ETA : Josu Ternera, remis en liberté sous contrôle judiciaire

Auteur:
 
Par María Elena BUCHELI - Paris (AFP)
Publié le 19 juin 2019 - 18:14
Image
Egoitz Urrutikoetxea, fils de l'ancien leader de l'ETA Josu Ternera, le 13 juin 2019 à Lyon, dans le sud-est de la France
Crédits
© PHILIPPE DESMAZES / AFP
Egoitz Urrutikoetxea, fils de l'ancien leader de l'ETA Josu Ternera, le 13 juin 2019 à Lyon, dans le sud-est de la France
© PHILIPPE DESMAZES / AFP

La justice française a remis mercredi en liberté, sous contrôle judiciaire, l'ancien chef de l'aile politique de l'organisation séparatiste basque ETA, Josu Ternera, arrêté à la mi-mai en France où il a été condamné deux fois par contumace.

Le leader indépendantiste, également réclamé par la justice espagnole, devra remettre son passeport et ne pourra pas quitter le territoire français. Il devra pointer une fois par semaine dans un commissariat, a indiqué la cour d'appel de Paris.

Ses avocats Laure Heinich-Luijer et Laurent Pasquet Marinacce ont argué que le maintien en détention provisoire de M. Ternera, en attente de nouveaux jugements, était "incompatible avec son état de santé".

Selon les médias espagnols, l'ancien "etarra" de 68 ans souffrirait d'un cancer. Il avait été arrêté le 16 mai, après plus de 16 ans de cavale, sur le parking d'un hôpital français où il se rendait pour être soigné.

"La détention doit constituer une exception quand il y a des éléments permettant d'affirmer que le prévenu se présentera au tribunal", a déclaré à l'AFP Me Marinacce, évoquant une "victoire pour la justice".

Interrogée, Consuelo Ordóñez, présidente du Collectif des victimes du terrorisme du Pays basque (Covite), a exigé que M. Ternera soit extradé vers l'Espagne. "Nous le réclamons depuis 17 ans", a-t-elle rappelé.

M. Ternera est notamment recherché pour son rôle présumé dans un attentat commis en 1987 contre une caserne de la garde civile à Saragosse, dans le nord de l'Espagne, qui avait fait 11 morts, dont cinq enfants.

Dans cette affaire, la justice espagnole a demandé récemment à la France de lui remettre l'indépendantiste. Il est également recherché pour son implication présumée dans l'assassinat, en 1980, d'un cadre du groupe Michelin en Espagne, selon des médias hispaniques.

- "L'abuelo" -

Présents à l'audience, le fils et la fille de Josu Ternera, Egoitz et Irati Urrutikoetxea, ont plongé dans les bras l'un de l'autre en apprenant la remise en liberté de leur père. Cette décision "ouvre de nouvelles perspectives sur la voie de la réconciliation", a assuré Egoitz.

La cour a par ailleurs reporté sine die l'étude du recours formé par M. Ternera contre sa condamnation à sept ans de prison, prononcée le 1er décembre 2010 en France en son absence, pour "association de malfaiteurs terroriste".

L'indépendantiste basque conteste également une autre condamnation, à huit ans de prison, pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste", le 1er mai 2017 par le tribunal correctionnel de Paris. Cette peine lui avait également été infligée alors qu'il était en fuite. Ce même tribunal doit se prononcer sur ce recours le 28 juin.

Josu Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, de son vrai nom, a été à partir de la fin des années 70 le chef de l'appareil politique de l'ETA.

"Ternera, c'était l'+abuelo+ (grand-père) de l'organisation (...) respecté pour sa trajectoire", selon Gorka Landaburu, directeur du magazine Cambio16 et rescapé d'un attentat de l'ETA.

"Il a pris rapidement le pouvoir à la fin des années 1970 et a été un des chefs d'ETA au moment des attentats les plus meurtriers dans les années 1980", ajoute-t-il.

Il est alors considéré comme l'instigateur de la stratégie d'attentats à la voiture piégée. Et celui qui a mis sur pied le commando "itinérant" d'ETA, formé de militants français, le plus meurtrier de l'organisation.

Il avait été interpellé une première fois en France en 1989, à Bayonne (Pays basque français), une grenade à la main et muni de faux papiers, puis condamné à 10 ans de prison et expulsé vers l'Espagne après sa remise en liberté en 1996.

Il s'était alors petit à petit fait le promoteur de négociations de paix avec l'État espagnol, avant d'être écarté de la direction du groupe en 2006.

Elu en 1998 au Parlement autonome basque espagnol, il avait été désigné en 1999 comme l'un des trois négociateurs de l'ETA dans le processus de paix finalement avorté. L'indépendantiste s'était évanoui dans la nature en 2002.

Fondée en 1959, l'ETA a tué au moins 853 personnes durant quatre décennies de violence pour l'indépendance du Pays Basque, avant de décréter un cessez-le-feu en 2011. C'est Josu Ternera qui, le 3 mai 2018, avait annoncé sa dissolution.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.