La ville de Blois en proie à des violences urbaines après un accident

Auteur:
 
Par Maxime MAMET, Antoine AGASSE - Blois (AFP)
Publié le 17 mars 2021 - 16:11
Image
Le procureur de la République à Blois, Frederic Chevallier en conférence de presse le 17 mars après les violences qui se sont déroulées la nuit précedente.
Crédits
© GUILLAUME SOUVANT / AFP
Le procureur de la République à Blois, Frederix Chevallier en conférence de presse le 17 mars après les violences qui se sont déroulées la nuit précedente.
© GUILLAUME SOUVANT / AFP

Camion lancé contre les forces de l'ordre, supermarché vandalisé: Blois a été, dans la nuit de mardi à mercredi, le théâtre de violences urbaines inhabituelles qui ont éclaté après un refus d'obtempérer.

Bitume brûlé, voiture et caddies calcinés devant un supermarché Aldi, ouvert moins d'une semaine plus tôt, qui a été dégradé: des habitants, venus faire leurs courses mercredi matin, étaient consternés.

"Nous sommes terriblement en colère, on a besoin de ce commerce. Huit jours après son ouverture, il est déjà détruit. On a l'impression d'être punis alors qu'on n'a rien fait", a regretté Marie-Claude, une habitante du quartier.

Mercredi matin, quelques véhicules de gendarmes mobiles patrouillaient dans le calme dans les quartiers nord de cette ville de 46.000 habitants, a constaté un journaliste de l'AFP.

Tout a commencé mardi vers 18H30 par un refus d'obtempérer, lors d'un contrôle routier de la Brigade anticriminalité (Bac). Le véhicule a pris la fuite et les policiers se sont alors lancés à sa poursuite, selon le procureur de la République de Blois, Frédéric Chevallier.

Devant les risques pris par le conducteur, les policiers mettent un terme à la poursuite, mais "le véhicule franchit un nouveau feu rouge" et percute deux autres voitures. Le conducteur parvient alors à s'enfuir tandis que ses deux passagers, connus des services de police et âgés de 15 et 18 ans, sont évacués en état d'urgence absolue.

Selon plusieurs sources, ils ne portaient pas de ceinture de sécurité au moment du choc.

Le mineur a été transféré au CHU Trousseau de Tours, en urgence absolue. État dans lequel il était toujours mercredi midi. Le majeur était lui toujours en soins à l'hôpital de Blois, dans l'attente d'un état de santé compatible avec une garde à vue.

"J'affirme qu'il n'y a jamais eu d'usage des armes par les policiers de Blois" pour arrêter le véhicule, a assuré M. Chevallier lors d'une conférence de presse.

Les conductrices des deux voitures percutées, blessées légèrement, ont également été transportées à l'hôpital.

-Camion contre force de l'ordre-

Un rassemblement de plusieurs dizaines de personnes s'est formé mardi soir sur les lieux de l'accident et ce n'est que plus tard que la situation a dégénéré avec, selon les autorités, une centaine d'émeutiers.

Vers 23H00, une station-service Avia est incendiée et certains émeutiers volent un fourgon "sans faire usage de la force", selon le procureur. L'un d'eux prend le volant, le lance vers les forces de l'ordre et les pompiers, puis saute du véhicule.

Les policiers font alors feu à douze reprises pour tenter de l'arrêter. Le camion termine sa course "dans une haie végétale", sans faire de blessé, a précisé le procureur.

"Un camion est arrivé, il a commencé à foncer vers la police", a raconté Hounir, un jeune homme témoin de la scène. "La police a commencé à stresser, elle a eu peur, et là, pan, pan, pan!"

De nombreuses vidéos ont été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant un véhicule incendié, un hélicoptère de la gendarmerie. Mais celle de ce camion fonçant vers les forces de l'ordre a particulièrement marqué les esprits. Un acte qualifié d'"inacceptable" et d'"incroyable", par le préfet du Loir-et-Cher François Pesneau.

Le procureur a ouvert une enquête, confiée à la police judiciaire d'Orléans, pour tentative d'homicide volontaire sur personnes dépositaires de l'autorité publique.

Deux autres enquêtes de flagrance ont été confiées aux policiers de Blois. L'une pour "refus d'obtempérer aggravé" concerne le volet de l'accident, l'autre concerne "l'aspect violences urbaines".

Pour mettre un termes à ces violences, des policiers de Châteauroux, Tours, Orléans et Le Mans ont été appelés en renfort dans la nuit. Deux escadrons de gendarmes mobiles, 50 gendarmes départementaux et une antenne du GIGN, (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) ont également été dépêchés sur place.

Le calme est revenu peu après 01H00. Les forces de l'ordre n'ont fait état d'aucun blessé et n'ont réalisé aucune interpellation.

"La priorité, c'est le retour au calme de façon durable", a affirmé le préfet, qui a décidé, en accord avec le cabinet du ministre de l'Intérieur, de déployer un dispositif "impressionnant" mercredi soir.

"De tels événements ne s’étaient pas produits depuis l’automne 2014", a souligné le maire de Blois Marc Gricourt (PS), en appelant au calme après des "faits de violence (...) inexcusables".

"Toute la soirée, des rumeurs, parfois extravagantes, ont défilé sur les réseaux sociaux, ces dernières n’ont évidemment pas concouru ni au calme, ni à la vérité", a dénoncé M. Gricourt.

Deux escadrons de gendarmes mobiles, des renforts des Bac de Tours, du Mans et Châteauroux seront ainsi mobilisés en soirée. "L'objectif est que le déploiement des forces empêchent de contrevenir au couvre-feu à 18h00", a expliqué le préfet, évoquant "au moins 300" membres des forces de l'ordre sur le terrain.

sm-pvt-aag-mam/gvy/mas/pb

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.