"Food traboule" et suites connectées pour faire revivre une icône du Vieux Lyon

Auteur:
 
Par Frédéric GARLAN - Lyon (AFP)
Publié le 13 janvier 2020 - 08:00
Image
Tabata et Ludovic May à la "Tour Rose" qui accueille un "food court" et des suites connectées, le 10 janvier 2020 à Lyon
Crédits
© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Tabata et Ludovic May à la "Tour Rose" qui accueille un "food court" et des suites connectées, le 10 janvier 2020 à Lyon
© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

L'endroit attirait le tout-Lyon dans les années 80 avant de connaître une longue déshérence, ponctuée de dépôts de bilan: la Tour Rose renaît aujourd'hui grâce aux ingénieuses solutions trouvées par quatre entrepreneurs pour redonner vie à un lieu réputé ingérable.

Dédale d'escaliers, de terrasses et de jardins secrets niché au cœur du Vieux Lyon - le quartier Renaissance coincé entre la Saône et les pentes de Fourvière - le bâtiment accueille à partir de mercredi un "food court" de chefs et 14 suites connectées offrant le confort d'un hôtel quatre étoiles.

C'est la solution imaginée pour trouver un équilibre économique pour cet ancien hôtel-restaurant célèbre pour ses concerts de jazz qui, en dépit de sa taille, n'offrait pas assez de tables ni de chambres pour être rentable.

Sur trois niveaux, douze cuisiniers y réaliseront en direct devant leurs clients des plats à base de produits frais et locaux. Avec chacun sa spécialité, de la cuisine lyonnaise aux tapas, en passant par la viande grillée, la pâtisserie et la cuisine de pub.

La "Food traboule", ainsi baptisée en référence aux étroits passages publics couverts qui sillonnent les quartiers anciens de la ville, s'affiche "gastronomique" pour se distinguer des autres espaces de restauration partagés qui fleurissent en Europe.

"Je veux redonner du sens au mot +gastronomie+", lance Tabata Mey qui, avec son mari Ludovic, porte la partie restauration du projet. "La gastronomie, ça ne doit pas être forcément cher. C'est faire du bon avec de bons produits. Un bon poulet rôti avec de bonnes pommes de terre, c'est gastro!".

Jusqu'à 240 personnes pourront prendre place de 11H00 à 23H00 dans les sept salles du lieu, offrant sept ambiances différentes sur 660 mètres carrés.

- Taper sur les doigts -

"La force de notre projet, c'est que les chefs ont tous fait leurs preuves ailleurs", ajoute Mme Mey, dont le restaurant Les Apothicaires est l'un des plus en vue de Lyon.

Les cuisiniers du Food Traboule, tous indépendants, ont été sélectionnés par le couple Mey qui sera là - dixit madame - "pour taper sur les doigts si les exigences de qualité ne sont pas remplies".

Certains des chefs annoncés ont finalement renoncé, le projet ayant pris une année de retard en raison de la difficulté à reconfigurer les lieux dans cette zone historique sauvegardée.

Le projet a aussi permis d'embaucher huit réfugiés, affectés aux tâches communes aux restaurateurs (plonge, débarrassage des tables..). Le lieu se veut aussi écologique, avec l'installation de deux deshydrateurs - "à 30.000 euros pièce!" - qui permettront de transformer les restes de nourriture en compost.

Côté hôtellerie, les 14 chambres seront gérées par MiHotel, petite société lyonnaise qui gère des suites disséminées dans des immeubles cossus des beaux quartiers, offrant des prestations comparables à celles d'un hôtel grâce à une informatique perfectionnée.

Comme toujours chez MiHotel, aucune des suites conçues par la designer Nathalie Rives n'est identique.

- "Pompeï" -

Inoccupé depuis trois ans, le bâtiment a exigé des travaux de rénovation considérables.

"Quand j'ai visité les lieux, on avait l'impression que tout le monde était parti en courant et que le temps s'était arrêté. Il y avait encore une chemise posée sur une planche à repasser avec le fer à côté", se rappelle la maire du 5e arrondissement Béatrice Gailliout.

"C'était Pompeï", résume Nathalie Grynbaum, l'une de deux cofondatrices de MiHotel.

"On a pris des risques énormes, mais on y croit", assument Tabata et Ludovic Mey qui ont financé seuls, avec leur banque, les près de 3 millions d'euros du chantier. MiHôtel a également payé sa part de la rénovation, alors que, dans son modèle habituel, les travaux sont portés par un investisseur extérieur.

Le projet a été fortement soutenu par la ville qui avait racheté il y a quelques années le bâtiment pour le sauver de la ruine, via sa foncière SACVL, et a assuré le ravalement des façades.

"C'est bien qu'un projet de qualité redonne une nouvelle vie à ce lieu", se félicite Mme Gailliout.

Reste à faire revenir les Lyonnais dans un quartier qu'ils ont largement déserté depuis qu'il s'est vendu au tourisme de masse.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.