Hubert Germain, dernier survivant des Compagnons de la Libération, est mort

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Par Raphaëlle PICARD, Michel MOUTOT - Paris (AFP)
Publié le 09 janvier 2019 - 17:58
Mis à jour le 12 octobre 2021 - 20:30
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Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération, assiste aux funérailles de Daniel Cordier aux Invalides, le 26 novembre 2020 à Paris
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© Michel Euler / POOL/AFP/Archives
Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération, assiste aux funérailles de Daniel Cordier aux Invalides, le 26 novembre 2020 à Paris
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Le dernier Compagnon de la Libération Hubert Germain, disparu à l'âge de 101 ans, s'était donné pour objectif dans la vie de "toujours rechercher le plus difficile".

Le 18 juin dernier, le centenaire coiffé de son béret vert était aux côtés d'Emmanuel Macron pour le 81e anniversaire de l'appel du général de Gaulle, au mémorial du Mont Valérien où il sera enterré.

Son épiphanie remontait à l'été 1940, la France est en pleine débâcle. Il est alors à Bordeaux où il passe le concours de d'entrée de l'Ecole navale. Ce colosse d'1m90, fils d'un général des troupes coloniales, n'a pas encore 20 ans.

"Au bout de cinq minutes je me suis dit +Mais qu'est-ce que tu fais là ?+", confiait-il à l'AFP en 2017. "Je me suis levé en disant à l'examinateur: +Je pars faire la guerre+".

Dans le port de Saint-Jean-de-Luz, le jeune homme, né le 6 août 1920 à Paris, trouve l'Arrandora Star, qui s'apprête à convoyer des soldats polonais vers l'Angleterre. Il monte à bord avec trois camarades et arrive à Londres le 24 juin 1940.

Il y a 81 ans, ce n'est pas l'Appel du 18 juin qui l'a décidé. "On ne va pas recommencer ce cinéma-là, personne ne l'a entendu, l'appel ! (...) On a tous entendu ce laïus effrayant du maréchal Pétain, disant qu'il fallait terminer la guerre et déposer les armes. Ça a été un choc".

Le souvenir de sa première rencontre avec de Gaulle, cet été-là, était intact: "Il s'arrête un instant, me regarde et me dit: +Je vais avoir besoin de vous+. Quand, à 18-19 ans, vous vous ramassez ça en pleine figure, dans le désastre général qui est là, il y a quelque chose qui vous émeut profondément".

Engagé dans les premiers au sein des Forces françaises libres (FFL), Hubert Germain est affecté sur un cuirassé, où il suit les cours d'élève officier de marine. La journée, il étudie entre les alertes, la nuit il participe à la défense antiaérienne contre les raids allemands.

Au printemps 1941, il rejoint en Palestine la 1ère division française libre destinée à combattre au Levant. Il intègre ensuite la Légion étrangère et combat en Libye.

- "Les braises ardentes" -

"Enfant, je me disais que c'est ce que je devais toujours rechercher dans ma vie: le plus difficile", confiait-il dans "Espérer pour la France", un livre d'entretiens avec Marc Leroy paru en 2020. Chef de section antichars, il se distingue lors de la bataille de Bir-Hakeim en juin 1942 et est cité à l’ordre de l'armée.

Il combat ensuite en Egypte (El Alamein), en Tunisie et débarque en Italie. Blessé à Pontecorvo, il est évacué sur Naples, où il est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle fin juin 1944.

Il participe au débarquement de Provence en août 1944. Arrivé sur la plage, il tombe dans le sable et "pleure comme un enfant": "J'avais retrouvé mon pays".

Puis il combat pour la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon, prend part aux campagnes des Vosges, d'Alsace et termine la guerre dans le sud des Alpes.

Nommé aide de camp du général Koenig, commandant les forces françaises d'occupation en Allemagne, le lieutenant Germain est démobilisé en 1946.

Le voilà attaché de direction dans une entreprise de produits chimiques, avant d'être élu maire de Saint-Chéron (Essonne) en 1953, mandat qu'il conserve jusqu'en 1965.

Devenu député de Paris en 1962, il est ministre des PTT de 1972 à 1974 et brièvement ministre chargé des relations avec le Parlement, en 1974. Il dirige ensuite la Société française de télédistribution.

"Nous étions les braises ardentes et l'Ordre de la Libération s'est donné pour mission de garder ces braises ardentes en témoignage de cette époque", disait-il à propos de cet ordre, fondé par le général de Gaulle.

"Voilà mon rôle pour le peu de temps que j'ai à vivre encore: à tous les jeunes qui aspirent à travailler pour une France belle forte, saine, je suis apte à leur en donner un message".

Seules 1.038 personnes ont reçu le titre de compagnon de la Libération. Hubert Germain, le dernier survivant, sera inhumé au Mont-Valérien, lieu de martyre de la Résistance.

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