"Grotte sanglante" : 30 ans pour le mari trompé et 12 ans pour sa complice

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Par Isabelle LIGNER - Montpellier (AFP)
Publié le 29 janvier 2021 - 18:47
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Un coiffeur condamné à Montpellier à 30 ans de réclusion pour l'assassinat en 2014 d'un ancien amant de sa femme dans l'affaire dite de la "grotte sanglante".
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© FRANCK FIFE / AFP/Archives
Un coiffeur condamné à Montpellier à 30 ans de réclusion pour l'assassinat en 2014 d'un ancien amant de sa femme dans l'affaire dite de la "grotte sanglante".
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Un coiffeur a été condamné vendredi à Montpellier à 30 ans de réclusion pour l'assassinat en 2014 d'un ancien amant de sa femme, dont le corps avait été retrouvé à moitié calciné dans une cavité à Sète, dans l'affaire dite de la "grotte sanglante".

Audrey Louvet, la co-accusée de ce coiffeur à domicile, Rémi Chesne, a quant à elle été condamnée à 12 ans de réclusion pour avoir servi d'appât pour attirer la victime dans l'ancienne champignonnière désaffectée de Sète, où a eu lieu le crime, mais n'a pas été reconnue coupable d'assassinat.

Les deux complices encouraient la perpétuité, qui avait été requise jeudi contre Rémi Chesne. Dix ans de réclusion avaient été demandés contre Audrey Louvet.

Motivé, selon l'accusation, par l'aventure vécue par la victime avec sa femme --qui s'était suicidée en 2009--, Rémi Chesne, 51 ans, a clamé son innocence depuis le début de l'affaire et tout au long du procès qui s'était ouvert le 18 janvier.

Porté disparu le 23 juin 2014, près de la grotte de Listel à Sète, Patrick Isoird avait été retrouvé le 17 juillet dans une cavité de cette galerie souterraine du Mont Saint-Clair: pieds et poings liés, la boîte crânienne éclatée par une balle de fusil de chasse tirée à moins de 50 cm par une personne qui le surplombait, le corps calciné après une combustion de "plusieurs heures", selon le légiste.

"On a évité le pire, il était requis contre cet homme la perpétuité. Il est condamné à 30 ans, c'est une peine lourde mais ce n'est pas une peine d'élimination", a réagi auprès de la presse Luc Abratkiewicz l'un des deux défenseurs de M. Chesne, sans indiquer si son client allait ou non faire appel.

"Le secret de la grotte de Sète, c'est la vengeance d'un homme blessé" qui a "exécuté sauvagement" un "brave homme", avait assuré jeudi l'avocat général Georges Gutierrez, parlant d'un "scénario machiavélique".

Patrick Isoird avait été l'amant de l'épouse de Rémi Chesne, retrouvée pendue au domicile familial au lendemain de cette liaison, le 5 juillet 2009. M. Isoird avait alors affirmé qu'elle s'apprêtait à divorcer.

- Un "fantôme" hante le procès -

L'enquête sur la mort de Mme Chesne en 2009 avait conclu à un suicide, sans exclure "l'intervention d'un tiers". Une autre enquête, ouverte en 2017, n'a pas avancé depuis.

"Le fantôme de Nadège hante ce procès depuis son premier jour", a lancé jeudi Me Jean-Marc Darrigade, avocat de la famille de la victime.

"J'ai fait ce que Rémi me disait... J'ai jamais pensé qu'il pouvait tuer", a pour sa part assuré à la barre au cours du procès Audrey Louvet, 39 ans, décrite par l'expert psychiatre comme "fragile" et "soumise aux autres", après une enfance "marquée par des traumatismes infantiles sévères", notamment des viols incestueux.

Cette mère de deux enfants a été libérée le 11 juin, en raison d'une durée de détention préventive excessive.

"Dis la vérité, toi. Je te déteste!", a crié à plusieurs reprises la frêle femme aux longs cheveux bruns à Rémi Chesne, assis dans le box des accusés.

"Audrey Louvet est soulagée: pour la première fois de sa vie, on a cru ce qu'elle disait", a réagi vendredi son avocate Eva Fournier, parlant d'une peine "juste".

Les aveux d'Audrey Louvet "s'arrêtent au-delà de ce qu'il est possible de dire, le reste est indicible, on ne peut pas imaginer ce qui s'est passé dans ce four crématoire", avait déploré jeudi Me Darrigade, soulignant que la famille Isoird aurait voulu "toute la vérité".

Et le pénaliste de poser une hypothèse: "mort dans des conditions atroces", Patrick Isoird, a été ligoté par son "bourreau" pour "avoir le temps de lui parler, lire sur son visage la grimace de la peur et savourer".

Vendredi, après 10 jours d'un procès particulièrement éprouvant, plusieurs membres de la famille de la victime en pleurs se sont pris dans les bras à l'annonce du verdict.

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