Le revolver que Van Gogh aurait utilisé pour se suicider aux enchères à Paris

Auteur:
 
Par Jean-Louis DE LA VAISSIERE - Paris (AFP)
Publié le 19 juin 2019 - 14:34
Image
France-Soir
Crédits
©DR
Municipale 2014
©DR

Un revolver rouillé, qui aurait servi à Van Gogh pour se suicider en 1890, est vendu aux enchères mercredi à Paris: découverte seulement en 1960, l'arme intéresse des musées et collectionneurs et fascine les "accros" au peintre néerlandais.

Surnommé "l'arme la plus célèbre de l'histoire de l'art", ce revolver de type Lefaucheux de calibre 7 mm, est mis sous le marteau à l'hôtel Drouot par la maison AuctionArt - Rémy Le Fur. L'arme, dont la provenance est jugée sérieuse à défaut de pouvoir être formellement établie, est estimée entre 40.000 et 60.000 euros, avec un prix de départ de 20.000 euros.

Elle avait été retrouvée dans les années 1960 par le cultivateur du champ où le peintre s'était mortellement blessé à Auvers-Sur-Oise et a été exposée par le Musée Van Gogh d’Amsterdam en 2016.

Elle avait été remise aux propriétaires de l'hôtel Ravoux où Van Gogh séjournait en 1890. C'est la fille de ces propriétaires qui la vend aux enchères. L'hôtel avait changé de propriétaires dans les années 80.

L'artiste néerlandais, sujet à de fréquentes crises psychologiques, était au sommet de son art, peignant plus d’une toile par jour.

Le dimanche 27 juillet 1890, il se serait rendu dans un champ, aurait soulevé sa chemise et se serait tiré une balle dans la poitrine avec cette arme empruntée à son hôte, l'aubergiste Arthur Ravoux, selon la thèse généralement retenue par les spécialistes.

Le revolver lui aurait échappé des mains et il se serait évanoui. Il se serait réveillé à la tombée de la nuit, blessé, et aurait pris le chemin de l'auberge. Malgré les soins du docteur Paul Gachet, ami des impressionnistes, Van Gogh meurt après deux jours d'agonie dans une chambre modeste.

- "Présomption forte" -

Selon AuctionArt, l'analyse de l'arme atteste qu'elle est restée enfouie dans le sol durant un laps de temps pouvant correspondre à 1890.

En 2011, des chercheurs américains ont défendu une autre thèse en affirmant que Vincent van Gogh aurait été blessé par un tir accidentel de jeunes gens qui jouaient avec une arme.

"Nous pensons que cette arme est celle de Van Gogh, les expertises vont dans le sens de cette attribution. C'est une présomption forte mais cela ne peut jamais être prouvé à 100%", a déclaré à l'AFP Me Grégoire Veyrès, commissaire priseur qui assistera Me Rémy Le Fur au marteau.

En 2012 paraissait un livre d'Alain Rohan, qui fait depuis référence "Vincent van Gogh: Aurait-on retrouvé l'arme du suicide ?" "Nous avons suivi" cette enquête, a expliqué Me Veyrès.

"La notoriété internationale de Van Gogh" est telle que Japonais, Américains, Mexicains, Finlandais, Allemands, Italiens sont venus voir l'arme rouillée quand elle a été exposée durant une semaine fin mai, a rapporté le commissaire-priseur. Elle a été réexposée samedi, lundi et mardi.

Des collectionneurs privés et quelques musées devraient être présents à Drouot, avec de nombreux curieux.

"Le revolver fait déjà l'objet d'une demande de prêt du Musée Städel de Francfort pour une exposition d'octobre prochain à février 2020". Un argument supplémentaire pour persuader un futur acquéreur.

Depuis 1987, l'Institut Van Gogh, présidé par Dominique-Charles Janssens, se consacre à la préservation de ce lieu mythique qu'est l'Auberge Ravoux. Il s'est également donné pour mission de préserver l'héritage immatériel du peintre, à travers des publications et des actions pouvant contribuer à une compréhension aussi fine que possible de son œuvre et de sa pensée.

Van Gogh suscite les fantasmes par ses crises de folie, son originalité qui a franchi les frontières de son pays, et les films et livres sur lui: "Nous recevons chaque année de nombreuses sollicitations fantaisistes de collaboration et d'expertise. L'annonce de la mise en vente des restes de revolver est à l'origine d'un grand nombre de sollicitations de ce type", souligne l'Institut.

La vente aux enchères intervient au moment où une exposition immersive, organisée par l'Atelier des lumières à Paris jusqu'en décembre, permet aux visiteurs de plonger dans les paysages qu'il a peints à travers des projections sur les murs, les plafonds et le sol.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.