Féminicide de Julie Douib : "la douleur à perpétuité" des enfants

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Par Maureen COFFLARD - Bastia (AFP)
Publié le 15 juin 2021 - 16:41
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La cour d'assises de Bastia avant l'ouverture du procès de Bruno Garcia-Cruciani, le 10 juin 2021, pour l'assassinat de son ex-compagne Julie Douib
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© Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP
Palais de justice de Bastia, le 10 juin 2021
© Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Jugé pour le féminicide de Julie Douib, Bruno Garcia-Cruciani a refusé mardi de présenter des excuses à la famille de son ex-compagne, disant les réserver à ses enfants, qu'il a pourtant condamnés à une "douleur à perpétuité" selon leur avocate.

Devant les assises de Bastia, l'accusé d'un féminicide qui avait suscité une onde de choc en France a répété à de nombreuses reprises qu'il n'allait pas "se positionner en victime" et qu'il allait "assumer" ses actes, tout en niant la préméditation: "Je n'avais rien préparé".

"Je ne peux pas revenir en arrière. J'ai enlevé la mère à mes enfants. Et les excuses et les regrets, je les donnerai à mes enfants", a ajouté le quadragénaire, refusant en revanche d'en présenter aux parents de son ex-compagne, présents dans la salle d'audience depuis le début du procès jeudi: "Je ne peux pas".

"Les plus grandes victimes" de cette affaire après Julie sont les enfants, aujourd'hui âgés de 10 et 13 ans, a de son côté souligné Me Francesca Seatelli, qui est leur avocate du côté des parties civiles. "Un mauvais mari n’est jamais, ne sera jamais un bon père", a-t-elle lancé.

Bruno Garcia-Cruciani a "utilisé" ses enfants "comme un propriétaire" et veut "les récupérer pour lui, pas pour eux". Ils "savent que leur vie à eux n'a pas suffi à sauver la vie de leur mère", âgée de 34 ans au moment de l'assassinat, a-t-elle asséné avant de demander à la cour de leur dire, par son jugement, "que ce n'est pas leur faute".

Aujourd'hui jugé aux assises, il affrontera demain "le jugement de ses enfants" qui ont transmis une question à poser à leur père: "Pourquoi il a fait ça"?

- "Voleur d'amour" -

"Comment M. Garcia avez-vous pu ainsi trahir vos enfants, ces petits garçons à qui vous avez donné la vie!", a-t-elle lancé à l'accusé. "Qu'avez-vous dans le cœur pour les aimer aussi mal?"

Appelant la cour à "protéger ces enfants", l'avocate a décrit des garçons "terrifiés à l'idée que leur père vienne les chercher et les arracher à leur famille", alors que Bruno Garcia-Cruciani a affirmé vouloir contester la garde aux parents de Julie Douib, pour les ramener en Corse.

"Mes enfants, ça fait deux ans et deux mois que je ne les vois pas", a beaucoup répété l'accusé. "C'est ce qui arrive quand on tue leur mère", a lâché, cinglante, Me Seatelli. "N'oubliez pas ces deux enfants que leur père a condamné à la douleur à perpétuité."

Interrogé sur les faits, l'accusé a réaffirmé avoir eu l'intention le matin du jour fatidique de se rendre à son stand de tir. Il assure avoir ensuite changé d'avis et s'être rendu chez Julie Douib.

Il a nié également avoir tiré dans son jardin avec un silencieux la veille des faits, comme ses enfants l'ont dit aux enquêteurs. Pour Me Seatelli, cet épisode "signe la préméditation" pour les enfants qui "savent que papa a tué maman de manière réfléchie".

Pour Jean-Sébastien De Casalta, avocat de la famille Douib, "c'est plus qu'un assassinat". "Tuer la mère de ses enfants n'est pas un crime ordinaire. La loi le dit. Le coeur le dit", a-t-il lancé, qualifiant l'accusé de "voleur de vie" et de "voleur d'amour".

Concernant les violences commises sur son ex-compagne, Bruno Garcia-Cruciani dit: "Je n'ai jamais mis de coup de poing ou de gifle à Julie, je ne l'ai pas traînée par terre", mais il reconnaît des "disputes conflictuelles" en présence des enfants, avec des empoignades laissant des bleus sur les bras.

"Il y a un seul responsable, il est là (..) devant vous", a-t-il dit, ajoutant: "Je vais faire ma peine. Le tout, c'est de ne pas faire le procès de l'exemple".

Me Lia Simoni, également là pour les parties civiles, a demandé à la cour "de le déclarer coupable d'assassinat (...), non pas pour l'exemple mais pour la singularité de ce dossier et son écoeurante particularité".

Le verdict est attendu mercredi. L'accusé encourt la réclusion à perpétuité.

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