Face aux violences sexuelles dans le sport, Maracineanu sonne la charge

Auteur:
 
Par AFP - Paris
Publié le 21 février 2020 - 18:48
Mis à jour le 22 février 2020 - 09:12
Image
La ministre Roxana Maracineanu lors d'un point presse à Paris, le 3 février 2020
Crédits
© Bertrand GUAY / AFP
La ministre française des Sports Roxana Maracineanu le 3 février 2020 à Paris
© Bertrand GUAY / AFP

"Faire de ces épreuves un sursaut salutaire": face à la vague sans précédent de révélations de cas de violences sexuelles qui secoue le sport français, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a sonné la charge lors de la convention nationale consacrée à ces abus, vendredi à Paris.

"Notre système a fauté depuis trop longtemps, à tous les étages. N'attendons pas, agissons maintenant, avec une mobilisation totale, sans concession. (...) Agissons vite et fort", a exhorté Roxana Maracineanu, après avoir ouvert la journée par des extraits de témoignages de victimes, "des paroles crues, violentes, qu'il est temps d'entendre, enfin."

"Performer ou avoir encore plus de licenciés ne peut plus être la seule priorité du mouvement sportif, la première (...) doit être d'assurer (la) sécurité, physique et morale" des enfants, a-t-elle martelé.

"Maintenant que la parole se libère (...), le sport français doit agir d'un même mouvement", a appelé la ministre.

"Nous devons faire de ces épreuves un sursaut salutaire", a-t-elle insisté, en remerciant les victimes qui ont témoigné ces dernières semaines de nous avoir "ouvert les yeux" et "les oreilles".

- Contrôle progressif des bénévoles -

Présentée comme un "temps d'information et de mobilisation" par le ministère, avant une phase de réflexion collective qui aboutira à une feuille de route "courant mai", l'événement a toutefois été l'occasion de présenter de premières mesures.

Roxana Maracineanu a d'abord entériné qu'elle "entend généraliser le contrôle d'honorabilité des bénévoles à toutes les fédérations". Toutefois, l'élargissement de ce dispositif destiné à vérifier leurs antécédents judiciaires passera par une étape intermédiaire: son extension à la Fédération française de football (FFF), a-t-elle annoncé, sans préciser de calendrier.

"Avec deux millions de licenciés, ça nous donnera un bon indicateur de comment ça peut se passer", a estimé la ministre.

A ce stade, ce contrôle n'est systématique que pour les éducateurs professionnels. Pour les bénévoles, une expérimentation est menée depuis la rentrée dernière dans la ligue régionale de foot du Centre-Val de Loire. A terme, ce sont près de deux millions de bénévoles sportifs (éducateurs et dirigeants) qui seraient concernés.

Roxana Maracineanu a par ailleurs annoncé la nomination d'une déléguée ministérielle chargée de la lutte contre les violences dans le sport, Fabienne Bourdais, issue de l'inspection générale.

Quant à la cellule d'écoute mise en place au sein même des services du ministère depuis plusieurs mois, ses effectifs vont passer de trois personnes dédiées à six.

- Message aux fédérations -

La ministre des Sports a profité de cette journée d'échanges qui a rassemblé plusieurs centaines d'acteurs du monde du sport et du tissu associatif pour faire passer un message clair aux fédérations et à leurs présidents, en particulier à ceux l'ayant séchée (onze présidents de fédérations olympiques étaient présents).

"Les présidents qui n'étaient pas là pour X ou Y raison, j'espère qu'ils seront là demain", a-t-elle lancé. "Ce n'est pas un problème de femmes, c'est un problème d'instances, et de hautes instances."

A l'approche des élections fédérales, qui suivront les JO-2020, Roxana Maracineanu a engagé les futurs candidats à faire de la lutte contre les violences sexuelles un thème central de leur projet.

Dans la matinée, l'assemblée a vécu un moment fort quand l'ancienne championne de patinage artistique Sarah Abitbol, s'st exprimée.

Son livre (Un si long silence, Plon) paru fin janvier, dans lequel elle dénonce les viols commis par son ex-entraîneur Gilles Beyer quand elle était adolescente au début des années 1990, a marqué le point de départ d'une accumulation de révélations d'autres affaires.

"Je n'aurais jamais imaginé prendre la parole sans honte. La honte se transforme en fierté, c'est ma plus belle victoire, ma médaille d'or olympique", s'est-elle félicitée avec émotion, avant de recevoir une longue ovation debout.

Depuis que Sarah Abitbol et d'autres anciennes patineuses ont brisé le silence il y a trois semaines, les témoignages de victimes se sont multipliés, dans différentes disciplines sportives: football, équitation, escalade, ski ou encore athlétisme.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.