L'ancien ministre Pierre Joxe face à de nouvelles accusations d'agression sexuelle

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Par Benjamin LEGENDRE - Paris (AFP)
Publié le 13 novembre 2019 - 22:14
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A 84 ans, l'ancien ministre Pierre Joxe se retrouve visé par de nouvelles accusations d'agression sexuelle, portées cette fois par une ancienne employée à domicile, à quelques jours du procès en diffamation qu'il a intenté contre sa première accusatrice.

Ce pilier de la mitterrandie a dénoncé mercredi une "manipulation", lui qui entend défendre sa réputation le 18 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris où il a assigné en diffamation Ariane Fornia, fille de l'ex-ministre sarkozyste Eric Besson.

En octobre 2017, en pleine éclosion de la vague #MeToo, la jeune femme avait accusé l'ex-président de la Cour des comptes de l'avoir agressée lors d'une représentation à l'Opéra Bastille à Paris en mars 2010, en lui mettant à plusieurs reprises la main sur la cuisse. Des faits prescrits.

M. Joxe avait dénoncé "un tissu de contre-vérités" et demandé "des excuses écrites et publiques", ce que l'écrivaine s'était refusée à faire. "Non seulement il n'aura pas mes excuses, mais je maintiens absolument tout ce que j'ai dit", avait-elle rétorqué à cette figure de la gauche, plusieurs fois ministre et ancien membre du Conseil constitutionnel.

A cinq jours de l'audience, où les protagonistes doivent s'affronter, parole contre parole, Le Monde a dévoilé mercredi de nouvelles accusations d'attouchements, cette fois pour des faits plus récents, dénoncés par une femme qui a porté plainte.

Il s'agit d'une ancienne auxiliaire de vie ayant travaillé au domicile de M. Joxe entre septembre 2017 et décembre 2018 pour s'occuper de son épouse, atteinte d'une lourde maladie dégénérative et aujourd'hui décédée.

Saisi de cette plainte pour "agression sexuelle" et "harcèlement sexuel", déposée mardi et consultée par l'AFP, le parquet de Paris a annoncé mercredi soir avoir ouvert une enquête, confiée à la police judiciaire parisienne.

Dans sa plainte, cette Haïtienne de 40 ans affirme que M. Joxe avait d'abord installé "un climat d'incertitude (...) sur la pérennité de son contrat de travail".

Il se serait ensuite livré à des attouchements "d'une manière répétitive et quotidienne", de sorte qu'elle "était contrainte de recourir à un arrêt de travail en date du 2 juillet 2018 afin d'éviter les agressions permanentes de M. Joxe qui se faisait de plus en plus pressant et grossier".

La plaignante, arrivée en Ile-de-France au début des années 2010, avait déjà déposé une main courante fin juillet 2018 au commissariat de Bondy (Seine-Saint-Denis), évoquant des attouchements répétés, sans toutefois porter plainte à l'époque.

- Débat ravivé -

"Mon client conteste fermement ces accusations et apportera la preuve que tout cela est faux", a déclaré auprès de l'AFP l'avocat de l'ancien ministre, Me Jean-Yves Dupeux.

"Comme par hasard, cette histoire, encore plus rocambolesque que l'autre, débarque à quelques jours de l'audience au tribunal de Paris, car le dossier en face est vide", a réagi Pierre Joxe, joint par l'AFP. "La manipulation qui est en cours sera facile à démonter", a-t-il assuré.

Selon un témoignage à charge contre la plaignante, consulté par l'AFP et qui doit être évoqué lundi à l'audience par M. Joxe, l’auxiliaire de vie était alors impliquée dans un conflit avec ses employeurs et ses collègues qui se relayaient au chevet de l'épouse de l'ex-ministre.

Cette affaire survient alors que le débat sur les violences sexuelles a été ravivé la semaine dernière par le témoignage d'Adèle Haenel. Cette dernière a accusé dans Mediapart le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" quand elle était adolescente.

Dans la foulée, une photographe et ancienne mannequin, Valentine Monnier, a accusé dans Le Parisien le réalisateur Roman Polanski de l'avoir violée en 1975 en Suisse alors qu'elle avait 18 ans.

Le témoignage d'Adèle Haenel avait remis en lumière les critiques récurrentes adressées à la justice depuis la vague #MeToo. "La justice nous ignore, on ignore la justice", avait déclaré la comédienne de 30 ans d'une formule lapidaire pour justifier sa décision de ne pas porter plainte. Le parquet de Paris a toutefois décidé de sa propre initiative de lancer des investigations.

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