Le Centre français d'aguerrissement désert d'Arta, un test d'audace

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Par Daphné BENOIT - Arta (Djibouti) (AFP)
Publié le 11 février 2021 - 11:57
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Des officiers français s'entraînent au Centre d'aguerrissement désert des armées françaises à Arta, Djibouti, le 3 février 2021
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© Daphné BENOIT / AFP
Des officiers français s'entraînent au Centre d'aguerrissement désert des armées françaises à Arta, Djibouti, le 3 février 2021
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Dès l'aube, les jeunes officiers se jettent à l'eau pour franchir une série d'obstacles glissants à la force des bras. Après le parcours nautique les attend une piste d'audace, adossée à un paroi abrupte haute de 65 mètres, qui fait la réputation du Centre d'aguerrissement désert des armées françaises à Arta, Djibouti.

"Donne-moi la main, je te tire!": au fil des agrès flottants, les lieutenants s'entraident. Collectif, l'exercice matinal est autant une épreuve physique qu'un moment de cohésion.

Treillis trempé, les officiers d'infanterie sortent de la mer en courant le long de la plage de sable blanc où se nichent les locaux du CECAD (Centre d'entraînement au combat et à d'aguerrissement au désert de Djibouti), qui accueille 1.700 stagiaires par an: unités de l'armée de Terre en mission de courte durée, lieutenants des écoles d'application mais aussi soldats étrangers: Djiboutiens, Kenyans, Ougandais, Américains...

Les instructeurs présentent une série d'obstacles placés à quelques mètres du sol: poutre, câbles, rappel... De quoi se faire la main avant d'attaquer un parcours d'audace identique, mais cette fois à flanc de falaise.

"Vos mains seront pleines de transpi', mettez-les dans la poussière pour qu'elles accrochent", recommande un encadrant avant de grimper le long d'une gouttière en une fraction de secondes. "Il m'énerve, il m'énerve!", peste un lieutenant.

Lui et ses camarades sortent de deux semaines d'entraînement au combat dans les collines arides du sud de Djibouti. Pas de douche, pas de lit, de longues marches en plein soleil, des manoeuvres de jour comme de nuit... La fatigue tire les traits. Mais dans deux jours, ils auront terminé leur formation désert et intégreront leur premier régiment.

- "Tremper le fer" -

"Ca s'enchaîne", sourit le lieutenant d'infanterie Jules, 25 ans. "Mais notre passage ici n'est pas qualifiant. On y va sans pression". Pour le gros des troupes venant à Djibouti en quête du brevet français "aguerrissement désert", il en coûtera 10 jours de combat en milieu désertique et 5 jours au CECAD.

Par petits groupes, les stagiaires rallient la vallée voisine. Devant eux, une vertigineuse paroi de roche ocre, parsemée de filets, câbles et cordes: place à la "voie de l'inconscient" créée par la Légion étrangère dans les années 1980, dont le nom, peint à même la falaise, est surmonté d'une tête de mort.

"Il s'agit de dépassement de soi. Ce n'est pas très naturel de se jeter dans le vide, mais on essaie de tremper le fer. C'est un effort à la fois physique et intellectuel. Ca endurcit", commente le capitaine Benoît, 28 ans, chef du CECAD.

Pendant qu'un officier se tracte le long d'un câble suspendu dans le vide, un lieutenant renonce à sauter pour attraper l'"asperge" à deux mètres de lui, tétanisé au bord du précipice malgré les encouragements des instructeurs.

"C'est possible de retenter demain?" demande-t-il au chef du CECAD, une fois redescendu. Il essuie une sévère fin de non-recevoir: "Ici, l'échec ça n'existe pas".

"Pendant leur formation, les lieutenants font beaucoup d'aguerrissement. S'ils ne sont pas capables de maîtriser leur peur, ils ne pourront pas commander des hommes", tranche un gradé de l'Ecole d'infanterie.

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