Fessenheim : une reconversion économique toujours dans les limbes

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Par Marie JULIEN - Strasbourg (AFP)
Publié le 25 juin 2020 - 09:54
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La centrale nucléaire de Fessenheim le 23 juin 2020
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© SEBASTIEN BOZON / AFP/Archives
La centrale nucléaire de Fessenheim le 23 juin 2020
© SEBASTIEN BOZON / AFP/Archives

Attirer des entreprises innovantes, miser sur le franco-allemand, développer les énergies vertes, favoriser le tourisme: à quelques jours de l'arrêt complet de la centrale nucléaire de Fessenheim, ces projets qui visent à compenser les emplois perdus restent au stade d'ébauche, laissant augurer un trou d'air économique.

En février, quand le premier réacteur a été éteint, les projets d'alternatives économiques à la centrale dans cette zone proche de la frontière allemande, entre Colmar et Mulhouse, en étaient encore au stade des discussions, qu'il s'agisse de la création d'une zone économique le long du Rhin pour attirer des entreprises, du développement du port fluvial ou d'un "technocentre" de recyclage de matériaux métalliques.

Cinq mois plus tard, "on est exactement dans la même situation", se désespère le maire de la commune de 2.500 habitants, Claude Brender, qui parle "d'incertitude totale" sur nombre de sujets.

Pour l'édile réélu le 15 mars et fervent défenseur de la centrale, cela ne fait aucun doute: le trou d'air tant redouté "aura lieu". "Il n'y a aucune perspective à court terme sur le bassin d'emploi de Fessenheim", regrette-t-il.

Une usine de biocombustible issu du bois est bien en projet, avec plusieurs centaines d'emplois à la clé, mais sa mise en service par le groupe Européenne de biomasse n'est pas prévue avant 2023-2024.

"Clairement, après la fermeture, on se retrouve complètement à sec et très loin de tout projet de territoire", a également estimé le président de la région Grand Est, Jean Rottner, interrogé jeudi par la mission d'information parlementaire sur la fermeture de la centrale.

"C'est quelque chose qu'on aurait dû commencer il y a 5 ou 10 ans pour être prêt aujourd'hui", a-t-il regretté, critiquant une "décision politique" de l'Etat prise "sans avoir mis au préalable les outils de remplacement en place".

Seuls soixante salariés EDF resteront pour le démantèlement de la centrale vers 2024. Fin 2017, ils étaient encore 750 ainsi que 300 prestataires.

- "Indifférence de l'Etat"-

A l'approche de l'arrêt définitif de la centrale, les élus locaux pestent à tout va contre "l'indifférence de l'Etat", malgré un "projet d'avenir" signé début 2019 avec l'ambition de faire de cette zone un modèle de reconversion industrielle et énergétique.

Le député LR, Raphaël Schellenberger, à la tête de la mission parlementaire, a critiqué "un manque d'engagement et d'intérêt de l'Etat", tandis que la présidente du Haut-Rhin, Brigitte Klinkert, juge qu'il faut "impérativement passer à la vitesse supérieure".

Présentée comme "l'outil opérationnel" de la reconversion du territoire de Fessenheim, la société d'économie mixte (SEM) franco-allemande, annoncée en janvier, n'est toujours pas concrétisée.

"La mise en place de la SEM se poursuit, la date prévisionnelle de création est fixée à fin 2020", assure-t-on toutefois à la région Grand Est qui en sera le principal actionnaire, précisant qu'un directeur général devrait prendre ses fonctions en septembre.

Autrefois zone agricole pauvre, le village de Fessenheim et ses alentours ont vu arriver avec la centrale nucléaire des dizaines de familles dotées de bons revenus, mais aussi des millions d'euros de retombées fiscales. La commune a pu ainsi développer services et infrastructures et voir s'installer un nombre de commerces particulièrement important pour sa taille. Un atout précieux pour l'avenir.

Sur la vingtaine de maisons mises en vente, dix-sept ont déjà trouvé preneurs, selon le maire. "C'est le côté un peu rassurant, ça veut dire que Fessenheim reste attractif, mais c'est le résultat de ces années d'investissements (...) et ça c'est grâce aux retombées de la centrale nucléaire", souligne Claude Brender.

La communauté de communes continue aussi de réclamer un geste fiscal de l'Etat. Pour l'heure et en dépit de la réduction progressive des 6,5 millions d'euros de recettes fiscales provenant de la centrale, elle doit continuer à verser près de la moitié de cette somme au Fonds national de garantie individuelle des ressources (FNGIR) qui a succédé à la taxe professionnelle et dont les contributions sont fixes. "On nous balade encore une fois", s'énerve le maire.

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