Hommage ému à Paris aux soldats français tués au Mali

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Par Anouk RIONDET - Paris (AFP)
Publié le 04 janvier 2021 - 20:30
Mis à jour le 05 janvier 2021 - 10:12
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Les dépouilles de trois soldats français tués au Mali sur le pont Alexandre III à Paris, le 4 janvier 2021
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© Alain JOCARD / AFP
Les dépouilles de trois soldats français tués au Mali sur le pont Alexandre III à Paris, le 4 janvier 2021
© Alain JOCARD / AFP

"Ils ont donné ce qu'ils avaient de plus précieux : la vie", plusieurs centaines d'anonymes mais aussi des pompiers, des militaires et des anciens combattants ont rendu un hommage ému lundi aux trois soldats français d'une vingtaine d'années tués il y a une semaine au Mali dans l'explosion d'un engin artisanal.

"C'est la première fois que je viens à un tel événement... c'est terrible. Ils sont morts pour la France. Ils ont donné ce qu'il y a de plus précieux pour leur pays : leur vie", a confié à l'AFP Geneviève Lang, une retraitée qui accompagne son mari, commissaire à la flamme de l'Arc de Triomphe.

La foule s'était massée sur le pont Alexandre III pour voir passer le cortège funèbre de trois voitures, encadré de motos de gendarmes alignées en épis, qui l'ont accompagné vers l'hôtel des Invalides.

Le brigadier-chef Tanerii Mauri et les chasseurs de première classe Quentin Pauchet et Dorian Issakhanian, qui appartenaient au 1er régiment de chasseurs de Thierville-sur-Meuse, près de Verdun (est), effectuaient une mission d'escorte dans une zone frontalière du Niger et du Burkina Faso quand ils ont été tués dans un attentat revendiqué par le GSIM, un groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda.

A l'écart sur le pont, Hélène, employée dans un collège à Paris, amie de lycée de Dorian Issakhanian, militaire de 23 ans, est en larmes.

"Normalement, on aurait dû se voir avant qu'il rentre dans l'armée mais je travaillais donc ça ne s'est pas fait", dit-elle à l'AFP, en ajoutant qu'ils étaient "restés en contact" et que "ça (la) touche qu'il y ait autant de monde".

Deux autres soldats français ont été tués et un troisième blessé samedi dans le nord-est du Mali dans une autre attaque à l'engin explosif improvisé.

Il s'agit de deux soldats du 2ème régiment de hussards de Haguenau (est de la France), le sergent Yvonne Huynh, jeune mère de 33 ans et première femme morte au Sahel, et le brigadier Loïc Risser, 24 ans.

- "ça commence à suffire" -

"On se sent pas très bien, on préférerait saluer les soldats autrement que morts. Ça commence à suffire. Il faudrait peut-être qu'on arrête un peu avec le Mali ou alors que d'autres viennent nous aider", a commenté auprès de l'AFP Michel Ecarot, porte-drapeau de la préfecture de police de Paris et ancien para commando dans l'armée de l'air.

"Ça commence mal, l'année, il y a encore deux jeunes qui suivent, une femme et un jeune homme, c'est une catastrophe, c'est très grave", a renchéri Christiane Domart, autre porte-drapeau de la préfecture.

Les deux derniers décès ont porté à 49 le nombre de soldats français tués au Sahel depuis 2013 dans les opérations antijihadistes Serval puis Barkhane. Le bilan s'établit à 50 si on y ajoute un soldat mort au Tchad en 2013 dans le cadre de l'opération Epervier.

"Les modes opératoires ne leur laissent aucune chance : une roquette antichar plantée dans le sol avec un détonateur et une plaque.., c'est horrible", explique Philippe Favarel, directeur du service de sécurité de l'Assemblée Nationale, ancien de l'armée de l'air, dans les essais nucléaires, zone Pacifique. Pour lui, "c'est légitime que la France soit là-bas mais est-ce qu'on a les moyens, est-ce qu'on est assez nombreux dans un contexte européen, est-on suffisamment épaulés par les autres ?"

La France est présente au Sahel dans le cadre de l'opération Barkhane, qui déploie 5.100 militaires dans cette immense zone, confrontée à des violences jihadistes et une crise sécuritaire qui ont fait des milliers de morts civils et militaires ces dernières années.

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