Le fils de Josu Ternera souligne le rôle prépondérant de son père dans la fin d'ETA

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Par Odile DUPERRY - Lyon (AFP)
Publié le 14 juin 2019 - 14:44
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Egoitz Urrutikoetxea pose pour l'AFP lors d'un entretien à Lyon, le 13 juin 2019
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP
Egoitz Urrutikoetxea pose pour l'AFP lors d'un entretien à Lyon, le 13 juin 2019
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"Pendant 30 ans il a essayé de trouver une sortie au conflit" : Egoitz, le fils du leader indépendantiste "Josu Ternera", appelle à voir d'abord dans son père l'artisan du retour de la paix au Pays basque.

Josu Urrutikoetxea Bengoetxea de son vrai nom, 68 ans, a été arrêté le 16 mai à l'hôpital de Sallanches (Haute-Savoie) où il venait se faire opérer. L'ancien haut responsable de l'ETA faisait l'objet de deux mandats d'arrêt français, après des condamnations prononcées par défaut au cours de ses 17 ans de clandestinité, pour association de malfaiteurs en lien avec une activité terroriste.

"En tant que fils, et comme citoyen basque", son fils Egoitz, 45 ans, se demande, dans un entretien accordé à l'AFP à Lyon, "comment une personne ayant eu un rôle prépondérant dans la sortie (...) du conflit se retrouve dans cette situation".

1989, discussions à Alger; 2005-2006, discussions à Genève; 2011-2012, discussions à Oslo après la conférence internationale de paix de Aiete en 2011, puis lecture de l'acte de dissolution finale de l'ETA le 3 mai 2018 : "le rôle de mon père a été une constante, essayer de trouver une sortie honorable pour tout le monde du conflit".

En 2006, à Genève, quand une ligne dure l'emporte et que les attentats reprennent, "(s)on père a décidé de se retirer". Version non contestée par les autres acteurs du dossier basque.

M. Urrutikoetxea évoque d'autres militants devenus héros des sorties de conflit, Nelson Mandela en Afrique du Sud et Gerry Adams en Irlande. Ils "ont eu la hauteur de vue de s'asseoir autour d'une table avec les adversaires d'hier et ont d'abord déployé un effort considérable pour convaincre leur camp. Je dirais la même chose pour mon père".

Mais celui-ci est soupçonné d'avoir fomenté l'attentat de Saragosse qui a tué 11 personnes, dont quatre enfants, en 1987.

Les 829 victimes décédées d'ETA pèsent encore lourd dans les esprits. Une tribune "en soutien à Josu Urrutikoetxea" dans le journal Libération fin mai, signée par plus de 65 intellectuels, surtout français, a fait l'objet d'une vive contre-tribune "en soutien aux victimes de Josu Urrutikoetxea", signée notamment par des professeurs espagnols.

"Mon père a été condamné à Paris en 1990 comme responsable de l'appareil international et de l'appareil politique d'ETA, jamais de l'appareil militaire (...). Il y avait une compartimentation énorme au sein de l'organisation. Il n'était pas au courant de cet attentat" de Saragosse, soutient son fils.

- "Un signal fort" -

Depuis octobre, il habitait dans un chalet à Saint-Gervais. "Il est peut-être libéré moralement" aujourd'hui, car "c'est une véritable peine de vivre en clandestinité", souligne Egoitz.

Son père s'est présenté en urgence à hôpital deux jours avant son arrestation, "sans papiers et sans carte Vitale", attirant peut-être l'attention, pense-t-il.

Il est actuellement à la prison de la Santé à Paris. "Le parquet ne nous a toujours pas accordé de permis de visite, et, vu sa situation de santé, cela pèse lourd sur les proches".

"L'histoire de mon père, c'est mon histoire, avec une vie que ne n'ai pas choisie mais que j'assume complètement". Père de jumelles de dix ans, historien, travaillant dans une fondation au Pays Basque, Egoitz Urrutikoetxea a perdu tôt, avec sa sœur, "l'innocence de l'enfance", quand il fallait "regarder sous la voiture" de peur de bombes de groupes armés anti-ETA comme les GAL.

Il a lui-même été condamné à plusieurs reprises en France, sans aller à ses procès, sans se cacher non plus. Arrêté en octobre 2015, il a été remis en liberté le mois suivant, sans contrôle judiciaire, sans être jamais rejugé.

Il se félicite que son père puisse "s'expliquer devant la justice" et considère son arrestation comme une "application normale d'une décision de justice".

Mais, dit-il, "le gouvernement français a maintenant un signal fort à transmettre. S'il décidait de le maintenir en prison, ou de l'extrader vers l'Etat espagnol, ce serait un très mauvais signal lancé à toutes les tentatives de résolution des conflits de par le monde".

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