La libération de Paris racontée par l'AFP en 1944 : 25 et 26 août

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Par AFP - Paris
Publié le 23 août 2019 - 14:09
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Liesse populaire sur les Champs-Elysées le 26 août 1944
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Liesse populaire sur les Champs-Elysées le 26 août 1944
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Le 26 août 1944, Paris tout juste libéré, l'AFP diffuse une chronologie des onze jours ayant précédé la capitulation des Allemands, après quatre années d'occupation de la capitale.

Voici les journées des 25 et 26 août racontées par le journaliste de l'AFP Jean Le Quiller.

Paris, 26 août 1944 - Vendredi 25 août - Ce matin, toutes les fenêtres se garnissent de drapeaux ; depuis plusieurs jours, tout le monde préparait les siens ; les plus acharnés cousaient consciencieusement les 48 étoiles américaines ; il se faisait une grande consommation de tenture bleue et rouge. Le résultat est inimaginable ; certains quartiers, surtout ceux qui attendent les premiers la division du (général Philippe) Leclerc (à la tête de la 2ème division blindée dite 2ème DB, ndlr), sont littéralement noyés sous les oriflammes. Avenue de Versailles et avenue Mozart, une foule immense attend les chars français. Pendant ce temps, à l'intérieur de la ville, les FFI (Forces françaises de l'intérieur, Résistance, ndlr) surveillent les bâtiments où les Allemands se sont retranchés : ceux-ci ne peuvent maintenant que se rendre à Leclerc.

Leclerc, en effet, arrive à 9h43, il est passé porte d'Orléans, debout dans une Jeep, sa célèbre canne à la main, acclamé par la foule. C'est lui qui prend la conduite des opérations dans Paris ; c'est sous ses ordres que les FFI continuent à se battre.

A 11h, les chars français commencent l'attaque de l'Ecole Militaire, et à 11h15 l'attaque du Sénat, à 13h15 la Tour Eiffel est prise.

A 14h, les chars de Leclerc arrivent à l'Etoile par l'avenue Victor Hugo, au milieu d'une foule en folie qui acclame les officiers français et conspue les Allemands qui, prisonniers ou parlementaires, sont encadrés par des soldats de Leclerc. Le siège du Majestic et du Meurice commence.

A 15h20, le Majestic se rend. A l'hôtel Meurice, le lieutenant (Henri) Karcher (aide de camp du général Koenig qui commande les FFI, ndlr) fait prisonnier le général (Dietrich) von Choltitz qui commande le "Gross Paris" ; Von Choltitz est emmené au PC du général Leclerc, à la gare Montparnasse et là, à 15h30, il signe la reddition de ses troupes (précisément, il ratifie les ordres de cessez-le-feu qui concrétisent la reddition signée juste avant à la préfecture, ndlr). Des officiers allemands accompagnés d'officiers des FFI et de Leclerc sont envoyés aux différents points de résistance pour porter l'ordre de Von Choltitz.

Certains se sont déjà rendus, d'ailleurs. A 16h, la Kommandantur cesse d’être la Kommandantur.

Le Palais Bourbon se rend à son tour. Vers 17h30, la bataille du Sénat est terminée, dernier épisode de la bataille de Paris.

En tout, 10.000 Allemands sont faits prisonniers. Les FFI ont perdu environ 1.000 tués.

De Gaulle est arrivé à Paris dans l'après-midi ; il est parti vers 15h de Rambouillet, s'est d'abord fait remettre au PC de Leclerc, gare Montparnasse, la reddition de Von Choltitz, puis est allé prendre possession du ministère de la Guerre où il arrive vers 16 heures.

A 19h30, il est à l'Hôtel de ville où Georges Bidault (président du Conseil national de la Résistance, ndlr) lui souhaite la bienvenue ; lui-même prononce quelques paroles à l'adresse de la foule, dans lesquelles cet homme froid ne peut pas cacher une émotion extraordinaire.

Samedi 26 août - Tout Paris se porte aujourd'hui vers l'Etoile où de Gaulle doit venir saluer le Soldat Inconnu, à 15h. C'est une foule comme on n'en a pas vu depuis le défilé de la victoire. De Gaulle descend à pied de l'Etoile à la Concorde, puis monte en voiture pour passer rue de Rivoli, se rend à l'Hôtel de ville, puis à Notre-Dame, où il chante le "Te Deum".

Dehors, les tireurs des toits tirent un peu partout : c'est leur dernière grande journée. A Neuilly, les FFI prennent tout un pâté de maisons encore occupé par les Allemands. Mais la bataille gagne maintenant la banlieue nord-est, la région du Bourget.

Peu après 23 heures, alerte aérienne : les Allemands, qui nous parlaient tant des gangsters de l'air américains, touchent ce soir l'hôpital Bichat et la Halle aux Vins. Dérisoire manifestation de colère qui coûte la vie à plus de 100 Français.

Mais bien vite Paris va redevenir une ville de l'arrière, tant le front s'est déplacé rapidement vers le nord et l'est.

Le 26 août au soir, l'histoire de Paris prend une nouvelle direction.

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