La grève SNCF démarre fort, le gouvernement prévoit des "jours difficiles"

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Par Jeremy TALBOT, avec les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 03 avril 2018 - 14:13
Mis à jour le 04 avril 2018 - 01:42
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Avec un TGV sur huit en moyenne et un train régional sur cinq, les cheminots ont donné le ton mardi de la mobilisation contre la réforme de la SNCF, le gouvernement reconnaissant des "jours difficiles" en perspective pour les usagers.

Mercredi, au deuxième jour de la grève, le trafic sera encore très perturbé avec un TGV sur sept et un train régional sur cinq en moyenne, soit sensiblement la même chose que mardi, a annoncé la direction.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a dit entendre "autant les grévistes" que "ceux qui veulent aller travailler", saluant à l'Assemblée les "clients et usagers de la SNCF" qui ont "des jours difficiles devant eux". Avant de souligner lors de son direct Facebook hebdomadaire que le format de grève deux jours sur cinq était "le plus perturbateur" et le plus "gênant" pour les usagers.

Comme l'avait anticipé la SNCF, le trafic était "très perturbé" mardi, premier jour d'une grève au long cours. La direction a annoncé un taux de grévistes de 33,9% en matinée, soit moins que les 35,4% enregistrés le 22 mars. Mais parmi les "agents indispensables à la circulation des trains", le taux atteignait 48% (contre 36% le 22 mars).

- "Bras de fer social" -

Des manifestations ont ponctué la journée, dont une rassemblant 2.700 personnes à Paris, selon la police, dont "un groupe de 100 individus cagoulés et violents". Des incidents ont éclaté et cinq personnes ont été interpellées. Des manifestations ont eu lieu également à Tours, Lille, Bordeaux ou Toulouse.

Pour le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, c'est le "commencement d'un bras de fer social comme le pays en a peu connu". Présent dans le cortège parisien, il a été hué et insulté par des manifestants, comme le montre une vidéo, et a quitté assez vite la manifestation pour, selon son entourage, rejoindre l'Assemblée nationale et la séance des questions au gouvernement.

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a estimé à propos du climat social que l'herbe étant "sèche", il ne fallait "pas grand-chose pour que cela brûle". Quant à Philippe Martinez (CGT), il a appelé Emmanuel Macron et le gouvernement à "se déboucher les oreilles" face au "très grand mécontentement" social.

Les syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) s'opposent à une réforme qui "vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme". Dans leur viseur: la suppression de l'embauche au statut, l'ouverture à la concurrence et la transformation de la SNCF en société anonyme, prémices d'une future privatisation selon eux.

La réforme "n'a pas pour objet de privatiser la SNCF, elle n'a pas pour objet de fermer des petites lignes, elle n'a pas pour objet de revenir sur le statut" de cheminot, a insisté le Premier ministre.

Le projet de loi sur le pacte ferroviaire, qui prévoit un recours aux ordonnances sur certains points, sera voté en première lecture le 17 avril à l'Assemblée nationale.

Sur les grandes lignes mardi, la SNCF a recensé un TGV sur huit en moyenne. Côté Intercités, sept lignes n'étaient pas desservies. Résultat: dans les principales gares, les voyageurs étaient parfois moins nombreux que les "gilets rouges" de la SNCF mobilisés pour leur venir en aide.

Dans les régions, on comptait un TER et un Transilien sur cinq. En Ile-de-France, la circulation des RER allait d'un train sur deux à un sur cinq, avec certaines branches pas desservies.

En fin de journée, malgré les trains de banlieue bondés, l'ambiance était plutôt calme gare du Nord à Paris. Interrogée par l'AFP, Sandra, 21 ans, qui venait d'effectuer sa première journée de stage à Paris, avouait être "complètement perdue" et plus savoir "comment faire pour rentrer à Deuil-la-Barre" (Val d'Oise).

Nombreux étaient ceux ayant opté pour le covoiturage. La pénurie de trains a entraîné des bouchons inhabituels: selon Sytadin, le cumul des bouchons en Ile-de-France atteignait 365 km vers 18H15, un niveau "exceptionnel".

Le sentiment des usagers oscillait entre compréhension et agacement, à l'image de Julien Dufresne, manager commercial interrogé à Lille. "C'est leur droit de grève, ils ont le droit (...) maintenant pour ceux qui travaillent c'est un enfer. Moi, j'ai rien demandé, c'est moi qui subis."

Les remontrances du patron de la SNCF Guillaume Pepy ou de la ministre des Transports Elisabeth Borne, qui a regretté que les cheminots "persistent à s'engager dans un mouvement de grève longue et pénalisante alors que nous sommes à mi-chemin de la concertation", n'ont pas entamé la détermination des syndicats.

Avec des modalités différentes, ils sont tous lancés dans la bataille: une grève par épisode de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin pour CGT, Unsa et CFDT; une grève illimitée reconductible par 24 heures pour SUD-Rail. Un nouveau préavis a été déposé par les trois premiers, courant de 20H00 samedi 7 avril à 7H55 mardi 10.

"Les négociations se poursuivent" cette semaine, avait insisté lundi Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF.

Ce mouvement social se conjuguait mardi avec la quatrième journée de grève chez Air France pour des hausses de salaires. La compagnie avait prévu d'assurer 75% des vols.

Mais la tempête sociale touche aussi d'autres secteurs: la CGT a entamé mardi une grève pour la création d'un "service public national" des déchets et a déposé un préavis dans le secteur de l'énergie.

bur-sp-jta-er/cel/cam

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