Ile-de-France : face au risque de deuxième vague, des masques distribués dans les gares

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Par Claire GALLEN - Vincennes (AFP)
Publié le 30 avril 2020 - 18:28
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Une femme porte un masque en sortant du métro à Vincennes, le 30 avril 2020
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© Philippe LOPEZ / AFP
Une femme porte un masque en sortant du métro à Vincennes, le 30 avril 2020
© Philippe LOPEZ / AFP

"On nous en donne au travail, mais des tout petits. Celui-là, je vais le mettre": à l'entrée du métro Château-de-Vincennes, Sidi se réjouit d'avoir récupéré l'un des paquets de masques distribués gratuitement par la région jeudi.

Pour cet agent d'entretien, le petit lot de 10 masques à usage unique fournis avec mode d'emploi est le bienvenu: "On en trouvera à partir du 4 mai dans les supermarchés, mais j'ai vu le prix : 60 centimes pièce ? C'est trop cher. Je ne peux pas".

"La Poste nous en fournit quelques uns mais pas en quantité illimitée, donc c'est un plus, que ce soit pour le boulot ou la famille", renchérit Victor, postier.

La distribution est l'une des 130 organisées mercredi et jeudi dans les gares et gares routières d'Ile-de-France par la région, qui a prévu 600.000 masques pour l'opération.

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mardi que le port du masque serait obligatoire à partir du 11 mai, au moins pour les trois semaines de transition courant jusqu'au 2 juin.

Pour la région Ile-de-France, il s'agit d'une part de "commencer à amorcer l'équipement des salariés", les entreprises devant ensuite prendre le relais.

L'objectif est aussi de les protéger pour "éviter une seconde vague" de l'épidémie, explique Laurent Jeanne, conseiller régional qui a coordonné l'approvisionnement dans 13 communes.

500.000 personnes environ empruntent aujourd'hui les transports en commun en Ile-de-France, soit un dixième du trafic habituel. Mais "on sent que le mouvement est en train de s'amplifier avec les entreprises qui préparent le déconfinement", ajoute-t-il.

Ce jeudi matin, les usagers ne se bousculent pas encore au terminus de la ligne 1. Salarié du secteur médico-social, femme de ménage, fonctionnaire... une partie porte un masque -- "cousu par une copine" pour l'une, "fourni par mon employeur" pour l'autre -- mais d'autres n'en ont pas. "Il faudrait ?", demande une jeune femme.

- "Bricolage" -

Mais la présidente de la région Valérie Pécresse (ex-LR) a averti: le déconfinement en Ile-de-France, "c'est pas gagné", en raison du "goulet d'étranglement" des transports en commun.

Adreea, kinésithérapeute, en témoigne: "Je prends le métro tous les jours, la ligne 1 ça va mais la 13 c'est compliqué, je n'ai pas oublié la grève de décembre. Avec tout le monde qui reprend le travail on verra si les règles de distanciation sont respectées..."

Mme Pécresse, qui préside Ile-de-France mobilités, a promis un masque en tissu par abonné du pass Navigo pour le déconfinement. Elle a également appelé à décaler les horaires de travail pour lisser les heures de pointe.

François, cadre bancaire, n'y est pas opposé, "mais je descendrai plutôt à Nation pour éviter la correspondance", dit-il.

La région se veut en pointe face au coronavirus, avec 30 millions de masques commandés au total et environ 16 millions distribués -- dont 3,5 millions aux pharmacies la semaine dernière et d'autres aux commerçants. Jeudi 100.000 ont été attribués aux kinésithérapeutes.

"On a été les premiers à fournir des masques", explique M. Jeanne, qui vante l'échelle de la région alliant "puissance d'achat" et "agilité" sur le terrain, alors que l'Etat a parfois été "lent au démarrage" avec des "hésitations difficiles a comprendre".

Hauts-de-France, Grand Est, Paca... les régions ont généralement été très actives et, dans un contexte de concurrence internationale accrue, leurs déboires ont braqué les projecteurs sur l'effort mené lorsque d'autres acheteurs leur ont "soufflé" leurs commandes au dernier moment.

Ces opérations en font cependant tiquer certains, à un an des régionales. "Bricolage", accusent les élus Front de Gauche au Conseil régional, tandis que le groupe Ensemble Ile-de-France (PS) déplore un "coup de communication de Valérie Pécresse".

Les opposants regrettent aussi que cette opération "insuffisante" face à un "besoin important" ait été menée en s'appuyant "sur certains élus" plutôt que sur les opérateurs de transports.

L'opération a été menée "en lien avec les maires" affirme la région. A Vincennes la maire Charlotte Libert-Albanel (UDI) compte fournir 50.000 masques en tissu à ses administrés la semaine prochaine.

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