Grippe aviaire : des centaines de milliers de canards abattus ou en passe de l'être

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Par Myriam LEMETAYER - Paris (AFP)
Publié le 05 janvier 2021 - 19:09
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Elevage de canards dans le Sud-Ouest de la France, en septembre 2020
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© Philippe LOPEZ / AFP/Archives
Elevage de canards dans à Mugron, le 29 décembre 2020.
© Philippe LOPEZ / AFP/Archives

Les autorités françaises ont fait abattre plus de 200.000 canards, et 400.000 supplémentaires sont en passe de l'être, afin d'endiguer la progression du virus "très très contagieux" de la grippe aviaire dans les élevages du sud-ouest de la France, sans pour l'instant tarir les contaminations.

Quelque 100.000 canards ont été abattus à l'intérieur des foyers de contamination identifiés, tandis que 104.000 ont fait l'objet d'abattages préventifs autour de ces foyers, a indiqué mardi à l'AFP le chef des services vétérinaires et directeur général adjoint de l'alimentation Loïc Evain.

"Il en reste à peu près 400.000 à abattre" préventivement, a ajouté le responsable du ministère de l'Agriculture, notant que ce nombre était "susceptible d'évoluer" à mesure que de nouveaux foyers sont identifiés.

Le dernier bilan du ministère fait état de 61 foyers confirmés d'influenza aviaire hautement pathogène (communément appelée grippe aviaire) dans des élevages et des animaleries en France au 1er janvier, dont 48 dans le seul département des Landes.

Les foyers sont principalement situés dans la Chalosse, dans le sud du département, "une zone très densément peuplée en canards" destinés à la production de foie gras, souligne M. Evain.

"On est face à un épisode exceptionnel avec un virus très très contagieux" qui "touche des élevages de plein air mais pas seulement", rapporte le responsable ministériel.

Le virus, non dangereux pour l'Homme en l'état, a d'abord été véhiculé par les oiseaux migrateurs.

"Des experts sont réunis en ce moment même" pour évaluer la situation, poursuit-il: "Si la propagation du virus continue, il faudra qu'on prenne des mesures encore plus drastiques".

Ces mesures seront "fondées sur une base scientifique, absolument indispensable pour expliquer aux éleveurs concernés la pertinence des décisions que l'on prend", spécifie M. Evain. Un avis de l'agence de sécurité sanitaire est attendu "dans le milieu de la semaine".

Jusqu'ici, les autorités font abattre tous les palmipèdes dans un périmètre de trois kilomètres autour des foyers identifiés. Les autres espèces de volailles comme les poulets et les dindes sont aussi censées être abattus, dès lors qu'elles ont accès au plein air.

- Les abattages préventifs contestés -

Les syndicats agricoles Confédération paysanne et Modef - qui s'opposent aux abattages préventifs - ont dénoncé la gestion de la crise lors d'une conférence de presse commune dans les Landes mardi.

Ils jugent notamment trop longs les délais entre la déclaration de cas suspect et l'abattage.

"La situation est explosive", "il y a des foyers de partout", a déclaré Serge Mora, président du Modef 40.

Pour la Confédération générale de l'aviculture (CFA), affiliée à la FNSEA, il est "urgent que l'Etat renforce ses moyens d'action sur le terrain, en collaboration avec la filière, pour agir au plus près et au plus vite" afin d'endiguer le virus H5N8. Et "à tout prix éviter le scénario traumatisant de l'hiver 2016/17 où un dépeuplement [abattage] massif avait dû être mis en oeuvre dans le Sud-Ouest".

L'organisation appelle aussi l'Etat à "indemniser les éleveurs le plus rapidement possible".

"Après plusieurs années d'investissements colossaux pour respecter des mesures drastiques de biosécurité, conduisant à une augmentation du coût de production, ce nouvel épisode est un coup de massue, en particulier pour la filière palmipèdes gras déjà fragilisée par les impacts de la Covid-19", déplore la CFA.

Cette crise renvoie en effet aux crises des hivers 2015-16 et 2016-17, quand des épizooties de grippe aviaire avaient engendré des abattages massifs : plus de 25 millions de canards abattus (sur quelque 35 millions élevés en France) lors de la première crise, et 4,5 millions lors de la deuxième.

"Une fois que cette crise sera passée", au vu de son intensité, "il faudra réévaluer" les mesures de biosécurité qui avaient été édictées précédemment, a remarqué le chef des services vétérinaires.

La souche H5N8 de l'influenza aviaire, qui sévit également dans le reste de l'Europe, a d'abord été repérée en France mi-novembre, et pour la première fois dans un élevage début décembre. Ce qui s'est immédiatement traduit par la fermeture de débouchés à l'exportation comme la Chine.

"Un accord devrait pouvoir être trouvé dans les prochaines semaines" avec la Chine "sur la question clé du zonage", selon un communiqué de Bercy mardi.

Un tel accord permettrait de continuer à exporter depuis des zones restées indemnes. C'est déjà le cas avec le Japon "depuis la conclusion très récente d'un accord de zonage restreint aux seuls départements touchés par la maladie", a indiqué M. Evain.

Selon la chambre départementale d'agriculture, les Landes produisent un peu plus de 8 millions de canards par an, soit environ un tiers de la production nationale. Le département représente par ailleurs un quart de la production nationale de foie gras.

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