Le rappeur Rohff condamné à 5 ans de prison pour violences

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Par AFP
Publié le 27 octobre 2017 - 16:56
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Le rappeur Rohff et son avocat Malika Ibazatene, lors de son procès au palais de justice de Paris, l
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Le rappeur Rohff et son avocat Malika Ibazatene, lors de son procès au palais de justice de Paris, le 29 septembre 2017
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Le rappeur Rohff a été condamné vendredi à Paris à cinq ans de prison pour des violences commises en 2014 dans la boutique parisienne de son rival Booba, épilogue du plus violent des "clashes" entre ces deux figures du rap français.

L'artiste, collier de barbe et crâne rasé, n'a toutefois pas été immédiatement incarcéré à l'issue de l'audience. Il est sorti sans s'exprimer devant la presse.

Rohff, 39 ans, de son vrai nom Housni Mkouboi, a déjà passé deux mois en prison et plusieurs mois sous bracelet électronique dans cette affaire.

"On a dix jours pour faire appel ou aménager la peine, on va prendre le délai de réflexion", a affirmé son avocate, Me Malika Ibazatene. Comme on lui demandait si cette peine est réellement aménageable, ce qui lui permettrait de ne pas retourner derrière les barreaux, elle a souligné "qu'il a fait beaucoup de bracelet électronique".

Le tribunal correctionnel est allé au-delà des réquisitions du procureur, qui avait demandé quatre ans d'emprisonnement.

Pour expliquer cette "lourde" peine, les magistrats ont dénoncé une "action collective préméditée d'une grande violence, sans autre mobile établi qu'une démonstration de force" dans le cadre d'une "rivalité" entre rappeurs.

Ce 21 avril 2014, Rohff était entré accompagné de plusieurs hommes dans le magasin Ünkut, boutique "officielle" de la marque de vêtements fondée par le rappeur Booba, située dans le quartier parisien de Châtelet.

Dans un bref déchaînement de violence dont les images, captées par des caméras de vidéosurveillance, avaient été diffusées à l'audience, le groupe avait roué de coups un jeune vendeur en l'abandonnant dans un état critique, avait assommé un autre employé avec une caisse enregistreuse et détérioré la boutique.

Cet épisode dramatique avait marqué l'apogée des "clashes" répétés entre Rohff et son rival Booba, engagés dans une compétition à base de provocations par clips ou réseaux sociaux interposés, d'albums ou de moqueries pour faire le "buzz", une rivalité attisée par leurs publics respectifs.

Lors de l'audience à la fin septembre, Rohff, qui avait fait profil bas, ne s'était pas épanché sur cette rivalité. Il avait soutenu qu'il avait pénétré sans préméditation dans la boutique de son ennemi juré, suivi par de jeunes fans qui l'avaient reconnu dans la rue.

Il avait voulu montrer qu'il n'avait "pas peur", avait-il expliqué, et demander les coordonnées du gérant afin que celui-ci "organise un rendez-vous" avec Booba, pour apaiser leurs "querelles".

Il avait assuré avoir ensuite "vu rouge" en entendant le surnom de l'un des vendeurs, "Papy", le même que celui d'un internaute qui le "provoquait" sur Twitter. Version démentie par l'intéressé.

- 'Devoir d'exemplarité' -

Les juges n'ont pas cru les explications de l'interprète du morceau "Qui est l'exemple?", qui "n'ont eu de cesse de changer", a asséné l'une des magistrates.

Le groupe qui l'accompagnait semblait sur les images de vidéosurveillance plutôt composé de trentenaires, "pas excités", a relevé le tribunal, et non de jeunes fans comme l'affirme l'artiste.

"Personnage public", Rohff a failli à son "devoir d'exemplarité", a encore déclaré la magistrate, et la constance dont il a fait preuve "dans la minimisation" paraît "peu compatible avec les regrets exprimés".

Pour elle, si Rohff s'était présenté de lui-même à la police quelques heures après les violences, c'était contraint par la "pression médiatique", car la vidéo avait fuité.

Les deux vendeurs, âgés alors de 19 ans, souffrent aujourd'hui encore d'importantes séquelles psychologiques. Une audience civile se tiendra ultérieurement s'agissant de leurs demandes de réparations.

Le casier judiciaire du rappeur comporte déjà plusieurs condamnations, dont une pour violences avec arme.

Le tribunal a en revanche relaxé son garde du corps "officieux" de l'époque, faute d'éléments prouvant son implication.

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