Fonderies : les rouages grippés de l'automobile en France

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Par AFP - Paris
Publié le 28 avril 2021 - 23:41
Mis à jour le 29 avril 2021 - 14:20
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Devant la Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan) le 28 avril 2021
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© Fred TANNEAU / AFP
Devant la Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan) le 28 avril 2021
© Fred TANNEAU / AFP

Fonderie de Bretagne, Gupta, MBF Aluminium: les menaces se multiplient sur les fonderies françaises, des rouages essentiels de l'industrie automobile qui doivent se transformer.

De la serrure au moteur

Les fonderies fabriquent plus d'une centaine de pièces en fonte ou en aluminium destinées à l'automobile, des barillets de serrure aux blocs moteur thermique.

Avec 5,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, la France est troisième au niveau européen pour la fonderie en général, selon une étude réalisée en 2020 par le cabinet Roland Berger pour la Plateforme automobile (PFA), qui représente le secteur.

La moitié du marché français est dédiée à l'aluminium, dont 80% (soit 2 milliards par an) sert l'automobile, entre une douzaine de gros indépendants, les structures des géants de l'automobile et une centaine de petites fonderies, aux situations très contrastées.

Au total, la fonderie automobile représente 13.500 emplois en France.

5.200 emplois sur la sellette

A la Fonderie de Bretagne (Morbihan), 350 personnes fabriquent pour Renault des bras de suspension ou des coudes d'échappement.

En pleine cure d'austérité, le Losange a décidé de revendre la fonderie. Des salariés, qui voyaient cette décision arriver depuis plusieurs années, bloquent l'usine depuis mardi.

"On veut rester dans le groupe Renault et récupérer nos volumes de production", a déclaré à l'AFP le responsable CGT du site, Maël Le Goff.

En Meurthe-et-Moselle, la fonderie FVM a été placée en liquidation. MBF, dans le Jura, et Sam, dans l'Aveyron, sont menacées.

Dans la Vienne et dans l'Indre, trois fonderies (850 salariés) ont également été placées en redressement, écrasées par les dettes de leur maison-mère, le groupe du magnat indo-britannique Sanjeev Gupta.

D'ici à 2030, 5.200 emplois seraient menacés par "la contraction des marchés sur lesquels sont positionnés les fondeurs français", selon le cabinet Roland Berger.

La fonte s'effondre

La chute de la fonte a été accélérée par la délocalisation de la production automobile et le recul des moteurs diesel, mais aussi par l'effondrement du marché avec la pandémie.

Pouvait-on s'attendre à ces évolutions? Oui, mais elles ont été plus rapides que prévu, indique à l'AFP Wilfrid Boyault, directeur de la Fédération forge fonderie.

Surtout, les fonderies automobiles, moins compétitives que leurs voisines européennes, ont été fragilisées par "des années de pression sur les prix" de la part des constructeurs et autres clients, et n'ont plus les moyens d'investir, selon M. Boyault.

Aluminium et concentration

Au cours des dix prochaines années, la fonte coulée sera remplacée par l’aluminium, prévient Roland Berger, et l'industrie doit s'adapter. Il faudrait orienter les fonderies fonte hors du secteur automobile, consolider la fonderie automobile autour de deux champions puissants, et miser sur l'innovation.

"Notre outil de production est trop petit, trop dispersé sur le territoire", a souligné lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à l'issue d'un comité stratégique de la filière.

"On peut imaginer que les pièces des voitures de demain seront des pièces aluminium de structure ou de châssis, volumineuses et techniques", qui nécessitent d'investir dans des presses très puissantes comme le fait Tesla, abonde Wilfrid Boyault. "Encore faudrait-il que l'assemblage des véhicules soit fait en France", a-t-il souligné.

"Sauver la moitié"

Le gouvernement a proposé lundi un "plan d'action" pour les fonderies, qui comprend un fonds exceptionnel de 50 millions d'euros pour la reconversion des salariés, que ce soit pour leur formation ou leur mobilité.

S'il y a une action concertée entre l'Etat, les constructeurs et les fondeurs, "on pourrait sauver la moitié des emplois +à risque+", estime Roland Berger.

Le plan prévoit d'accompagner les investissements et les projets de consolidation, mais aussi de surveiller les relations entre les fonderies et les constructeurs.

Mais la CGT Métallurgie a jugé "scandaleux" ce plan qui "finance les licenciements", proposant plutôt de relocaliser la production des voitures les plus populaires.

Pour FO, "il est impératif d’aller plus loin que la seule reconversion des salariés". "Offrir un avenir à la filière passe avant tout par la préservation des sites, des compétences et des savoir-faire irremplaçables des salariés des fonderies", a souligné le syndicat jeudi dans un communiqué.

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