Le projet Féminicides de l'AFP : un décompte et des mois d'enquêtes

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Par Emmanuel DUPARCQ, Marie DHUMIERES, et les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 22 novembre 2019 - 08:48
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Un décompte des femmes tuées fait par un collectif féministe, dont chaque cas a ensuite été étudié en détail: c'est le travail effectué par les bureaux de l'AFP pour estimer à au moins 116 le nombre d
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Un décompte des femmes tuées fait par un collectif féministe, dont chaque cas a ensuite été étudié en détail: c'est le travail effectué par les bureaux de l'AFP pour estimer à au m
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives

Un décompte des femmes tuées fait par un collectif féministe, dont chaque cas a ensuite été étudié en détail: c'est le travail effectué par les bureaux de l'AFP pour estimer à au moins 116 le nombre de féminicides pour l'année en cours et les interpréter.

Depuis 2016, le collectif "Féminicides par conjoints ou ex" recense au jour le jour dans la presse locale chaque nouveau cas présumé et le publie sur les réseaux sociaux. En 2017, Libération, pionnier sur le sujet côté médias, a commencé à faire de même.

Peu connu au départ, le collectif tenu par quatre bénévoles a pris de la visibilité ces derniers mois, jusqu'à devenir un lanceur d'alertes sur ce thème longtemps ignoré, et de voir son décompte repris par les médias et politiques.

Car si le gouvernement compte ces meurtres depuis 2006, il ne publie ses chiffres que bien après les faits: en juillet 2019 pour l'année 2018, en novembre 2018 pour l'année 2017...

Alors que les chiffres restent plutôt stables d'année en année - une femme tuée tous les trois jours en moyenne - l'AFP a décidé de mobiliser son réseau de journalistes national pour décortiquer et expliquer ce phénomène au plus près de l'actualité, sur les cas de l'année en cours. Avec l'objectif de publier les résultats pour le 25 novembre, date de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.

Pour chaque cas comptabilisé par le collectif, les journalistes de l'AFP ont contacté services de police et gendarmerie, magistrats, avocats, maires ou proches des auteurs et victimes.

Ils leur ont notamment demandé le nom, l'âge et la profession de l'auteur et de la victime, leur relation au moment des faits, le lieu du meurtre, l'élément déclencheur du crime (dispute, séparation...), le mode opératoire (arme, coups...), le signalement de violences antérieures, la présence d'enfants au moment des faits.

- Des cas écartés -

Pour mieux tirer les enseignements de ces données, ils sont également allés à la rencontre de dizaines d'experts, proches, témoins, avocats et autorités diverses.

Mais ce travail s'est parfois heurté au "temps de l'enquête". Car si dans la plupart des affaires le scenario du féminicide ne fait pas de doute pour les enquêteurs, d'autres sont plus complexes et ne livrent parfois pas leur vérité avant plusieurs mois, avec parfois des revirements.

Par rapport à la liste du collectif, les journalistes de l'AFP ont à ce stade une vingtaine de cas en moins, qui seront détaillés sur le blog AFP Factuel.

Parmi ces cas, une dizaine sont "en attente": les enquêtes n'ont pas encore permis de démontrer qu'il s'agissait bien de féminicides.

Et une dizaine d'autres ne s'avèrent pas être des féminicides. Parce que l'autopsie a révélé une mort naturelle, que l'enquête a montré que la femme et son meurtrier n'ont jamais eu de relation intime, etc.

S'est aussi posée la question des "suicides altruistes" - quand la conjointe est tuée à cause d'une maladie ou de sa vieillesse. Les journalistes de l'AFP ont compté ces cas comme des féminicides, comme le font aussi les autorités, sauf dans les cas où la volonté partagée de mourir a été prouvée.

L'AFP a ainsi retiré de son décompte plusieurs cas, comme celui de cet octogénaire qui a tué sa femme avant de mettre fin à ses jours début octobre à Fos-sur-Mer. Ce couple sans antécédents de violences conjugales avait laissé une lettre commune expliquant leur décision de mourir ensemble.

Idem en mai en Bourgogne-Franche-Comté, où l'analyse de la position des corps, des trajectoires des balles et les témoignages de proches ont finalement fait dire aux enquêteurs que la mort était souhaitée par les deux membres du couple.

mdh-emd-burx/blb/shu

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