la biotech franco-autrichienne Valneva, qui développe un candidat-vaccin contre le Covid-19. L'entreprise livrera en priorité le Royaume-Uni, son premier investisseur, fin 2021, et le gouvernement est accusé d'avoir manqué le coche.

"Le vaccin Valneva a tout notre soutien", a assuré devant le Sénat Mme Pannier-Runacher, en soulignant que le vaccin développé par Sanofi devrait cependant être disponible avant. Un contrat de 60 millions de doses Valneva pour l'Union européenne en 2022 est actuellement "en cours de finalisation", a précisé Franck Grimaud, le directeur général, dans un entretien à l'AFP.

- Ouverture sur le vaccin russe -

Emmanuel Macron s'est aussi montré ouvert à l'utilisation du vaccin russe, Spoutnik-V - dont la revue The Lancet vient de confirmer l'efficacité à 91,3%, si les autorités de santé le valident. "Le président et la chancelière (Angela Merkel) sont parfaitement sur la même ligne", qui est de considérer, au delà de toute "approche géopolitique", que "tous les vaccins qui répondraient aux conditions de sécurité sanitaire et prouveraient leur efficacité (…) sont les bienvenus sur le territoire européen", a précisé un conseiller de l'Elysée.

Cette décision a été saluée par plusieurs responsables politiques, dont Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN), qui a appelé à travailler "en bonne intelligence avec la Russie" et à ne pas laisser "l’idéologie antirusse ruiner nos capacités à vacciner nos compatriotes!".

Lundi soir, on comptait plus de 1,54 million de premières injections en France, alors que 2,6 millions de doses ont déjà été reçues et 1,1 million sont attendues d'ici la fin de la semaine.

Le coronavirus circule toujours activement dans le pays, avec plus de 23.000 cas positifs mardi. Les hôpitaux restent proches de la saturation avec 28.029 patients ainsi que 3.270 patients en réa, des chiffres qui continuent à progresser lentement. Plus de 77.000 malades du Covid sont décédés en France.

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