"Invraisemblable !" : à son procès, Georges Tron nie, droit dans ses bottes

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Par Alexandre MARCHAND - Paris (AFP)
Publié le 12 février 2021 - 21:44
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Brigitte Gruel, l'ancienne adjointe à la Culture du maire de Draveil Georges Tron, quittant le tribunal de Bobigny, le 15 novembre 2018, après son acquittement en première instance des accusations de
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© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP/Archives
Brigitte Gruel, l'ancienne adjointe à la Culture du maire de Draveil Georges Tron, quittant le tribunal de Bobigny, le 15 novembre 2018, après son acquittement en première instance
© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP/Archives

"Je nie absolument", "pur mensonge", "c'est dégueulasse"... Jugé en appel aux assises de Paris, l'ex-secrétaire d'État Georges Tron a fermement maintenu vendredi à la barre son démenti catégorique aux accusations de viols et agressions sexuelles de ses anciennes collaboratrices.

Confronté à leurs récits de scènes sexuelles contraintes, l'élu de 63 ans aux longs cheveux gris tirés vers l'arrière réitère devant la cour les dénégations en bloc qu'il leur oppose depuis le début de la procédure en 2011.

"Je suis tout sauf un homme parfait", concède-t-il. Mais si les presque trois semaines de procès ont exposé des "fragilités" et des "faiblesses" de sa personnalité, il soutient n'en être pas moins innocent.

Deux ex-employées de la commune de Draveil (Essonne) accusent le maire LR de leur avoir imposé des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010, généralement lors de scènes de triolisme avec son adjointe à la Culture de l'époque Brigitte Gruel.

Les deux accusés clament leur innocence et nient farouchement toute relation sexuelle avec les plaignantes, ou même entre eux. Ils ont été acquittés en première instance en 2018.

À la barre, Georges Tron affiche d'abord une attitude calme et posée. Son élocution distinguée et sa politesse appuyée envers la cour transpirent la bonne éducation.

Lorsqu'il digresse sur les différentes catégories de fonctionnaires ressurgit soudain en lui l'ancien secrétaire d'État à la Fonction publique. Un portefeuille technique dans le gouvernement de François Fillon que le scandale pour lequel il comparaît l'a forcé à quitter avec fracas.

Mais, au fil des heures, sous le feu roulant des questions de la cour, l'agacement gagne parfois Georges Tron. Certaines réponses se font plus lapidaires, plus crues.

"Est-ce que c'est le plaisir d'un homme que de mettre un doigt dans les parties d'une femme ? Je trouve ça invraisemblable !", grince l'élu, l'écharpe glissée sous son pull en cachemire gris.

- "La cible" -

"J'ai eu le malheur de dire un jour que j'aimais les femmes, cela m'a été reproché dix fois dans la procédure. Je respecte totalement les femmes !", se défend M. Tron. Pratiquant revendiqué de réflexologie plantaire, il nie toute "connotation sexuelle" aux fréquents massages de pieds qu'il prodiguait autour de lui.

L'ancien secrétaire d'Etat se retrouve toutefois à la peine lorsque la cour le presse d'expliquer une conversation téléphonique de sa maîtresse écoutée par les enquêteurs à l'automne 2011. Elle y tient des propos qui semblent confirmer en partie les dires des plaignantes.

Sylvie D. y évoque notamment des scènes sexuelles à plusieurs personnes avec Georges Tron, et parle d'une "emprise" du maire de Draveil sur les femmes.

"Il te force pas avec un flingue (...) C'est tout suggéré, c'est complètement déconnant", y déclare notamment sa maîtresse selon une transcription lue par la présidente à l'audience. "S'il est blanchi dans ce truc-là, ça va être une horreur", y dit-elle aussi.

Ces conversations sont "un moment d'extrême confusion" de la part de sa maîtresse, avec laquelle il a entretenu une relation extraconjugale jusqu'à l'année dernière, finit par avancer l'accusé.

L'édile affirme que les plaignantes participent à un "complot" lié à la vie politique de Draveil et destiné à le faire chuter. Ses adversaires politiques dans l'Essonne, dont il évoque régulièrement les noms à l'audience, semblent l'obséder, presque jusqu'à la paranoïa.

"Je suis la cible, c'est moi qu'on veut abattre", lance Georges Tron.

En première instance en 2018, la cour d'assises de Seine-Saint-Denis avait jugé crédible l'existence de scènes sexuelles mais écarté la présence d'une situation de contrainte entre l'élu et les deux femmes. Les parties civiles espèrent en appel prouver le contraire.

Le verdict est attendu mercredi prochain. Georges Tron et Brigitte Gruel encourent jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.

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