"J'ai cru mourir" : à Montpellier, le traumatisme vivace du coup de force à la fac de droit

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Par Isabelle LIGNER - Montpellier (AFP)
Publié le 27 mars 2018 - 22:11
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Assemblée générale des étudiants à l'université Paul Valéry à Montpellier, le 27 mas 2018
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© SYLVAIN THOMAS / AFP
Assemblée générale des étudiants à l'université Paul Valéry à Montpellier, le 27 mas 2018
© SYLVAIN THOMAS / AFP

"J'ai cru mourir", a témoigné une étudiante, tremblante : la brutale intervention d'hommes cagoulés à la faculté de droit a occupé une large place mardi dans les débats sur la poursuite des mobilisations universitaires à Montpellier.

Etudiante à l'université Paul-Valéry, Chloé se dresse face à des milliers d'étudiants, de professeurs et de personnels universitaires, réunis sur une pelouse en assemblée générale, pour évoquer la poursuite des blocages et mobilisations contre la loi Vidal sur l'accès aux études universitaires.

"Je n'ai jamais vécu une violence aussi extrême", souligne la jeune fille, qui participait à l'occupation d'un amphithéâtre de droit dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsque des "terroristes fascistes" ont surgi, armés de bâtons. Elle parle de "nombreuses séquelles psychologiques et physiques" après l'attaque.

"On n'a jamais imaginé ce qui allait se passer dans cet amphi", raconte aussi Arthur, un autre étudiant, à l'assemblée. "On a réveillé des gens qui sont extrêmement puissants et qui ont les moyens d'étouffer l'affaire", s'inquiète-t-il, alors que des étudiants présents affirment avoir reconnu des professeurs et chargés de TD de la fac de droit, parmi les agresseurs.

Les débats de l'AG, qui ont duré cinq heures et demi, ont opposé des étudiants favorables à la poursuite des blocages, venant souvent de l'université Paul-Valéry, à des "anti-blocus" appartenant notamment à la faculté de droit, qui appartient à une autre entité administrative, l'Université de Montpellier (UM).

- Menaces, insultes et pression -

"On est dégoûtés par ce qui s'est passé, mais on a le droit de pouvoir étudier", a soutenu au micro un étudiant en troisième année de droit, appelant à aller "bloquer la préfecture, la mairie, le rectorat plutôt que les facs". "J'appelle les étudiants de droit à défendre les droits de l'Homme", lui a ironiquement répondu une étudiante de "Paul Va".

Hors micro, plusieurs enseignants ont avoué leur "émotion" et leur "inquiétude" face à des "violences extrêmement graves, particulièrement au sein d'une enceinte universitaire".

Au moment des votes, selon une procédure contestée par les "anti-blocus", une forêt de mains s'est levée, sous la pluie, pour approuver la poursuite du blocage de l'université Paul-Valéry et son extension à d'autres facultés. Les votants ont aussi réclamé que le doyen de la faculté de droit soit "démis de ses fonctions de professeur", ou que les vigiles présents dans l'amphithéâtre au moment des incidents soient "jugés pour non-assistance à personnes en danger".

Dans un communiqué, Patrick Gilli, président de l'université Paul-Valéry, a déploré la poursuite du blocage, qui va susciter selon lui "troubles et inquiétudes chez une majorité d'étudiants". Il a annoncé que les examens seraient maintenus et porteraient "sur les enseignements qui auront été dispensés".

La présidence de l'UM a, quant à elle, annoncé mardi soir que la faculté de droit, fermée depuis les incidents, rouvrirait le 3 avril. Une enquête administrative a été entamée lundi sur l'expédition punitive et le retour de "la sérenité". Six étudiants et le président de l'UM ont porté plainte contre X et une enquête judiciaire a également été ouverte par le parquet.

Un cortège de plusieurs centaines d'étudiants a par ailleurs défilé en centre-ville, après l'AG mardi en fin d'après-midi.

Menaces, insultes et pressions se poursuivent dans l'ombre depuis les évènements survenus à la faculté de droit, assurent de nombreux étudiants.

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